Caractère du personnage -  
Les bibliothèques forgent les caractères, sans que l'on ai son mot à dire. Je suis calme, posé. D'humeur un peu toujours égale, mais de toutes manières les épanchements de colère ne garantissent certainement pas la survie. Presque résigné par ma vie, j'imagine pourtant tout le temps à quel point elle aurait pu être autrement. Comment pourrait être une vie d'avant, quand Panem n'existait pas, quand les Etats-Unis étaient connus pour la profonde égalité qu'ils prônaient entre tous les hommes. L'histoire m'intéresse tout particulièrement, mais s'il n'y avait que ça les recoins des libraires et des bibliothèques me seraient inconnus. Je lis tout ce qui me tombe sous la main, souvent tellement passionné que j'en oublie ou je suis, ce que je dois faire. Mais on me le pardonne vite, car je retiens tout ce que je lis. Je suis incollable dans bien des domaines, et on m'est parfois reconnaissant quand je peux aider.
Pas forcément difficile à vivre, personne ne pourrait se vanter de le savoir pour autant. Je vis assez seul, coupé du monde par mes pages de livres. Pas très loquace, je réfléchis beaucoup, je pense. Certainement trop, pour ma survie, dans ce monde où on encourage l'ignorance. Je m'intéresse à tout, surtout aux usines de mon District. Il n'est pas rare de me voir essayer toutes sortes d'installations, de modifications sur les machines. D'essayer de les réparer, des les améliorer. La théorie, c'est quand on sait tout et que rien ne fonctionne. La pratique, c'est quand tout fonctionne, et que personne ne sait pourquoi. J'ai réuni théorie et pratique : je sais tout, et tout fonctionne ! Mais ce pauvre Einstein aurait bien du mal à entendre ses paroles modifiées de la sorte...
Je n'ai pas peur des Pacificateurs, je n'ai plus rien ni personne à protéger pour penser aux torts que mon audace pourrait causer. Je fais simplement ce qui me plait, et si en plus je peux aider les autres, alors tout va pour le mieux. Mais, pour autant, je ne supporterais pas l'idée que mes actes aient pu causer du tort à qui que ce soit. S'ensuivrait des remords tels que je ne pense pas pouvoir le supporter. Je suis peut-être assez courageux pour ne pas taire mes opinions, mais loin d'être assez fort pour en assumer toutes les conséquences.

Histoire du personnage -
Je suis né plus Jaimy qu'autre chose. Mais même moi je n'aimais pas particulièrement ce prénom, alors lorsque ma mère me trouva le surnom affectif de Jay, je ne m'en défit plus jamais. Je suis né dans une famille assez pauvre du District 8, mes deux parents travaillaient dans les usines textiles. L'année d'après, j'eus une petite sœur, Lyra. Notre mère mourut en couche, mais moi, si petit que j'étais, je n'en ai strictement aucun souvenir. Je me rappelle juste de la présence chaleureuse de notre père, de son courage, et de tout l'amour qu'il nous a donné.
Bien que très pauvres avec un seul salaire, très minime, la famille Marin vécut un certain temps heureuse. Notre père encouragea rapidement ses deux enfants à travailler dur à l'école, pour espérer un travail plus intéressant que simple ouvrier textile. Alors, suivi de Lyra, je m'appliquai de plus en plus jour après jour. J'étais souvent à la bibliothèque, pour ne pas dire tout le temps. Mon père m'encourageais plus que tout, quand je le voyais à la maison. Car, si pauvres, le père Marin devait travailler d'arrache-pied pour subvenir aux besoins de la famille. Il n'était que peu présent, et d'aussi loin que je me souvienne, je préparais les repas uniquement pour moi et ma sœur. Accompagné de livres de cuisine, je m'essayais à des plats tous plus élaborés les un que les autres, en faisant avec les moyens du bord.
Mon père a toujours refusé que nous allions ajouter nos noms en échanges de blé et d'huile. Il avait lui-même suivi trop de Jeux et vu trop de morts toutes plus atroces les unes que les autres pour nous encourager à ce type de pratiques. Malheureusement, prudence n'est pas toujours mère de sûreté. Et, bien qu'avec la chance minime qu'ont les enfants de 12 ans d'être tirés au sort, Lyra est partie il y a trois ans. J'avais toujours subvenu à ses besoins, je l'avais toujours entraînée durant mes longs après-midi à la bibliothèque. Elle n'a pas tenu deux jours dans l'Arène, livrée à elle-même.

Depuis ce jour, mon père ne rentre plus à la maison. Du moins, quand j'y suis. Mais je sens une odeur d'alcool pointer dans l'air après chacun de ses passages. Et quelques pièces, souvent à peine de quoi tenir jusqu'à sa prochaine visite. La maison se fait vide, et j'entends souvent le rire guilleret de ma chère sœur dans mes cauchemars. Mon père a perdu sa femme, puis sa fille, puis le contrôle de sa vie. Bien que rien ne soit plus aussi facile pour moi, je repense toujours à cet homme fort et généreux qui m'encourageait à apprendre toujours plus. Je me souviens des astuces de Lyra dans l'arène, elle a pu échapper à quelques carrières en repensant aux plans d'armes et de pièges que nous avions épluchés. Alors j'en regarde toujours plus, les Moissons passant, me disant toujours que j'aurais peut-être plus de chances qu'elle. Que peut-être mon père reviendra à la raison et s'occupera du fils qu'il a laissé seul. Et que peut-être, un jour, le sort me sera favorable...

Ambition du personnage -
Disons que je souhaiterais avant tout rester en vie. Mais je ne veux pas finir ma vie dans la misère qui est la mienne, dans la misère qui est celle de la plupart des habitants de Panem. Je voudrais à mon tour voir une révolte comme celle qui a été en vogue il y a cent ans. J'aimerais pouvoir y participer avec mes compétences, pouvoir les mettre au service d'un autre monde. Je voudrais réussir à venger ma sœur, lâchement condamnée par ces dirigeants de Panem. Je n'ai pas l'âme d'un révolutionnaire, mais je n'hésiterais pas à défendre des idées qui me plaisent. Je peux lire et apprendre toujours plus pour espérer m'en sortir plus tard. Je voudrais ne pas participer aux Hunger Games, ne pas vivre à mon tour la frayeur qui a été celle de ma sœur. Mais, si jamais j'y vais, si jamais le sort s'acharne, je ne perdrais pas sans me battre. Panem n'a pas le droit d'exterminer ainsi des familles. Je voudrais voir mon père s'en sortir, le voir redevenir cet homme qui m'encourageait toujours plus. Je rêve à des jours meilleurs, à des temps plus beaux. Je rêve à un autre Panem, que nous pourrions tous façonner. Nous pourrions prendre exemple sur les démocraties anciennes qui sont racontées dans les vieux livres. Je ne suis pas meneur de révolution, mais porteur d'idées. Et, si jamais l'occasion venait à se présenter, je n'hésiterais pas. De toutes façons, rien ne me retient à ce Panem-là.