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 Juste une main tendue...

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Cassio T. Shepherd
Cassio T. Shepherd
« Administrateur »
★ Âge : 20 ans
☆ Surnom : Cas'
★ Occupation : Mécanicien ferroviaire
☆ Humeur : Sur le qui-vive
★ Plat préféré : Qu'importe...
☆District : Six

○ Points : 344
○ Barre de vie :
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May the odds be ever in your favor
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Juste une main tendue... Vide
MessageSujet: Juste une main tendue...   Juste une main tendue... EmptyJeu 13 Avr - 1:27

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Juste une main tendue...

Cassio & Satheen




L’été, saison qui laissait éclore un soleil brûlant à la chaleur implacable… Dans ce district aux vastes entrepôts, il faisait apparaître les paysages sous un nouveau jour, soudainement moins ternes, sans pour autant effacer la misère qui les ravageait. En y regardant de plus près, les gris en paraissaient juste plus lumineux, mais ce n’était qu’un leurre. Rien ne chassait les yeux vides des drogués à la morphling, ni ne dissimulait les mains noueuses et les dos voûtés des travailleurs exploités. Un jour, je ferai peut-être partie d’eux… Sauf si nous réussissions.

Je baissai la tête, attrapai le bas de mon tee-shirt couvert de larges tâches d’huile et de sueur avant de le tirer et m’en servir pour m’éponger le front. Le nez dans les moteurs depuis le matin, j’en venais à regretter les jours derniers durant lesquels j’avais été affecté à la pose de serrures dans les wagons d’un nouveau train tout juste sorti de la production. Certes, l’impression de bosser dans un tas de tôle n’avait rien eu d’agréable mais le boulot était tranquille. Le pire était de savoir à quoi il servirait peut-être dans un futur pas si lointain : cercueil pour des tributs malchanceux. Salopard de Capitole.

Cependant, aujourd’hui c’étaient les freins qui emmerdaient leur monde. Ils « bloquaient », qu’ils disaient après le test sur voie. Avec deux autres mécanos, on avait vérifié chaque fichu câble, chaque valve et même le compresseur d’air... Pour finalement percuter des heures plus tard que le problème se trouvait bien plus bas, au niveau du cylindre de frein. On avait travaillé dessus quelques heures de plus encore.

Pendant ce temps, les panneaux de métal qui constituaient les parois des entrepôts absorbaient goulument la température estivale avant de la vomir avec d’autant plus de véhémence, y adjoignant une odeur âcre qui vous soulevait le cœur et vous brûlait les poumons. On bossait dans un cagnard à crever. Cela faisait un moment que j’en ressentais les effets pervers, la sensation d’oppression au niveau de la poitrine d’abord puis s’y joignit le sifflement caractéristique. Dans le bruit incessant des outils qui crissaient sur les écrous, personne ne pouvait remarquer mon malaise. Heureusement, la sonnerie résonna de son timbre strident. C’était la relève.

Immédiatement, je fis rouler la planche sur laquelle j’avais été couché une partie de la journée pour voir le dessous du train et me dégageai de cet espace restreint où la chaleur étouffante m’empêchait de plus en plus de respirer normalement. Un toux sèche me saisit quand je me redressai pour m'asseoir, un collègue s’arrêta devant moi un instant.

- C’est… Rien… Toujours cette saleté de poussière sur les semelles de frein… dis-je entre deux toussotements.

Excuse pourrie, mais elle lui suffit. Il migra vers nos vestiaires, après qu’une quinte plus résistante encore ait secoué tout mon corps, j’en fis de même.

Les portes des casiers étaient rouillées jusqu’à la moelle. J’ouvrai le mien, en sortis une serviette élimée sur laquelle je versai un peu d’eau tirée du robinet central avant de plaquer le tissu sur mon visage et de respirer quelques bouffées à travers. L’air ainsi refroidi sembla pénétrer avec plus de facilité, pourtant les sifflements s’aggravaient. A la maison, nous étions trois à nous lever tous les jours pour bosser et offrir à notre cadette une vie que nous n’aurions jamais, une situation moins rude, plus enviable. On aurait pu se payer l’avis d’un toubib, mais on en avait pas eu besoin : quand j’étais encore à l’école un autre gars de ma classe avait le même type de problème que moi… La gorge qui se serre, les expirations qui deviennent douloureuses et cette putain de sensation d’étouffer… Il appelait ça avec un nom barbare, je n’étais pas sûr de me le rappeler correctement et en vérité je m’en foutais : tout ce que j’avais retenu c’était que le traitement était hors de prix.

Alors ouais y avait des plantes qui aidaient… J’arrivais à en choper quelques unes auprès de Vahine parfois, c’était une herboriste douée au Six. Toutefois, la Moisson était passée par là et nous l’avait prise depuis peu… Il allait falloir que je trouve un autre fournisseur.

Serviette jetée à la volée dans mon casier, sac de cuir râpé sur l’épaule, je me sentais de plus en plus mal. Dans un réflexe, ma main s’était portée sur mon torse et je me dépêchai de filer avant de croiser mon père. Il fallait que je rentre sans qu’il ne découvre quoi que ce soit, il n’avait pas besoin que son fils défaille. Il avait déjà suffisamment à faire avec le reste… Ne pas penser à Mère. Pas maintenant.

Je m’efforçai de garder une mine égale, pourtant ma marche me coûtait, m’essoufflait. Sortir de l’atelier serait peut-être une délivrance : être à l’air libre me permettrait d’aller mieux, c’était certain. Espoir vain. L’air était encore plus cuisant et une goutte de sueur dégoulina le long de ma tempe alors que je bifurquai rapidement en direction des quartiers d’habitation. Il fallait que je rentre.

Je n'avais pas fait dix mètres qu'une nouvelle quinte de toux me prit alors, plus violente et insupportable. J’avais l’horrible impression de ne plus parvenir à faire entrer la moindre parcelle d’air dans mes poumons, je m’appuyai contre une paroi que le soleil avait chauffé tout le jour durant mais je ne réagis pas. La brûlure n’était en rien comparable à cette panique qui me gagnait progressivement. Autour de moi, des mecs, des travailleurs, rentraient chez eux et commençaient à poser des regards inquisiteurs sur ma silhouette penchée en avant et suffocante dont émanait des râles monocordes. Hors de question de me donner en spectacle, hors de question que quiconque sache…

Baissant la tête, je fis quelques pas de plus et m’engageai dans un espace réduit entre deux entrepôts. Personne ne passait jamais par là et, même si je ne m’enfonçai pas dans ce dédale de plus de trois ou quatre mètres, je serai à l’abri des yeux des autres habitants. Ne pas attirer l’attention, c’était la priorité. Comme toujours.

Là, l’ombre des hautes bâtisses m’aida un instant en m’offrant un refuge abrité. Alors, contre une caisse qui contenait sans doute des pièces de rechange, je me laissai glisser jusqu’au sol autant pour me poser que parce que mes jambes me lâchaient. J’étais seul, la tête me tournait et ma poitrine me donnait l’impression d’avoir été placée dans un étau. Tout allait bien, tout irait bien. C’est ce que je me répétais en boucle, idiote litanie censée me rassurer…

© Aeli
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