Emilie regardait par la fenêtre de sa chambre, confortablement installée dans un petit fauteuil en cuir. Comme la plupart des objets de sa chambre, elle avait trouvé ce siège dans une brocante, à moindre prix. Elle y passait de nombreuses heures à lire, à travailler, ou tout simplemet à rêvasser.

C'était ce qu'elle faisait ce jour là. Elle rêvait, mais pas de n'importe quoi, ou de n'importe qui. Car oui, Emilie pensait à Jack, encore et toujours. Elle l'avait quitté quelques jours plus tôt assez brutalement, après l'avoir embrassé et après avoir vu qu'il en restait de marbre. Elle se sentait bête d'encore penser à lui après ça, mais c'était plus fort qu'elle.

Elle ferma les yeux. Elle devait penser à autre chose. Elle se leva, alla sur son bureau et commença un devoir qu'elle devait rendre la semaine d'après. C'était à propos des forces exercées sur les hovercrafts et comment les compenser. Cela ne l'intéressait pas vraiment, mais elle n'avait pas le choix car elle devait travailler le plus sérieusement possible pour pouvoir tout faire quand elle sera en âge de travailler.

Après de nombreuses ratures, de soupirs et d'exaspération, elle vint au bout de son devoir. Elle le rangea et descendit dans la cuisine. Il faisait assez sombre dans la pièce, qui ne possédait qu'une petite fenêtre, contrairement à sa chambre, qui en possédait une si grande qu'il n'y avait pas besoin de lumière artificielle pour y voir clair. Elle appuya sur l'interrupteur, mais aucune lumière ne vint. Elle recommença plusieurs fois, sans succès. Elle essaya ensuite d'allumer la lumière du salon et du couloir, mais elles ne répondaient tout aussi pas. Elle entendit alors des pas derrière elle et se retourna.

Bonjour chérie, ne t'inquiète pas, il y a juste un problème d'électricité dans toute la maison. J'essaye depuis ce matin de le réparer mais je n'y arrive pas.

Son père apportait la réponse à ses interrogations. Elle le vit sortir de la maison, tout en continuant de lui parler.

Il y a un électricien qui devrait bientôt passer. Je vais au travail, il va falloir que tu lui ouvres, j'espère que ça ne te dérange pas.

Il était déjà parti quand elle lui répondit.

Pas de problème... A ce soir !

Il claqua la porte, laissant Emilie seule, dans l'obscurité. Elle frissonna, ça faisait froid dans le dos. Toutes les histoires d'horeurs que lui racontaient ses amis commençaient de cette façon : une jeune fille seule, dans une grande maison, sans électricité. Elle remonta dans sa chambre au pas de course pour se cacher au cas où un tueur en série venait sévir chez elle.

Elle sursauta lorsque, peu de temps après, quelqu'un toqua à la porte d'entrée. Elle descendit les escaliers, et bien qu'elle savait que ce n'allait pas être un meurtrier, elle ouvrit la porte avec appréhension. La personne qui s'y trouvait devant n'était autre que Jack.

Oh… Salut

Elle voulait se pincer pour vérifier qu'elle ne rêvait pas, mais non, c'était ien lui qui se tenait devant chez elle.

Jack ? Heu... Je...

Elle essaya d'articuler deux mots, mais elle n'y arriva pas. Elle essaya de reprendre un peu de contenance, et lui demanda :

Salut... Je peux faire quelque chose pour toi ?

Elle se pinça la lèvre inférieure. Elle aurait pu lui demander comment il allait, lui demander des nouvelles de sa famille mais non, elle n'est pas passé par quatre chemins et elle lui a demandé directement ce qu'il venait faire ici. En même temps, elle se le demandait tellement qu'elle n'aurait pas pu parler d'autre choses avant. Que venait-il faire devant chez elle ? Allait-il lui demander des explications par rapport à ce qu'elle lui avait fait l'autre jour ? Car elle n'en avait pas à lui donner. Elle ne pouvait pas expliquer le fait qu'elle l'ai embrassé puis fuit la seconde d'après...

Elle ne savait toujours pas comment se comporter. Si seulement il existait un bouquin pour sortir de ce genre de situation gênante, elle l'aurait acheté direct. Malheureusement, ça n'existait pas, il fallait donc qu'elle improvise. Elle lui demanda ce qu'il faisait là, et il lui répondit :

En fait, je suis là pour rétablir l’électricité, tu ne savais pas que je devais venir ?

Elle entendit alors les paroles de son père qui lui parlait d'un électricien résonner dans ses oreilles. Elle était trop bête, Jack en était un, et par un hasard (heureux ou facheux, elle n'avait pas encore décidé), il avait été appelé pour réparer la panne de courant.

Si... Enfin je savais que quelqu'un devait venir pour jeter un coup d'oeil à l'installation électrique mais... ça me fait bizarre que ça soit toi quoi...

Elle fuyait son regard, de peur de l'affronter. Elle ne savait pas ce qu'elle découvrirait en le voyant. De la surprise ? De l'amusement ?

Elle toussota, pour rompre un silence qu'elle ne savait plus comment briser. Jack demanda alors :

Je peux rentrer ?

Elle était si confuse qu'elle en avait oublié pourquoi il était là. Elle dit alors précipitemment :

Oui oui excuse moi, rentre bien sûr.

Elle s'écarta du perron pour le laisser entrer. Elle ferma ensuite la porte derrière lui. Elle profita du moment où elle lui tournait le dos pour souffler calmement, afin de reprendre ses esprits. Il n'était donc pas venu pour elle mais bien dans le cadre de son travail. Elle ne savait pas encore une fois s'il fallait qu'elle s'en réjouisse ou pas. D'un côté, cela lui permettait de le voir sans avoir d'excuse. D'un autre, il n'avait peut-être pas envie de la voir. Et c'était sûrement le cas.

Si tu veux je peux te montrer où est le tableau électrique.

Enfin si ça s'appelle comme ça, pensa-t-elle. Mais elle se garda bien de le dire, pour des raisons évidentes de risque de perte de crédibilité. Elle ouvrit la porte d'une pièce qui servait de débarras/ expérimentations quand ses parents en ont besoin/ stockage du panneau électrique. Elle laissa passer Jack en premier.

J'espère que c'est pas un problème trop grave...

Elle préférait tourner la conversation autour de ce sujet, pour éviter de penser à d'autres choses disons le... plus embarassantes. Il inspecte, il répare, il s'en va, et les moutons seront bien gardés.

Emilie regarda avec attention Jack s'afférer auprès du tablau électrique. Il fronçais les sourcils quand il se contrentrait, c'était mignon.  Non, ce n'était pas mignon Emilie, concentre-toi plutôt sur le problème électrique. Au bout de quelques instants, Jack se retourna vers elle et lui annonça :

J’ai pas l’impression que ce soit grave. Vous avez de la chance. Il me faudra dix minutes pour réparer ça.

Elle était soulagée, il allait bientôt partir, et elle ne le reverrait peut-être jamais. C'était une bonne chose, ou du moins elle essayait de se convaincre que c'était le cas. Il ajouta qu'il fallait en fait quelques minutes supplémentaires sur le temps qu'il avait indiqué auparavant. Elle aurait bien voulut lui dire qu'elle voulait qu'il parte au plus vite, mais elle inspira, souri, et dit à la place :

Prend le temps qu'il te faudra.

Elle ne voulais tout de même pas lui paraître grossière alors qu'il ne faisait que son travail. Cela ne lui ressemblait pas. Elle fallait qu'elle passe outre ses soi-disant sentiments et qu'elle lui parle de façon dégagée, comme elle aurait parlé à n'importe qui. Elle se pinça les lèvres. Non, ça non plus elle ne voulait pas. Elle voulait qu'il reste le plus longtemps possible, peut importe ce qui lui en coûtait. Car si c'était la dernière fois qu'elle le voyait, autant qu'elle ne profite. Elle souri intérieurement. Ce n'était décidemment pas facile. Elle changeait d'avis comme de chemise, mais il est vrai qu'elle ne savait pas comment régler cette... situation.

J'allais me servire à boire avant que tu arrives... Tu veux que je t'apportes quelque chose pendant que tu t'occupes de ça?

Elle ne voulait pas rester sans rien faire en train de l'observer travailler. Gagner du temps était la meilleure option. Elle devait sortir quelques instant pour réfléchir plus calmement. A son retour, il fallait qu'elle lui parle de tout se qui se passait. A moins que si elle ne le revoyait jamais... Non, elle n'allait pas le laisser partir de cette maison avant de lui dire tout ce qu'elle avait sur le coeur.

Emilie observa le visage de Jack, qui se contractait sous l'effort de la concentration. il réflechissait. Il avait certains tics quand il pensait. Mais Emilie détourna son regard, Jack allait croire après qu'elle l'épiait. Ce qui n'était pas complétement faux. Pour cacher son trouble, elle lui proposa quelque chose à boire.

Il vaut mieux ne pas approcher de liquide de l’éléctricité, mais merci.

Elle se senti bête car bien sûr, maladroite comme elle était, elle pouvait électrocuter son ami en renversant un verre d'eau. Néanmoins, elle aurait dû le soigner, et cela aurait été une raison suffisante pour qu'il reste encore un peu auprès d'elle. Elle lui sourit, et lui répondit en riant.

Oui en effet, où avais-je la tête...

Jack et Emilie se regardait, en silence. Ce qui aurait put être génant ne l'était pas ici, car Emilie se sentait bien aux côtés de Jack. Il prit tout de même la parole.

Est-ce que je peux vérifier quelques appareils pour voir si c’est réellement réglé ? Par exemple la télévision ou bien le four ?

Emilie était étonnée. Etait-il possible qu'il allonge son intervention pour rester avec elle ? Elle n'osait y croire, mais un doute s'installa en elle. Et s'il ressentait quelque chose pour elle ? Il ne se comportait pas comme d'habitude, elle qui avait pris ça comme de la distance, signifiait peut-être tout autre chose. Mais elle n'arrivait pas à déchiffrer la moindre de ses pensées, ce qui la rendait nerveuse. Elle sortie du local.

Bien sûr, le salon est par là suis moi.

Elle se dirigea à présent, en sentant la présence de Jack juste derrière elle, vers la pièce principale de la maison. Elle prit la télécommande et alluma la télévision.

On dirait que ça marche. Ho, ils passent le récapitulatif des Jeux.

Elle regarda un instant, mais en se rappelant la présence de Jack, elle lui passa la télécommande à contre coeur. Tout fonctionnait correctement, Jack n'avait plus d'excuse pour rester.

TIens, si tu veux vérifier quelque chose... Mais j'ai l'impression que le courant est rétabli.

Elle voulut engager la conversation sur quelque chose de moins technique, parce qu'elle n'y connaissait rien en électricité malheureusement. Elle se rappelait que Jack lui avait parlé plusieurs fois de sa famille.

Sinon... comment va ta famille ?

Tout moyen était bon à prendre pour gagner du temps avec lui.

Elle le regardait observer la télécommande, perplexe. Finalement, allumer la télévision avait suffit pour vérifier que le courant était bien rétablit, ce qui semblait après coup, pour Emilie, assez logique. Elle lui demanda ensuite des nouvelles de sa famille.

Elle va comme elle va. Ma soeur est toujours aussi gentille et avenante, et mon père toujours aussi malade... Et la tienne ?

Emilie se pinça les lèvres. Elle savait que la famille de Jack avait quelques problèmes, comme la santé de son père. Et elle ne savait pas quoi répondre à propos de la sienne à par "tout va bien merci". Peut-être se sentirait-il gêné ? Elle répondit en souriant.

J'aimerai bien rencontrer ta soeur un jour, elle a l'air charmante. Et je suis désolée pour ton père...

Elle l'observa un instant, avant de continuer.

Mes parents travaillent beaucoup, alors je ne les vois jamais... Mais ils aiment ce qu'ils font alors... ça doit compenser. Enfin je crois.

Soudain, Jack changea d'expression. Que lui arrivait-il ? Il avait l'air de se sentir mal. Il balbutia quelque chose, mais Emilie ne comprit pas tout de suite. Elle n'eut pas le temps de refléchir à ce qu'il venait de dire qu'il s'approcha d'un coup vers elle et colla ses lèvres contre le siennes.

Elle fut au départ surprise, mais lui rendit son baiser, et enroula ses bras autour de son cou. Elle ne pensait plus à rien, à part la chaleur du corps de Jack collé contre le sien.

Elle se dégagea doucement, après une longue étreinte. Elle planta ses yeux dans les beaux yeux de Jack. Ainsi, il ressentait la même chose qu'elle ? Après tout ce temps à se morfondre à propos de son attitude de l'autre jour, elle revivait. Ce moment, qui était parfois sujet de ses songes, est bien devenu réel. Elle ria doucement, heureuse, et posa sa tête contre son épaule.

J'adore les pannes de courants, dit-elle simplement.

Elle était contente que Jack ait eu le courage de l'embrasser. Il ne disait jamais vraiment ce qu'il ressentait, cela avait donc dû être assez difficile pour lui. Elle rapprocha sa tête de la sienne, et l'embrassa à nouveau.