Je le regarde sans savoir réellement où je suis. Pourquoi toutes ces teintes colorées floues ? Pourquoi cette sorte de bourdonnement ? Je ne ferme pas les yeux et sort Nikolay de mon champ de vision, car quelque chose, une petite voix intérieure me le dit. Je n'ai pas envie de pleurer loin de là, j'ai l'impression d'être dans un état second, mon corps est en pleine forme et j'affiche un magnifique sourire. Je sens toujours la main de Nik' contre la mienne et le plastique dans mon autre main, je sens que l'on avance sans bouger nos pieds et je dois avouer que cela renforce cette idée que tout n'est qu'un drôle de rêve farfelu et que je me réveillerai au district quatre par une belle journée ensoleillée.

Puis nous nous arrêtons et je sens la main de Nikolay se resserrer un peu plus. Sa main ? Je secoue délicatement la tête et voit Nikolay à mes côtés, drapé d'une tenue digne d'un dieu marin, les gradins noirs de monde, bien que les personnes soient plus que colorées. Je me regarde discrètement et vois par la même occasion que je suis aussi peu vêtue. Comment ai-je pu oublier que nous étions en train de défiler au Capitole ? Puis, je me souviens que ma mère m'avais souvent expliquer que j'avais tendance à penser à autre chose quand tout était trop difficile pour moi. Désormais, je ne sais plus vraiment se qui à pu me faire divaguer autant, tout ce dont j'ai envie, c'est rentrer dans la chambre qui m'est dédiée et m'endormir profondément.

Je voit Nik' levant la tête vers une tête rousse en hauteur, paré d'un sourire que je n'ai jamais vu sur son visage. Dans ses yeux, je lis la haine et je sais parfaitement envers qui elle est adressée : Le Capitole et la Présidente. Je n'ai rien suivis à son discours, mais je voit nos chars se déplacer vers notre départ initial.

Présentation des tributs au Capitole
Tributs, mentors et stylistes

Maintenant rendu dans la section de l’estrade réservée aux mentors, je suis bien heureux de tomber sur un vieil ami que je n’ai pas vu depuis trop longtemps. Ethan Underwood, dont seuls les premiers cheveux gris trahissent son âge, semble de retour en service pour son district. Admirant cet homme pour son charisme et son tact à partir de ma première année comme mentor, il a été en quelque sorte mon modèle de rôle, même si ma façon de voir les choses diffère de la sienne à plusieurs niveaux. Fidèle à son habitude, le cowboy à la réputation sans précédent demeure concentré sur la parade et ce même si je sais très bien qu’il m’a vu arriver de loin. Portant également mon regard sur la foule déchaînée, j’en profite pour le saluer de la manière qui correspond à nos maigres échanges habituels.

- Alors, c’est déjà fini la retraite, Ethan?

En effet, le district dix s’étant vu couronné un nouveau champion dans les dernières années, personne n’aurait cru revoir le précédent mentor au Capitole. Toutefois, j’en suis ravi étant donné que je n’apprécie pas particulièrement son remplaçant, un peu trop jeune et prétentieux à mon goût.

- Et toi Oliver, tu n’y es pas encore?

S’installant sur mes lèvres, un large sourire témoigne de mon amusement face à sa remarque. Là, je reconnais le même Ethan qu’autrefois. Un homme de peu de mot qui vous ressort la vérité en pleine figure sur un brin d’humour. Il m’a bien manqué en sept ans, celui-là! Sentant son regard finalement se poser sur moi, je me retourne également vers lui, mon sourire toujours en place.

- C’est que tu aurais vieilli depuis la dernière fois, dis voir.

Je ne peux retenir un léger rire amusé face à sa remarque. Effectivement, je dois avoir pris une ride de fatigue ou deux depuis le temps. Et rien ne lui échappe, comme d’habitude! Poursuivant dans la même direction, je lance un nouveau commentaire sur le même ton que le précédent.

- Pas autant que toi, tout de même!

Autrement dis, « ça fait plaisir de te revoir, mon vieux ». Mais ça, je n’ai nul besoin de le dire et je suis convaincu que le message se rendrait à son destinataire. Sentant alors que l’aîné des mentors de cette année laisse son regard cibler quelque chose derrière moi, j’attends que la personne à qui il fit signe ne s’approche avant de me retourner vers elle. Il s’agit d’une belle jeune femme de l’âge de Thalia qui m’aborde avec un chaleureux sourire. Par ses vêtements, j’aurais pu parier ma maison et mon bateau qu’elle vit au Capitole, fait qui est d’ailleurs confirmé par l’introduction d’Ethan.

- Oliver, je te présente Mademoiselle Wiest, styliste du District Dix. Equinoxe, voici Oliver Wingston, Mentor du District Quatre.

- Enchantée de faire votre connaissance Mr Wingston., fit-elle à mon égard.

- Tout le plaisir est pour moi, mademoiselle Wiest. Appelez moi simplement Oliver. répondis-je galamment.

Bien sûr, je suis loin d’aimer les Capitoléens, mais je suis à des miles plus loin de manquer de respect aux femmes. Je l’accueille donc d’un sourire aussi chaleureux que le sien. Je remarque, dans la suite de ses propos adressés au mentor du district dont elle était chargée, qu’elle se soucie réellement du sort des deux jeunes braves, ce qui est plutôt rare chez les stylistes qui voient habituellement les jeux comme une opportunité d’affaire. Ces pensées m’amènent à Andromeïa, mais je la chasse rapidement de mon esprit avant qu’elle ne m’emporte. Finalement, la parade commence et nous nous installons dans nos sièges. Plus les chars défilent, plus je constate que Pacôme n’a pas eu autant d’imagination que les autres stylistes. Mes deux protégés ont l’air un peu banal dans leur costume comparativement aux autres, mais l’improvisation de Nikolay me fait sourire. Je suis bien curieux de savoir ce qu’en dira le reportage officiel…

Une fois tous les chars arrêtés face à la tour présidentielle, nous pouvons apercevoir une femme mûre à la chevelure d’un roux éclatant s’avancer et prendre la parole. Mon sourire et ma relative bonne humeur se dissipent aussi rapidement qu’un pet dans le vent lorsque la femme aux grands airs prend la parole. Encore cette année, nous avons droit à son discours de propagande habituel. Par son rappel du sort réservé au district 13, elle tient visiblement à étrangler la détermination du mouvement rebelle avec un profond sentiment de peur comme corde à leur cou. Cette recette est probablement la plus vieille du monde, mais ses preuves ne sont plus à faire, encore à notre ère. Les paroles de la présidente auraient pu être amplement suffisantes pour me faire rendre la pomme engloutie plus tôt dans le train, maintenant en état de digestion avancé, tant ces propos sont pathétiques et révoltants. Mais je conserve mon sérieux, sachant que chacun de nos poils sont sous haute surveillance par les caméras et les snipers perchés sur les toits. Bref, un dernier coup d’œil vers la foule après ces derniers mots et la présidente retourne se terrer là d’où elle était apparue.

Enfin, la fin du discours annonce la fin officielle de la parade. Heureusement, le tout semble s’être bien déroulé pour mes protégés. Maintenant, les vraies choses pouvent commencer. Alors que les chars se redirigent vers leur point de départ, je me lève de mon siège, prêt à aller accueillir Nikolay et Thalia dans la grande salle. Me retournant vers les responsables du district 10, je leur adresse quelques derniers mots avant de tirer ma révérence.

- Ce fut un plaisir de vous rencontrer, mademoiselle Wiest, fis-je à la jeune styliste avant de me retourner vers mon ami. On se reparle, Ethan.

Maintenant, les entraînements peuvent bel et bien commencer.

© Fiche de Hollow Bastion sur Bazzart