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 A House is not a Home

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A House is not a Home Vide
MessageSujet: A House is not a Home   A House is not a Home EmptyJeu 16 Jan - 21:50

J'ai Froid
Shélim Métayer & Zatanah Keywell
Fin de l'hiver - Journée - Froid et sec

Je suis en fuite. Certains diront que j'ai toujours fui, que je me suis toujours cachée, protégée, éloignée, coupée d'un monde trop sombre, trop gris, trop laid. Ils diront que je n'ai jamais affronté, que je n'ai jamais essayé de m'accrocher. Ils diront que mon esprit est faible, qu'il n'a pas tenu les coups que la vie m'a imposés. Ils diront, et ils ne comprendront rien. Ils diront, mais ils n'en sauront rien. Car aujourd'hui, si je fuis, c'est physiquement.
Je ne me pense pas lâche. Je ne suis pas lâche. J'en ai juste assez d'être assise au milieu de figures masquées qui me dévisagent. Ils tournent autour de moi, esquissent quelques sourires qui ne me sont pas adressés. Ils sourient juste parce que je leur ai apporté un divertissement plaisant, fut un temps, et qu'ils espèrent encore que je pourrais continuer de rassasier leur recherche désespérée de distraction. Ils attendent juste que je les recouvre de couleurs et que je les oublie tandis que j'essaye de faire passer l'instant présent plus vite. C'est ce que je fini par faire la plupart du temps, et quand je me réveille ils sont tous partis, me laissant seule car je les ais lassés.
En réalité, ce qu'ils rêvent tous de voir, c'est une crise. Une crise qui me fera sauter sur le premier venu, sur le premier qui s'approchera trop. Une crise qui me fera punir par le Capitole car je serais devenue trop dangereuse. En bref, ils veulent voir la dernière crise qui signera mon envoi aux fers. Ils veulent pouvoir en piailler pendant un temps, puis oublier la Mentor du district 8. Après tout, beaucoup d'autres seront encore là pour les divertir, et beaucoup viendront. Mais que l'un agisse, qu'il ne se passe pas rien.
Je ne leur ferais pas ce plaisir. Alors, en recevant une énième lettre du Capitole qui m'invite à une réception commune, je suis partie. Ca aurait été une demande d'un particulier, j'y serais sans doute allé, mais là on ne remarquera pas la présence de la discrète et folle de Keywell.
Je suis montée dans le train. Le premier qui partait. Il y avait tant de monde que je passais presque inaperçue. Les quelques Pacificateurs qui s'occupaient des déplacements semblaient débordés, ils sont plus nombreux d'habitude mais il y avait eu un incident quelques heures auparavant et les troupes avaient été déplacées. Et dire qu'aujourd'hui une action rebelle me rendait service, j'aurais presque fait demi-tour rien que pour protester de ce destin qui se moquait de moi.
Mais je suis restée dans le train. Je me suis assise sur le premier siège près d’une vitre que j’ai croisé. Le train a vrombit et a démarré avant même que tous les passagers ne soient installés. Ca parle peu dans le wagon, et seulement avec des voix basses et sombres. Deux personnes sont assises en face de moi, me jetant des coups d’œil fréquents et échangeant des messes-basses. Ce duo changea de place dix minutes plus tard.
La peur. Je crois que je préférais encore le mépris ou la pitié qu’avaient les gens pour moi deux ans auparavant.  La peur rend les gens stupides, agressifs et faussement hautain.  Elle creuse irrémédiablement le fossé qui existe entre moi et les autres. Entre moi et la raison.
Je regarde dehors défiler les usines. Certaines sont immenses, solides, elles sont froides et puissantes, d’autres ressemblant à des taudis fait de bouts de tôles pourris et manquent de s’écrouler. Tout est gris, sale, sentant le tanin et la cigarette.
Alors je ferme les yeux un instant. Quand je les rouvre, le train est arrivé au niveau des champs de cotons, les cultures de vers à soie ne doivent pas être loin. Tout est recouvert de serres où les conditions sont optimales pour que les cultures grossissent. Il faut qu’elles soient rentables, organisées, productives. Et encore, la majeure partie de soie, coton, laine et chanvre viennent des districts 10 et 11. Je n’imagine pas les paysages là-bas, où des hectares et des hectares doivent être organisés, utiles, pensés pour être à l’homme, pour être au Capitole une exploitation performante. Toutes les cultures sont faites dans des conditions industrielles, mécaniques, fausses.
Alors je recouvre cela de couleurs plus chatoyantes, plus chaleureuses ; le coton grandit et s’épanouit sous un soleil apaisant. Je vois même le reflet du visage souriant de mon père dans la vitre, je lui rends son sourire.
- Bonjour papa, je murmure.
Et nous admirons ensemble des beautés extérieures enfermés dans ma tête.
Mais le train continue d’avancer, inlassablement. Il avance comme pour me réveiller, il avance parce qu’on ne peut rester figer à attendre tant bien même ce monde interdit d’évoluer. Il avance et efface mon père comme la mer efface les dessins dans le sable.
Le véhicule s’arrête. En descendant, je remarque à quel point ca faisait longtemps que mon nez n’avait pas respiré autre chose que les relents de teinture, même l’habitacle du train avait encore les odeurs du district 8. Ici, ca sent les dissolvants chimiques pour faire le papier et la sève. Ce n’est pas mieux, c’est juste différent. Pour en avoir déjà fait le tour, tous les districts sont autant de tableaux aussi laids et repoussants les uns que les autres.
Il faut que je m’éloigne. Des entrepôts immenses s’étalent à perte de vue et des camions portant des rondins ou des planches de tous les bois connus se croisent le long des routes bondées. Je ne veux pas aller au centre-ville, là où un surplus d’habitants –et donc de Pacificateurs- me retrouveraient. Le problème du district du bois, c’est que même dans les parcelles forestières on ne peut être tranquille.
Je crois que j’ai marché une heure, sans doute plus, je ne sais pas trop, j’étais ailleurs. Je suis dans un coin qui semble un peu perdu, ce sont des maisons qui mériteraient la qualification cabanes de jardin qui s’alignent sur un chemin boueux. Un chat feule sur mon passage, vue son pelage on pourrait croire qu’il a la teigne. Je continue d’avancer, des arbres dépassent au loin, disposés de manière trop aléatoire et d’un air trop fragiles pour faire partis d’une exploitation.  
Un endroit calme, perdu, abandonné. C’est bien ce dont j’avais besoin. Je n’aime pas la maison cossue qu’on m’a attribuée dans le Quartier des Vainqueurs de mon district. J’y ai trop l’impression de fausseté, et m’y retrouver seule avec ma sœur ne fait qu’augmenter le malaise qui plane entre nous. Pour ce qui est de ces arbres, j’espère y trouver un endroit un peu à l’abri, peut-être où je pourrais faire un feu. La vérité, c’est que j’ai froid. Je suis frigorifiée, je ne sens plus mes doigts et mes pieds, mais je sais qu’ils brûleront dès que j’essayerais de me réchauffer. Mon souffle est douloureux, un nuage blanc se forme à chacune de mes respirations. Je grelote complètement et je ne suis pas beaucoup vêtue. En tout cas, pas assez pour la météo et pour le temps que j’ai passé dehors à marcher, me faisant transpirer et l’eau qui goutte sur mon front et entre mes omoplates se refroidit vite.
Aussi, quand j’aperçois un semblant de cabane en haut d’un arbre, je n’hésite pas un instant, l’escalade avec difficulté, mes doigts glissants me faisant souffrir et le corps tremblant. Les planches s'échappent entre mes mains, mais je monte échelons après échelons. Survivre, ne pas abandonner, c’est mon esprit de vainqueur qui revient.
Enfin je pousse la porte et peux rentrer à l'abri. On dirait que c’est une maison, une vraie, habitée, et pas seulement une cabane pour enfant. Mais je ne m’attarde pas, je ressens juste de la chaleur qui vient de quelque part. Je m’avance encore de deux pas avant de m’écrouler à genoux. Je vois qu’il y a quelqu’un, je penche la tête sur le côté puis détourne les yeux. En crachant de mes poumons ce que le froid a rempli, j’articule quelques mots, sans vraiment savoir si je m’adresse à la personne ou au poêle qui commence à faire ses effets.
- Je…. J’ai… froid.
Mes doigts, mes oreilles brulent. Moi je continue de trembler, mais je ne bouge plus. Je serais bien capable de rester ainsi des heures jusqu’à ce que la douleur du froid parte. Peut-être bien.  


Dernière édition par Zatanah L. Keywell le Mar 28 Jan - 18:39, édité 5 fois
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MessageSujet: Re: A House is not a Home   A House is not a Home EmptyJeu 16 Jan - 23:11


Ce matin l'air était de glace, le vent vous transperçait et vous brûlait telle des larmes qui vous passent sur le corps. Comme à mon habitude je suis allé chasser .Je n'ai attrapé qu'une perdrix, mais peu importe mes réserves me suffiront encore pour une bonne semaine. Je me suis précipité dans la direction ou se trouver ma maison, perdrix à la main et arc contre le torse avec l'envie de rentrer chez moi au plus vite. Le froid commencer à faire siffler mes oreilles et à endormir mes doigts. Le vent me donna comme une grande claque, cela fit virevolter mes cheveux dans tout les sens me poussant à aller plus vite encore. Mes yeux se plissèrent quand ils purent distinguer ma maison. L'air ambiant m'étais maintenant insupportable, les larmes aux yeux j'avançais difficilement.
 
Arriver devant chez moi je pus constater que la porte était ouverte. Je ne pus m'empêcher de râler:
" Roh, satané vent qui a encore ouvert la porte. Il va vraiment falloir que je trouve le moyen de régler ça."
 
J'ai posé mes doigts sur cette échelle que j'ai l'habitude de grimper, l'eau qui se trouvait dessus avait dût geler; ce qui rendait mon escalade plus difficile encore. Je finis par remonter, posant le pied sur le pas de la porte. Un grand souffle de soulagement m'échappa quand je me suis redressé. J'ai tourné la tête et je fus stupéfaits de voir une jeune femme a genoux par terre en train d'agoniser.
   
Je me suis précipité dans la maison , claquant la porte derrière moi et jetant mon équipement de chasse au sol. J'ai saisi les épaules de cette inconnue, elle était complément gelée! Comme elle paraissait trop frêle pour marcher seule, je l'ai porté près du feu; assez loin pour ne pas que la chaleur ne la brule. J'ai ensuite enlevé ma veste d'un grand geste, je l'ai défroissé et dépoussiéré en la secouant et je l'ai délicatement posé sur cette femme. Je suis ensuite allé préparer un peu de soupe pour qu'elle prenne des forces.
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MessageSujet: Re: A House is not a Home   A House is not a Home EmptyVen 17 Jan - 21:34

La Chaleur de l'Aide


On m'agite, me secoue, me manipule. Encore. On fait ca avec moi, me traiter comme un objet qu'on peut utiliser, user et jeter à loisirs, comme un pion qu'on déplace savamment sur un échiquier où chaque mouvement est orchestré avec maestro. Alors je réagis comme trop souvent dans ces moments là : je me débat, lutte, résiste. Du moins c'est ce que je crois faire, mais je n'arrive pas à savoir si les évènements se produisent vraiment ou s'ils restent cloitrés dans ma tête où mes pensées tambourinent. Cependant, je vois bien que c'est différent aujourd'hui, qu'on n'essaye pas de me faire du mal comme trop souvent ces derniers temps. Non, le geste, derrière mon esprit embrumé, me rappelle ceux qu'avaient mes parents. Ceux qu'avait Drys, pendant le temps où il ne me craignait pas encore. Pourtant je proteste, certainement faiblement, comme un râle coincé derrière mes lèvres blanches.

- Lâchez moi... lâchez moi, me touchez pas...

Mais j'ai encore froid, mes poumons essayent de reprendre de l'air. On accède à ma pauvre réclamation, même si mes quelques mots n'y sont sans doute pas pour grand chose. Je tremble un peu moins, surtout quand un tissu épais, chaud et sentant le bois et la transpiration est déposé sur mes épaules. Des pas s'agitent, mais pas un mot. Je scrute le vêtement qu'on m'a prêté, surprise. Je mets un instant avant de comprendre qu'on m'aide. A croire que je n'ai pas l'habitude. Mais ce n'est pas exactement ca, je sais quand on m'aide, d'un certain côté je suis même capable de ressentir un genre de reconnaissance. Le problème, c'est que ces choses là restent rares, d'autant plus depuis ces trois dernières années où sont partis consécutivement mes parents et Drys. Eux, ils me prenaient dans leurs bras et me réchauffaient. Ils pouvaient me toucher sans que je ne fuis. Ils pouvaient me parler sans que je ne parte trop souvent. Mais eux, ils sont partis. Tous, ils m'ont abandonnée dans ma solitude qui grandit chaque jour. Alors je n'attendais plus d'aide, et tant bien même elle arrive, je ne veux plus m'y accrocher comme une bouée. Je ne veux plus. Hors de question.
J'ai toujours mal aux doigts mais reprend peu à peu contenance. Je fini d'endurer ce que j'ai provoqué. Je fais souvent ca, partir dans des pensées qui n'appartiennent qu'à moi pendant un temps indéfini et finir par me réveiller pour subir les conséquences, et ce, que ma rêverie soit douce ou sauvage.
Je tend mes bras vers le feu. Les flammes dansent sur quelques restes de bûches, mais elles ne vont pas tarder à s'éteindre. Alors elles finissent de dévorer tout ce qui leur reste de combustible, elles le lèchent et le mangent puis finiront par disparaître, ne laissant que des braises brûlantes. Je souffle dessus, même si je crachote toujours un peu. Le feu reprend de l'éclat, des couleurs. Un simple souffle et il se réveille. Ca me fait un peu penser à moi. Je peux connaître des morts, rester à l'état de braise un instant après avoir dévoré ce qui m'entoure pour survivre le plus longtemps possible. Et puis, par un souffle, je me réveillerais et continuerais à consumer jusqu'à mourir de nouveau. Et peut-être qu'un jour le souffle oubliera de me réveiller, ou alors je n'aurais plus rien à brûler, et là enfin je pourrais m'éteindre à jamais et me perdre dans le froid hivernal.

- Et toi, tu mourras quand ? je demande doucement, les yeux rivés vers les flammes.

Ce que j'ai toujours aimé aussi, avec le feu, c'est que quand il brûle je n'ai pas à lui redonner des couleurs, ses nuances sont beaucoup plus belles en vrai que dans ma tête. La seule chose, c'est que je crains toujours quand il redeviendra cendre et poussière.


Dernière édition par Zatanah Keywell le Sam 18 Jan - 10:36, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: A House is not a Home   A House is not a Home EmptyVen 17 Jan - 23:55


La soupe se réchauffait, dégageant une odeur douce. Dans la cabane régnait le bruit des crépitements du feu. J'ai saisi mon arc sur le sol, vérifiant que rien n'avais été endommagé. J'ai passé mes doigts sur la corde fine de mon arc, cette sensation m'était tellement familière que je ne sentais quasiment plus son frottement. J'ai fini par le poser dans un coin de la pièce. La chaleur du feu était beaucoup plus faible, je sentais un léger courant d'air passer sur mes bras nus.
 
La jeune inconnue avait visiblement repris des forces, mais elle était toujours aussi blanche et avais l'air toujours aussi frêle. Elle souffla sur le feu pour faire renaître la braise, elle regardait les flammes s'envoler. Comme si elle était dans un autre monde, dans son monde.
 
Je me suis dirigé vers ma réserve de bois, j'ai longuement caressé la branche devant moi. Je ne pourrais jamais me lasser de cette sensation, jamais. J'ai saisi deux bûches qui étaient recouvertes d'une fine et douce mousse. Je l'entendais cette femme, elle parlait. Elle parlait au feu, elle dis:
-"Et toi, tu mourras quand ?"
 
J'ai posé les bûches délicatement à côté du poil. Je suis allé chercher le liquide chaud que je venais de cuisiner. Le bol était chaud, une légère fumée s'en échappait. Une odeur de légume frai flottait dans l'air, me rappelant que quand j'étais malade ma mère me faisais exactement le même remède. Je me suis approché de cette femme. Elle avait toujours l'air ailleurs, je ne voulais pas la déragé. J'ai donc posé la soupe à côté d'elle. Je me suis délicatement assis en angle droit par rapport à elle. J'ai posé avec douceur les deux bûches dans le feu. Le feu repris de la consistance et sa chaleur enveloppa mon corps . Les flammes brillaient dans mes yeux clairs, il ne pouvait plus s’éloigner de cette lumière orangé .
 
L'inconnue n'avait pas bougé d'un cheveu. J'ai déclaré avec une voix douce et grave:
-" Tu devrais avaler ta soupe, ça te ferais du bien."
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MessageSujet: Re: A House is not a Home   A House is not a Home EmptyDim 19 Jan - 13:26

Tu n'as pas peur

J'aime bien les odeurs qui m'entourent, le bois chaud, l'air frais et les épices. Ca change, ce n’est pas agressif. Ni les odeurs, ni même les sons : le feu qui crépite, l’air qui souffle dehors, les pas mesurés qui évoluent derrière moi. Je regarde les mains poser deux bûches à côté de moi mais ne remonte pas encore les yeux vers le visage, je n’y pense même pas. Je reste focalisée sur le bois humide qui attend pour mourir. Il a l’air serein, paisible, il se fiche bien du destin qui l’attend, il se fiche bien de savoir qu’il est condamné. Qu’il est déjà mort. Pourtant c’est vivant, le bois ? Les arbres qui grandissent et restent à nous regarder avec leur douce sagesse, ils vivent, respirent, témoins silencieux des malheurs des hommes avant que ces même hommes les tuent, pour qu’ils continuent à rester muet à jamais.
Je m’apprête à saisir une des bûches pour la jeter dans le feu, mais les pieds qui bougent depuis un moment s’approchent de moi. Mon visage est toujours orienté vers le feu, il commence à avoir trop chaud et le contraste avec mon dos est marqué, mais mes yeux observent à côté. Des jambes qui se plient, les mains qui réapparaissent, tenant cette fois-ci un bol plein et fumant. Les mains le pose près de moi puis le corps s’éloigne. Il est à genoux non loin, il reprend les bûches que je voulais jeter et les pose précautionneusement dans le feu qui reprend des couleurs. Il à la tête de profil, je ne vois toujours pas son visage. La reprise du feu me fait me désintéresser à lui un instant tandis que l’odeur du liquide épais empli mes narines.

- Tu devrais avaler ta soupe, ça te ferait du bien.

Une voix, pour la première fois depuis qu’il est rentré. La voix, masculine, n’a pas l’air méchante, ce n’est pas un reproche qu’il me fait, il ne me donne pas un ordre non plus. C’est un conseil, une remarque faite avec de la bonne volonté et une certaine gentillesse.
Alors je tourne mon buste vers la personne et la regarde pour la première fois. C’est un jeune homme, il doit avoir mon âge, peut-être moins, il semble plus jeune. Plus innocent en tout cas. Il est peu habillé, sans doute parce qu’il m’a donné sa veste. Pour continuer à le scruter, je plonge mon regard dans le sien, la plupart des gens à qui je fais ca détournent les yeux vite.
Il a l’air juvénile, sans doute solitaire. Il semble bien portant, habitué aux travaux manuels –ca, ce sont ses mains déjà calleuses qui me l’ont appris. Gentil, aussi, trop gentil. Pas un combattant, il se ferait bouffer. Il serait comme la bûche, comme un arbre droit, fier et imposant qui ne sait se défendre face aux sauvages sans vergogne. Il ne faudrait pas longtemps pour qu’on l’abatte. Sans doute aimerait-il qu’on le traite comme lui a traité la bûche pour la mettre à mort, avec douceur. Sans doute subira-t-il le sort que moi je réservais à la bûche : la balancer sans gêne vers son bourreau le feu. Sans doute.

- Arrête ! je m’exclame en me détournant de lui et me repliant sur moi-même.

J’étais en train de l’évaluer. De calculer ses chances de survie, de calculer sa valeur en tant qu’adversaire. Je faisais ca depuis deux ans, depuis que j’avais mis les pieds au Capitole pour la première fois. Mais lui, n’était pas condamné à l’arène, sans doute n’avait-il même plus l’âge d’être Moissonné et il pourra finir sa vie malheureuse sans avoir à connaître les combats et la survie.
Je regarde par-dessus mon épaule. La soupe est encore là. Il a raison, j’aimerais bien la boire. Et il n’a pas l’air contre, alors pourquoi pas ? Je reviens donc en sa direction, saisie le bol brûlant en manquant de le renverser. Le contraste de chaleur du bol et mes doigts pas encore totalement réchauffés n’est pas si désagréable que ca. J’en avale une grande gorgée en me brûlant les lèvres.
Puis je m’arrête en plein milieu, la bouche entrouverte et le bol levé.  Quelque chose me perturbe. Quelque chose d’inhabituel. Je ressens de la reconnaissance pour l’aide qu’il m’a apporté, ou une sorte de reconnaissance, mais je ne comprends toujours pas pourquoi. On ne m’aide plus depuis deux ans, alors pourquoi lui le ferait-il ? Quand je croise des nouvelles personnes, même celles que je suis persuadée de n’avoir jamais vue de toute ma vie, elles ont toutes la même réaction. Et là, aujourd’hui, non. Pourquoi ?
Alors je relève les yeux vers lui.

- Tu n’as pas peur, j’annonce, non pas comme une question mais comme l’affirmation surprenante que je viens de tirer.


Dernière édition par Zatanah L. Keywell le Lun 20 Jan - 21:47, édité 2 fois
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MessageSujet: Re: A House is not a Home   A House is not a Home EmptyDim 19 Jan - 18:14


La jeune femme détourna pour la première fois son regard vers moi. Ses yeux clairs plongèrent dans les miens. Cette sensation... Cette sensation désagréable quand la personne que se trouve en face peut lire à l'intérieur de vous comme dans un livre ouvert avec un simple regard. Son regard semblais être là et absent dans un même moment. Nous nous sommes regardés un moment, nous analysant l'un l'autre. Cette femme paraissait fragile et frêle sous ses airs d'ange. Mais je suis sûr qu'elle cachait autre chose, un passé et des sentiments bien moins purs que son physique. Mais après tout je n'étais certain de rien. Les apparences physiques sont trompeuses et je sais de quoi je parle.. Puis sa voix vint casser le silence:
- Arrête !
 
Après avoir prononcé ce mot elle s'est repliée sur elle et m'a tourné le dos. J'aurai voulus répondre, posé toutes les questions qui me trottaient dans la tête, je n'ai préféré rien dire. Le silence était la meilleure des solutions.
Elle scrutait le bol de soupe qui se trouvait a côté d'elle. Elle se redressa et attrapa maladroitement la soupe. Elle avait le bol juste en dessous du visage, faisant courir ses doigts sur la matière tiède du bol. Elle avala une grande gorgé d'un trait. Et releva la tête, la bouche légèrement entrouverte. Elle paraissait si fragile.. Ses yeux glissaient sur mon visage, analysant chacun de mes traits. Puis elle déclara:
-Tu n'as pas peur.
Pourquoi aurai-je peur? Cette question ou plutôt cette affirmation résonna dans ma tête. J'avais peut être l'air d'avoir peur.. Je ne sais pas. Ce qui est sur c'est que j'ai l'impression que cette inconnue peut déceler en moi ce que je ne sais pas moi-même.. Et au fond c'est ça peut être qui me fait peur. Depuis que je vis seul, j'ai toujours essayé de paraître neutre, de ne pas montrer mes sentiments. Exister-t-il encore des gens capables de voir à travers le masque que l'on se fabrique? Elle ne paraissait pas du tout dangereuse seulement un peu rêveuse, mais rien qui ne pourrait m'effrayer, alors pourquoi cette question? Tellement de phrases se bousculaient dans ma tête, je me suis contenté de dire:
- Devrais-je avoir peur?
J'ai tourné la tête vers le feu, en fixant les flammes.Quelque part j'enviais ce feu.. Lui, était libre, ses flammes s'envolaient là ou elles voulaient, il brulait tout ce qu'il pouvait puis, quand ses couleurs et sa chaleur vous ont éblouis; il meut. Quand vous croyez qu'il est mort, vous n'avez plus qu'a soufflé sur les braise et à rajouter de bois ou des feuilles et il reprend vie. Recommençant ensuite ce cycle. Lui, il était libre..
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MessageSujet: Re: A House is not a Home   A House is not a Home EmptyLun 20 Jan - 22:29

Me connaître

Il ne détourne pas les yeux, même s'il ne semble pas tout à fait à l'aise, il ne détourne pas les yeux. Il m'a approché, il m'a touché, il m'a aidé et il ne s'est toujours pas plaint de mon interruption dans ce qui semble être son logis. Il ne suit pas le schéma automatique qui s'est créé autour de moi depuis toujours, ces mêmes expressions sur le visage, ces mêmes mots, ces mêmes sentiments que j'insuffle aux gens que je ne connais pas et qui pensent me connaître.

- Devrais-je avoir peur ?

Devrait-il ?
Je cligne deux fois des yeux et fronce les sourcils.
Devrait-il ?

- C'est une bonne question, je murmure.

Et c'est le cas. Il pose la question que j'aurai dû me poser avant, que j'aurai pu me poser avant. Une question que tous devraient se demander lorsqu'ils pensent avoir peur. Du moins, pas cette peur de surprise, lorsque les gens sursautent et laissent échapper un cri quand ils ne s'attendent pas à un évènement soudain -phénomène que j'ai déjà observé, jamais expérimenté. A croire que je suis trop déconnectée, désabusée, ailleurs pour réussir à me laisser surprendre soudainement. Non, je veux dire quand les gens ont peur, vraiment, qu'ils sentent un frisson sournois s'insinuer le long de leur échine. Ils réagissent tous de la même façon : ils fuient, ou ils fuient. Les premiers partent le plus vite possible, ils ferment les yeux et se mettent de œillères, espérant retrouver un autre calme, paisible, beau, où ils pourront se sentir en sécurité. Les seconds se cachent, ils ne réalisent même pas qu'il sont terrifiés, ils le nient et le transforment en mur. Un mur de haine, de colère, d'agressivité qui devient leur bouée de sauvetage, leur bouclier. Cette peur là est irrationnelle. Inmanifeste. Elle fait ressurgir chez les gens quelque chose dont ils n'ont même pas conscience : un instinct, une envie de survivre. Ce ne sont que des automatismes de défense, armés et prêts à l'emploi dès qu'une peur, dès qu'un danger pour nos vies viens nous mettre en péril. Je sais de quoi je parle, dans cette pièce, c'est moi la plus armée pour la survie.
Mais Pourquoi ?. Pourquoi devrait-on avoir peur ? De quoi a-t-on peur ? Y'a-t-il une raison pour qu'on ait peur ?
Ou plus exactement Les gens doivent-ils avoir peur de moi ?

- Je ne sais pas, je continue. On a juste peur de moi. Parce qu'ils veulent survivre, eux aussi.

C'est humain. Tellement humain. Ils m'ont vu faire des choses terribles, cruelles, égoïstes, sauvages. Alors ils craignent d'être les prochaines victimes. Pourtant ils voient bien que mes crises sont rares, ils voient bien qu'on sait me contrôler, dans le district, à présent. Ils voient bien que je suis presque inoffensive la plupart du temps.
La vérité, c'est que si les gens ont peur de moi, ce n'est pas parce qu'ils craignent que je ne me contrôle pas. Non, ils sont persuadés que j'aime tuer. Que j'aime faire du mal. Que j'ai envie de leur faire du mal, à tous autant qu'ils sont. En réalité, ils pensent me connaître, ils pensent savoir ce qui peut bien se passer dans mes songes. Mais ils n'ont rien compris. Maintenant que je ne crains plus rien, maintenant que je vais survivre, de manière certaine, sans presque aucune épée de Damoclès au dessus de ma tête, maintenant que je sais que je ne crains ni la faim, ni la Moisson, ni les Pacificateurs, ni la Résistance, je n'ai plus à être égoïste. J'ai juste à survivre, continuer à me lever les matins. Je n'ai plus à m'enfouir tout au fond de ma tête pour laisser place à la violence.
Évidemment, cela ne disparaîtra pas, jamais. Cette facette reviendra, elle revient toujours. Mais elle n'atteindra les proportions des Jeux que si on attente à ma vie. Autant recommencer à m'ignorer, me mépriser, plutôt que risquer de me haïr...
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MessageSujet: Re: A House is not a Home   A House is not a Home EmptyMar 21 Jan - 0:12



]Mes yeux étaient fixés sur ses lèvres, attendant qu'elles s'entrouvrent et qu'elles laissent passer un son, scrutant le moindre mouvement. Elle clignât deux fois des yeux tout en fronçant les sourcils, comme si elle ne comprenait pas, comme si elle se posait la question a elle-même. Mon hypothèse fut confirmée par cette phrase qui glissa de ses lèvres et finit en un murmure:
-" C'est une bonne question."
 
Sur cette phrase, elle sembla passer dans un autre univers, cherchant peut être une réponse; en vain. Relatant peut être un passé oublié pour répondre à cette question existentielle. Voilà quelque chose que j'aimerais faire; oublier mon passé et me réinventer une vie, tout recommencer et voir le monde sous un autre angle. Mais ce n'est pas possible et surtout je refuserais de faire ça. Car j'oublierais aussi les souvenirs joyeux avec ma mère, son sourire, ces moments de pêche et de chasse partagés, son visage tendre quand elle me serait tendrement contre elle, son attention, sa voix.. Des souvenirs, voilà tout ce qu'il me reste d'elle. Des souvenirs et cette promesse, cette promesse qui me hante depuis le jour ou elle est morte. Depuis ce jour je ne vis que pour ça et je ne voudrais rien perdre de cette infime partie d'elle encore vivante en moi.

La jeune femme finit par sortir de sa tête; elle avait trouvé sa réponse, elle déclara:
- "Je ne sais pas. On a juste peur de moi. Parce qu'ils veulent survivre, eux aussi."
 
Cette phrase me tortura l'esprit un moment, " On a juste peur de moi." Peur d'elle, mais pourquoi? Voulait-elle dire par la qu'elle se sentait seule, rejetée de la communauté; celle que tout le monde évite. Ou avait-elle dis cette phrase à son premier sens. Ceci expliquerait le "Parce qu'ils veulent survivre, eux aussi." . Elle avait donc du sang sur les mains.. Au moment ou j'ai compris ça j'aurai dû avoir peur ,m'éloigné, mais la seule chose que je ressentais étais une sorte de colère.. Pourquoi jugeait-on les gens sur leur passé? La vie est faite pour faire des erreurs et le vécus sert a ne plus commettre les mêmes fautes. Alors, au fond pourquoi reprochait-on a autrui d'avoir appris de la vie? Elle aussi s'était peu à peu noyait dans son passé essayant a tout pris de tout effacer.. Baissant les yeux d'un air beaucoup plus monotone je finis par ajouter:
-"Le passé appartient à son détenteur et peu importe ses erreurs. Chaque jour est un nouveau jour."    
Mes yeux plongeaient dans le sol, je repensais à ce que j'avais vécus, à mes blessures, à ma solitude, à ma mère..
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A House is not a Home Vide
MessageSujet: Re: A House is not a Home   A House is not a Home EmptyMar 28 Jan - 21:05

Le passé passant

Il met du temps à répondre, il doit être en train de comprendre quelque chose qui moi-même me dépasse. Je m'apprête à me lever et à partir, avant de me faire chasser d'ici, mais il parle enfin en fixant le sol.

- Le passé appartient à son détenteur et peu importe ses erreurs. Chaque jour est un nouveau jour.

- Ah ? je relève, songeuse.

Voilà qui est nouveau. J'avale une nouvelle gorgée de soupe et regarde le fond du bol en laissant la chaude mixture de légumes enivrer mes sens. Ca bloque dans mon esprit, cette fois-ci ca ne veutplus avancer tout seul. Quelque chose fait barrage dans ma tête tandis que la dernière phrase du jeune inconnu se percute à tout ce que d'autres, tous les autres dans leur masse informe et anonyme, me font comprendre depuis bien longtemps.
Et c'est mauvais signe. Très mauvais signe. Pour lui, j'entends.
Je replonge vivement mes lèvres dans la soupe et mord fermement le bord du récipient. La colère et la peur de l'incompréhension me font déclencher des crises, bien plus que la peine, bien plus que la solitude, bien plus que la haine qu'on m'offre, et bien moins que les atteintes à ma survie.
On m'a demandé un jour avec hargne et mépris si, au moins, je regrettais les moments où je perdais contenance. J'avais été incapable de répondre, et je le suis encore aujourd'hui. Le regret, je ne sais pas ce que c'est. Regretter d'avoir tué ? Regretter d'en avoir perdu Drys ? Regretter mes parents ? Peut-être, mais pas au sens où on l'entendait quand on m'a posé cette question, pas dans le sens où je souhaiterai n'avoir jamais fait les actes qui ont mené à ces conséquences. Non, le Capitole ne m'a pas imposé ca, jamais il ne m'a fait sentir que j'étais responsable. Les rebelles sont responsables des répressions aujourd'hui, la révolte d'il y a cent soixante-quinze ans est responsable des Jeux. Moi ? Je subis. Je survis. C'est tout, rien n'est ma faute, du moins c'est ainsi que je le vois, et ce n'est pas l'avis des autres. Ils ne voient pas que dans cette jungle, le plus fort gagne. Qu'ils craignent et jalousent donc les forts, ce n'est pas ainsi qu'ils détrôneront ceux qui dominent. Qu'ils se rappellent du passé et jugent, qu'ils ne pardonnent pas, qu'ils restent bloqués dans un présent ancien en pensant utopiquement à un avenir meilleur en se persuadant que cet avenir dépassera un jour les rêves où ils les enferment ! Je garde au moins le mérite de savoir que mon idylle restera cloîtrée là où personne ne l'atteindra jamais. *On ne peut pas effacer les actes du passé*, souflle une ombre dans l'eau épaisse de la soupe. *Le garçon a raison, ajouter un visage qui vacille dans les flammes. On veut apprendre à avancer, tout en restant enfermés dans son propre passé.*
Ils se taisent, mais la réflexion est intéressante. Je relève donc les yeux vers le jeune homme. Il semble loin, sans doute moins loin que moi, mais assez malgré tout.

- Comment peux-tu exhorter d'avancer quand toi-même restes hanté par un passé ? je demande.

Je me lève, me dégourdis les jambes qui, encore gelés, commencent à manquer de sang neuf circulant. J'avance de quelques pas dans la pièce. Le constat était simple : il est jeune, il semble vivre seul ici au vue de ses provisions et des affaires qui trainent. Pour vivre seul dans un endroit pareil, sa famille avait du construire ou se voir attribuer ce toit, et ils ne sont plus. Parce que ce monde prend tout à ceux qui ne résistent pas. La vie ou la raison, c'est selon. Je passe mes bras dans les manches de la veste sur mes épaules, l'idée de la rendre ne me vient même pas à l'esprit.

- Je m'appelle Zatanah. Zatanah Keywell.

Je colle mon nez à la vitre branlante d'une des fenêtres en mauvais état. Même si on est loin de tout, on voit la ville au loin. Je reconnais les uniformes des Pacificateurs passer sur une route dégagée. Je déglutis et m'éloigne de l'ouverture. J'en aurais presque oublié ce que je fuyais.
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