Le Lion et le Rat

Le contraste entre la suite dans laquelle il avait voyagé et le quai de la gare du district douze était saisissant. Dans le train tout respirait le luxe et le confort , des fauteuils recouverts de velours jusqu'au bar rempli de boissons en tout genres . La gare était elle poussiéreuse et morbide. Les murs , quand ils n'étaient pas nus , avaient la peinture craquelée ; des tags pour seule décoration et aucune âme qui vive. C'était assez troublant. Eneron Stark suivit les cinq hommes de sa garde personnelle en armure bleue commandés par le capitaine Hawke à l’extérieur du train. Au loin le milliardaire aperçut un groupe d'hommes de tout âges sortir des mines pour aller déjeuner . Couverts de suie on aurait pu aisément les confondre avec des ombres ou bien des fantômes. Ce n'était pas la première fois que le milliardaire se rendait dans le douze mais il n'avait jamais réussi à s'habituer à cette atmosphère pesante de la misère. C'est alors qu'un Pacificateur gravit les marches de pierre menant aux quais.

-M . Stark , fit-il , une voiture vous attends pour vous conduire à la mairie. Veuillez me suivre.

Le milliardaire et ses hommes s’exécutèrent et suivirent le soldat en tenue blanche jusqu'aux voitures affrétées pour l'ingénieur et sa suite. Le trajet fut de courte durée mais Eneron put observer à travers les fenêtres les paysages désolés et les bâtisses misérables. La mairie du douze se trouvait au centre d'une petit place au coeur du district. Elle n'était pas particulièrement grande ni imposante , presque ridicule par rapport aux bâtiments administratifs du Capitole ou du Un , mais déjà en meilleur état que les maisons alentours. On le fit entrer , le maire du douze attendait Eneron à l'entrée de la mairie.

-M. Stark c'est un véritable honneur!

Les deux hommes s'échangèrent une poignée de main puis le maire l'amena à son bureau privé

-Installez vous M.Stark , je vous en prie .
-Merci monsieur le maire.
-Si nous avons fait appel à vous M. Stark ce sont pour des raisons bien précises.
-Je l'imagine bien.
-Le district 12 est dans une situation économique plutôt compliquée. Et les émeutes se font de plus en plus nombreuses , des bâtiments sont saccagés , voire presque attaqués . Le problème c'est que nous manquons de matériel , de plus celui dont nous disposons se fait vieillissant. Ils nous faut plus de caméra , de détecteurs et d'armes anti-émeutes. Vous êtes le meilleur fournisseur en terme qualitatif de Panem et vos prix sont plus abordable que ceux que réclament les ingénieurs du Deux.
-Je vois , serait-ce possible de se rendre sur un lieu sensible afin que ej me fasse une idée du type de matériel adéquat à votre situation ?
-J'y ai pensé , nous allons nous rendre à une école située près d'un quartier particulièrement chaud ces derniers temps.

Ils reprirent alors la voiture et roulèrent quelques minutes . L'école , qui avait été rénové quelque mois plus tôt selon le maire , était déjà tagée et abîmée en plusieurs endroits , elle avait dû être le lieu d'émeutes .
-Les affrontements entres forces de l'ordre et manifestants sont très fréquents dans le coin . Les jeunes sont les recrues privilégiées des militants , il nous faut un système de caméra afin de surveiller les alentours du lycée.

Le milliardaire s'approcha de l'établissement , c'est alors que les élèves commencèrent à sortir du bâtiment ; les cours étaient finis. Ils ne pouvaient pas ne aps remarquer la présence du maire mais surtout celle d'Eneron Stark , ce vendeur d'armes connu pour fournir le Capitole et ses amis. Certains se contentaient de jeter un coup d'oeil et de continuer leur route tandis que d'autres commencèrent à protester à proférer des slogans militants. Les hommes d'Eneron en armure bleue se postèrent en arc de cercle afin d'établir une zone sécurisée autour du milliardaire . Des objets furent jetés de la foule , les protestations se multiplièrent. Les deux Pacificateurs présents avaient bien du mal à gérer la situation tandis que les gardes d'Eneron se contentaient de rester sur leur position . C'est alors que sûrement bousculée par les autres lycéens une jeune fille se retrouva dans la zone sécurisée . Le capitaine Hawke se précipita alors vers elle

-Zone sécurisée! Ne restez pas ici.

Lorsque la cloche annonçant la fin des cours sonne enfin, je me précipite sur ma besace dans laquelle je fourre à toute vitesse mes cahiers.
A côté de moi, mon meilleur ami, Jon Briggs, un garçon de la Veine aux cheveux noirs et en bataille avec des yeux d'un gris profond me toise d'un air goguenard.

- Tu es si pressée de partir, Lee ? demande-t-il.
- Je dois aller chercher ma soeur, dis-je.
- Ah, d'accord. Je t'accompagne.

Nous sortons tout aussi vite de la salle, saluons le prof, qui nous regarde en souriant.
C'est un grand blond de la Ville, qui n'a jamais mis un pied dans une mine. Chanceux. Il fait partie de cette classe privilégiée du Douze qui a, en plus de fringues propres, trois repas valables par jour et des maisons acceptables pour y vivre. Loin de la crasse des bicoques de la Veine.
Jon me prend le bras et se faufile parmi la foule des élèves de notre lycée, soudain surexcité.

- Tu as vu ? Des nouveaux du Capitole ! s'écrie-t-il.
- Waw, magnifique, vraiment, je commente.
- Magnifique ? Tu rigoles, non ?
- Non, pas aujourd'hui, non.

Il éclate de rire, mais soudain la situation dégénère. J'ignore quel groupe a commencé en premier, mais maintenant des slogans rebelles retentissent devant la porte de notre lycée miteux, des groupes de jeunes lancent des projectiles sur les gus en armure bleue venus directement du Capitole.

- Qu'est-ce qui se passe ? demande Jon.
- J'en sais rien ! Tais toi et cours !
- Hé, regarde ! Ya le maire et Eneron Stark !
- Qui ?
- Tu n'as jamais entendu parler de cet idiot de Stark ?
- Non !

J'ai juste le temps de lever la tête pour observer le groupe de Capitoliens quelques secondes, que quelqu'un bouscule Jon sans ménagement.
Devant moi, se tiennent le maire, le capitaine Hawke, chef des Pacificateurs du district. Si ils me prennent pour une rebelle, ma mère va s'inquiéter... Vu que dans ce cas-là je risque au moins une ou deux heures de détention dans le centre de Sécurité, mais pas une flagellation publique. Du moins, je l'espère.
Je reste longtemps à détailler de loin les uniformes de ces nouveaux Pacificateurs : ils sont vêtus de bleu, ce qui est étrange, et portent des armes anti-émeutes.
Je ferais mieux de filer d'ici au plus vite.... Sauf que pour rejoindre l'école de ma soeur, je dois traverser les rangs des Pacificateurs.

- Jon ? j'appelle, alors que je me doute qu'il a disparu parmi les rebelles.

Pas de réponse. Mon intuition est donc confirmée. Cet idiot ne songe qu'à rentrer chez les rebelles pour défier le Capitole... Et je rêve de l'y accompagner, si je survis au Hunger Games ou si je ne me fais jamais tirer lors de la Moisson.
Trop tard pour réfléchir, maintenant. Un des bracelets sur le bras du chef des Pacificateurs m'indique que si je ne bouge pas vite d'ici, je serai en retard à l'école de ma soeur. Et elle est trop jeune pour rentrer chez nous seule avec les temps qui courrent.
Puisque Jon a disparu et qu'il connaît plus de raccourcis pour éviter les Pacificateurs que moi, je n'ai qu'une seule solution : traverser leurs rangs au risque de me faire interpeller.
Une fille de la Ville, bien plus grande que moi, me bouscule sans ménagement pour rentrer dans son quartier. Je trébuche, m'étale comme une idiote sur le sol...
Pour me relever nez à nez avec un des Pacificateurs.

- Zone sécurisée ! Ne restez pas ici ! ordonne le capitane Hawke.
- Désolée, je réponds. On m'a bousculée. Mais je dois aller chercher ma soeur...

La situation avait rapidement dégénérée , les jeunes lycéens ne se contentaient plus de crier ou de protester , ils se mettaient à lancer des projectiles ou à tenter d'atteindre le maire ou Eneron. Le milliardaire observait attentivement ces jeunes désespérés aux habits misérables qui protestaient contre ce pouvoir totalitaire , violent et inégal . Les quelques Pacificateurs , vêtus de blanc , présents sur place paraissaient débordées et n'hésitaient plus à saisir des jeunes et à les rouer de coups de bâton ou de fouet. Les cris de révolte étaient à présent mêlés aux cris de souffrance . Les gardes d'Eneron , reconnaissable par leur armure particulière de couleur bleue , se contentaient d'établir un périmètre autour de leur employeur tout en observant la scène n'intervenant dans cette lutte des classes sous aucun prétexte. Le milliardaire les avait bien formé , il ne fallait jamais choisir un camp avant d'identifier le gagnant.
Le maire , quant à lui , s'était empressé de regagner sa voiture . Un Pacificateur se saisit alors d'un jeune homme aux cheveux noirs et commença à le rouer de violents coups de matraque. Entre deux coups le jeune homme criait
-Au secours , Lee , fais quelques chose !
Mais dans le tumulte environnant Eneron doutait fort que son ami ne puisse l'entendre , du coin de l'oeil il aperçut le capitaine Hawke , chef de sa garde , parler ave cune jeune fille fort charmante. L'ancien gagnant s'approcha alors et ramassa quelque chose par terre
-Je crois que vous avez fait tomber ceci mademoiselle, Eneron lui tendit alors le bracelet qui était tomber. De loi on aurait pu croire que c'était de l'or mais le milliardaire avait identifié un métal de base peint en doré.
Hawke fit alors volte-face afin de repousser un jeune homme aux larges épaules qui se ruaient droit sur Eneron. Ce dernier qui ne semblait nullement inquiété s'adressa à nouveau à la jeune fille
- Quel triste spectacle , n'est-ce pas ?
Les cris se firent de plus en plus nombreux , un groupe de jeunes avait réussi à maîtriser Un pacificateur et commencèrent à la ruer de coup , celui-ci paieraitn sûrement pour les autres . Mais les autres hommes à la solde du Capitole n'arrêtaient pas de frapper des jeuens gens. On entendit alors à nouveau

-A l'aide , Lee , quelqu'un au sec..AAAAH!

Finalement, le Pacificateur se recule sur un ordre du miliardaire, qui lui s'approche de moi.
Je fronce les sourcils : en plus de porter une tenue plutôt sage pour quelqu'un du Capitole, il pue un parfum entêtant à des lieues à la ronde. Quand il est tout près de moi, il s'abaisse.

- Vous avez fait tomber quelque chose, mademoiselle, dit-il de sa voix doucereuse.

Si c'est un essai de séduction, en tout cas, c'est raté. Il y a en effet quelque chose par terre... Mais ce bracelet doré est loin d'avoir la moindre chance de m'appartenir un jour. Nous sommes bien trop pauvres dans la Veine pour pouvoir nous permettre de posséder des choses comme celle-ci.

- Raté, dis-je. Ceci n'est pas à moi.

Stark a soudain une petite moue déçue, mais se reprend vite alors qu'un cri retentit dernière nous.
Pas le temps de me retourner pour savoir de qui il s'agit. Le milliardaire sourit. J'ai l'impression qu'il me détaille de haut en bas, puis qu'il se rend enfin compte de la pauvreté que démontre mes habits.

- Quel triste spectacle, n'est-ce pas ?

J'ouvre la bouche pour répliquer, mais derrière moi, une voix que je connais bien m'en empêche...

- A l'aide , Lee , quelqu'un au sec..AAAAH!
- Jon, je murmure. Jon !

Le milliardaire me prend soudain le bras.

- Lee, c'est vous ?
- Leanne, je réponds. Lâchez-moi !
- Vous n'avez pas répondu à ma question, Leanne...
- Lâchez-moi d'abord !

J'ai à peine la force de tourner la tête, toute occupée à me débattre de l'emprise du capitolien. Il me serre tellement fort le bras qu'une onde de douleur se répend, incisive, et je manque de hurler.
Pour ne pas me faire voir, je serre les dents en attendant que la douleur reflue.

- Et pourquoi vous lâcherais-je ?
- Vous me faites mal, je grommelle en me débattant de plus belle alors que Jon est traîné devant l'entrée du lycée, et qu'un des Pacificateurs saisit son fouet, prêt à...

- JON ! je hurle.
- Vous connaissez ce rebelle ? susurre Stark.

Il resserre sa prise sur mon bras, des larmes insidieuses me brouillent la vue alors que le Pacificateur abaisse son fouet en direction du dos nu de Jon.

Archibald Anderson

La demoiselle afirma avec froideur que ce bracelet ne lui appartenait pas. Eneron le jeta alors au sol. C'est alors qu'on entend une nouvelle fois le jeune homme battu par les Pacificateurs appeler à l'aide , le visage de la jeune femme se mit à blanchir. Instinctivement Eneron saisit le bras de la demoiselle en le serrant très fort , l'empêchant de faire le moindre pas . Elle se débat , elle crie mais le milliardaire du Un ne lâchait pas sa prise.
- Et pourquoi vous lâcherais-je ? lâcha-t-il
Vous me faites mal, grommelle-t-elle en se débattant de plus belle alors que le jeune homme est traîné devant l'entrée du lycée, et qu'un des Pacificateurs saisit son fouet, prêt à le frapper.
Leanne cria alors son nom avec effroi , Stark ne la lâche pas pour autant
- Vous connaissez ce rebelle ?
Elle se mit à se débattre de plus belle , Eneron , légèrement agacé par le comportement de la lycéenne lui dit alors
-Je vais te lâcher et après qu'est ce que tu vas faire Leanne? Sans aucun doute te ruer sur ton ami afin de le protéger dans un élan héroïque . Tu crois rééllement que ça va servir à quelque chose? Ces Pacificateurs ne vont pas avoir peut de taper une fille , ça crois moi . Tu ne rendras service à personne. Tu recevras des coups et ton ami encore plus. Il faut toujours réfléchir avant d'agir.
Le vendeur d'arme lâcha alors son bras , la jeune fille s'éloigna alors. Eneron passa la main sur son épaule afin de dépoussiérer son luxueux costume , il leva alors la tête et aperçut un homme , la cinquantaine qui observait la scène depuis un coin, il le reconnut immédiatement.
-Bonjour M.Stark.
-Bonjour M.Anderson.
Archibald Anderson était cet homme qu'il avait bousculé une fois au Capitole puis qu'il avait contacté pour un rendez vous dans un entrepôt quelque jours plus tard. Lors de ce rendez-vous il se révéla comme un officier de la rebéllion et proposa à Eneron de travailler pour leur cause , le milliardaire avait refusé de s'engager totalement avec les rebelles mais accepta de leur vendre des armes à un prix moins élevé qu'au Capitole . Anderson était le contact rebelle d'Eneron , toute transaction avec les reblles passaient par lui . D'ailleurs sil était l'un des trois seules rebelles au courant qu'Eneron coopérait avec eux , il y avait lui , le chef des rebelles et son second.
-Je ne vous attendais pas à vous voir ici , M.Stark , d'habitude vous restez dans le Un avec de la bonne compagnie , fit Anderson avec un sourire
Eneron émit alors un petit rire , le milliardaire était loin d'être un rebelle convaincu contrairement à Anderson et effectivement , leurs premiers rendez-vous étaient plutôt froides , mais au fil du temps une relation de confiance et de relative complicité s'était installé entre les deux hommes.
-Le travail m'a fait voyager, mais vous non plus je ne vous attendais pas à vous voir ici.
-Officielement je susi el professeur d'histoire géographie remplaçant de ce lycée en attendant que leur vieux professeur se remette de sa grippe.
-Vous vous êtes dirigé dans al voie de l'éducation ? Ah non suis-je bête? vous êtes en mission. En mission de recrutement , vous distillez des idées dans vos cours afin de toucher les jeunes et d'amener de nouvelle recrues.Mais vous n'étiez pas dans le secteur des Opérations?
- Effectivement mais je suis en train de me remettre d'une blessure alors en attendant...vous devriez arrêtez de me parler de tout ça j'ai l'impression d'en dire trop. J'ai vu que vous avez fait la connaissance de Mlle Leanne Chetwood.
-Ah oui , c'est possible.
-C'est une élève perspicace et très intelligente , elle aurait eu un bel avenir devant elle si elle était né autrepart ou autrefois , quand il n'y avait pas la tyrannie du Capitole. Elle semple beaucoup apprécier mes cours.
-Je vois ça ...
- Je vais vous laisser , s'attarder en ces lieux de troubles pourrait être suspect , je vous recontacterai pour de nouvelles commandes .
-Avec plaisir , à la prochaine M.Anderson.
Le rebelle s'éloigna d'un pas assuré .

Leanne avait bien dû mal à progresser dans cette foule très agitée , elle se faisait constemment bousculer , pousser , tirer sans trop comprendre par qui. Mais elle continuait à avancer ne lâchant rien , alors qu'elle n'était plus qu'à quelque mètres de son ami un bras bleu la stoppa , c'était le Capitaine Hawke
-Mademoiselle , ne restez pas ici ça va chauffer. Partez , retournez chez vous ça vaudra mieux, les Pacificateurs vont pas y aller de main morte croyez moi

-Je vais te lâcher et après qu'est ce que tu vas faire Leanne? Sans aucun doute te ruer sur ton ami afin de le protéger dans un élan héroïque . Tu crois réellement que ça va servir à quelque chose? Ces Pacificateurs ne vont pas avoir peur de taper une fille , ça crois moi . Tu ne rendra service à personne. Tu recevras des coups et ton ami encore plus. Il faut toujours réfléchir avant d'agir.

Je le fusille du regard, sans rien trouver à répondre, pendant que ses paroles résonnent dans ma tête.
Réfléchir avant d'agir.
Quelle coïncidence ! C'était cette phrase que mon père disait toujours avant de se faire exécuter...
Eneron lâche mon bras, et je prends le temps de le masser quelques instants. Malgré le fait que je sois enfin libre, j'ai toujours aussi mal, et mes muscles ne répondent plus.

Jon, lui, lâche un second cri de douleur sous les coups des Pacificateurs.

Alors que le miliardaire discute avec un autre homme, que j'ai du mal à voir, j'essaye de me faufiler tant bien que mal au milieu de la foule. On dirait que le nombre de rebelles augmente au lieu de diminuer, et les Pacificateurs ont encore plus de mal à les contenir. Ce qui m'arrache un petit sourire satisfait. La majorité des gens ici risquent leur vie, mais ça fait du bien de savoir que des gens ont le courage de se rebeller contre Panem...

La tension monte d'un cran sous les cris de Jon, et les gens se stoppent net devant sa flagellation.

- Tu ferais mieux de ne pas rester ici, gamine, grommelle un mineur. Rentre chez toi, tu risque gros.
- Je m'en fiche, de risquer gros. Ca fera une personne de moins dans leur arène, je riposte.

Le mineur soupire et me laisse passer. A moins qu'il ne se soit fait bousculer. Je n'ai pas eu le temps de m'en assurer.
D'ailleurs, je perds vite le compte des minutes que je passe à essayer de percer la foule pour rejoindre Jon. Je suis sûr qu'Eneron se délecte de se spectacle et est en train de me regarder comme si il était devant sa télé pendant une mise à mort sanglante des Hunger Games.
Des mains me pincent, je sens des pieds me rouer de coups, des poings en faire tout autant. Personne n'est trop conscient de ce qu'il fait, ici. Les rebelles sont indisciplinés et s'attaquent entre eux. Je lève soudain la tête, alors que mes bras me font souffrir. J'entends encore le sifflement et les claquements du fouet, qui s'abat sur le dos nu de Jon.
Mon sang ne fait qu'un tour, alors que je suis enfin au premier rang de la foule, non loin du barrage dressé par les Pacificateurs pour empêcher les rebelles de passer. Les gens qui me voient, dont certains me reconnaissent, semblent paniqués et totalement impuissants. Jon vient de perdre connaissance.

- File de là, n'aggrave pas les choses.
- Tu veux qu'ils le tuent ?

Quand j'arrive à la limite du cercle de la foule, juste devant un des Pacificateurs, l'un d'eux se retourne. J'ai juste le temps de reconnaître le capitaine Hawke avant qu'il n'essaye de me retenir.

-Mademoiselle , ne restez pas ici ça va chauffer. Partez , retournez chez vous ça vaudra mieux, les Pacificateurs vont pas y aller de main morte croyez moi...

Pour toute réponse, je m'écrie "Non !" et je m'élance vers Jon.

Eneron observait la triste scène qui s déroulait sous ses yeux. Des dizaines de jeunes du Douze opprimés qui s'en prenaient aux soldats de cette oppression. Les cris fusaient , les coups se multipliaient . Les petites protestations insignifiantes s'étaient vite métamorphosées en une émeute incontrôlable. Le milliardaire était un fin observateur et un très bon calculateur . Il voyait souvent ce que les autres n'arrivaient pas à voir car Eneron regardait sur le long terme et non sur l'instant présent , il réfléchissait à ce qui se passerait à près. Les signes annonciateurs il les voyaient clairement. La plupart des districts secondaires et périphériques étaient secoués par des vagues de protestations sans précédents , les rebelles s'organisaient , le Capitole utilisant la force pour réprimer les manifestants, les Jeux de l'Expiation : il n'y avait qu'une seule issue possible : la guerre . Elle était inévitable et surtout imminente , bientôt tout allait exploser et à nouveau le sang se remettra à couler à flots sur Panem. De tout ce qu'avait lu Eneron sur les différentes guerres à travers l'histoire celles-ci n'avaient rien de distrayant , les soldats tombaient comme des petits pains et les plus puissants pouvaient se retrouver à terre d'un jour à l'autre. Quand la guerre éclatera Eneron devra être très fin. Ne pas se ranger trop tôt dans un camp au risque de voir l'autre gagner mais pas trop tard de peur de tout perdre . Dans tout les cas Eneron allait devoir anticiper et prendre des risques pou ne pas tout perdre.
Eneron fut tiré de sa rêverie par la voix de Hawke qui parlait à le jeune fille qui se précipitait vers son ami battu au fouet , lui intimant de ne pas y aller . Le milliardaire ne sut pas vraiment comment mais la jeune femme réussit à se défaire du bras du garde en bleu et se précipita vers son ami en criant son nom. Le Pacificateur qui frappait Jon releva la tête et asséna un violent coup de fouet à Leanne qui chancela mais resta sur ses pieds mais l'homme de "loi" la frappa au visage avant de la repousser violemment vers le sol
-Attends ton tour morveuse!

Il lui donna un dernier coup de pied aux côtes qui lui fit perdre conscience la dernière chose qu'elle entendit était la voix d'Eneron Stark qui criait et elle sentit des bras puissant l'aggriper avant de perdre connaissance.

Leanne reprit ses esprits quelque dizaine de minutes plus tard. Elle était assise sur unepetite chaise en bois qui grinçait , il faisait très sombre et elle mit plusieurs secondes à identifier el lieu dans lequel elle se trouvait. Le vaste hangar située dans le sous-sol de son lycée. Face à elle elle devina trois silhouette mais elle n'avait pas encore retrouvé la totalité de ses capacités et ne les reconnut pas sur le coup.
-Elle reprend ses esprits , fit le capitaine Hawke.
-Vous sentez vous mieux Mlle Chetwood? Vous avez pris de violents coups.
Leanne reconnut alors Archibald Anderson le professeur replaçant qu'elle appréciait autant , elle identifia également Hawke avec un peu plus d'hésitation.
-Archie a raison , déclara alors Eneron , le Pacificateur y est pas allé de main morte , Hawke vous a bandé les côtés et pansé les plaies aux visages , cela devrait suffire.
-N'ayez aucune inquiétude , continua Anderson , votre ami a été transporté aux urgences dès que le Pacificateur l'a laissé , il a subi de violentes blessures mais il devrait s'en remettre.
-Messieurs , fit Hawke , il ne faut pas s'attarder Beadley m'informe que l'émeute commence à se disperser.
- Au plaisir de vous revoir Mlle , fit Anderson avant de tourner les talons avec Hawke .
Eneron s'attarda quelques minutes , récupéra sa veste qu'il avait placé sur une chaise non loin puis s'approcha de la jeune femme et s'accroupit à sa hauteur pour lui faire face.
-Un conseil pour survivre : n'oublie jamais qui tu es avant de faire quelque chose : un pion au milieu d'un jeu maléfique

Quand j'ouvre à demi les yeux, je suis trop sonnée pour reconnaître la pièce dans laquelle je me trouve. Une chose est sûre : je ne suis plus devant le lycée. J'entends vaguement un dialogue entre deux hommes, et j'ignore comment je réussis à reconnaître la voix du capitaine Hawke et d'Eneron Stark. Je commence à m'affoler. Me suis-je fait arrêter ?
On dirait, en tout cas...

Je suis assise sur une chaise, mais mains ne sont pas liées... Etrange. A voir la couleur grise du mur du fond et la pénombre de la pièce, je dois être dans un des sous-sols du lycée. C'est pour ça qu'on n'entend qu'à peine les bruits de la révolte au-dessus de nous, et que j'ai cru que j'étais devenue sourde.

Devant moi, je reconnais au bout de quelques instants Eneron Stark, le capitaine Hawke... Et... Un des profs du lycée. Anderson. Mais qu'est-ce qu'il fiche là ?

j'ai soudain la tête qui tourne, je sens mon corps glisser sur le côté, mes côtes me font horriblement mal. Ma lèvre est fendue, je l'apprends grâce à une goutte de sang qui coule sur le bout de ma langue.
Mon dos aussi est douloureux... j'ai l'impression d'avoir passé une journée entière à la chasse, en courant, ou de m'être fait électrocutée par la barrière du fond du District.

Anderson me retient de justesse alors que je manque de tomber de la chaise.
Je cligne des yeux et essaye de regarder sa main claquer des doigts juste devant mon nez, et des voix me raccrochent définitivement à la réalité.

- Elle reprend ses esprits , commente le capitaine Hawke.
- Vous sentez vous mieux Mlle Chetwood ? Vous avez pris de violents coups.

Il me tapote la joue.

- Merde...

C'est le seul mot que j'arrive à grommeler. heureusement, aucun d'entre eux n'a entendu. Ou presque...

- Oui, elle est redevenue elle-même, ajoute Anderson en dissimulant mal son rire.

Qu'est que j'ai encore fait ?
Puis je me rappelle. j'aurais dû trouver quelque chose de plus intelligent à dire... Mais c'est dur quand on se réveille à peine après s'être fait assommer.

-N'ayez aucune inquiétude, m'informe Anderson, votre ami a été transporté aux urgences dès que le Pacificateur l'a laissé, il a subi de violentes blessures mais il devrait s'en remettre.

J'essaye de sourire, mais mon sourire se transforme vite en un rictus douloureux.
Anderson garde ses yeux fixés sur moi, son visage est tantôt flou tantôt dédoublé... Ca me donne le mal de mer, mais je me retiens de vomir le maigre repas que j'ai avalé ce midi. On ne mange pas à sa faim dans la Veine. Autant garder les ressources, même maigres, que je possède pour le moment.
Hawke chuchote quelque chose au deux autres, un conseil que je ne parviens pas à comprendre, ayant l'esprit encore trop embrumé pour pouvoir réfléchir.
Mes yeux repère vaguement les silhouettes de Hawke et de mon prof se préparant à partir. C'est ensuite une phrase d'Anderson qui me le confirme...

- Au plaisir de vous revoir Mlle, murmure-t-il.

La porte s'ouvre en grand. Anderson se précipite à la suite de Hawke, mais Stark s'attarde. Qu'est-ce qu'il me veut, encore ? Et ils vont me laisser seule alors que je ne tiens plus debout ?
Eneron hésite, commence à avancer vers la porte, se retourne, renonce à partir et s'approche de moi.

- Un conseil pour survivre : n'oublie jamais qui tu es avant de faire quelque chose : un pion au milieu d'un jeu maléfique...

Je fais un oui de la tête, mou, mais pour lui montrer que je suis toujours consciente. Il me fixe quelques instants, et je le fusille du regard. Je suis à présent totalement moi-même, et pas la loque qu'il a amenée dans ce hangar désert.

- Je vous déteste, je lâche, amère. Vous et tous les autres du Capitole.

Le milliardaire du Un observa un moment la jeune adolescente. La réponse qu'elle lui adressa fut cinglante et loin d'être amicale mais elle eu pour seule effet sur Eneron de le faire sourire. Il émit un petit rire dévoilant ses dents blanches. Décidément ces enfants du Douze avait un caractère bien trempé . Cela pouvait être un avantage comme un inconvénient comme toute chose après tout.
-Mlle Chetwood , à l'avenir vous feriez mieux de vous renseigner sur la personne que vous insultez , je ne viens pas vraiment du Capitole. lui répondit doucereusement Eneron.
Il se releva , la dévisagea encore un moment puis tourna les talons et alla appuyer sur le bouton de l’ascenseur . Quelques longues et silencieuses secondes s'écoulèrent avant que les portes ne s'ouvrent , alors l'ingénieur tourna la tête à demi.

-N'oubliez pas quelle est votre place. Ne l'oubliez pas ...

Les portes se refermèrent laissant Leanne seule dans ce sous-sol.

Lorsqu'en Eneron remonta à la surface il put constater que les choses s'étaient calmés , les Pacificateurs avaient réussi à disperser la foule et s'occupait à présent d'amener les jeunes les plus virulents au poste. Le maire était quant à lui directement retourné à la mairie au début des événements . Anderson avait disparu et Hawke et ses gardes l'attendaient . Ils firent un crochet par la mairie où Eneron vendit quelques caméras de sécurité et des armes anti-émeutes un peu plus modernes mais rien de bien conséquent. Il rprit alors la direction de la gare où il s'installa afin de rentre au bercail.