Histoire du personnage - Bienvenue à Panem, un monde heureux et juste où chacun peut vivre une existence paisible, sans jamais avoir peur, sans jamais avoir faim… La bonne blague ! Pourtant certains ont cette chance, comme s’ils avaient été oubliés par les dieux, les autorités ou quelque chose du genre. Ils vivent dans le bonheur et l’insouciance, baignés par l’amour tout au long de leur vie. C’était le cas de la famille Flores. Oona, Léon et leurs deux filles Phyllis et Diane. Oona était une femme magnifique, donnant tout son amour à ses deux têtes rousses. Elle était douce et généreuse, un peu illuminée parfois. Leur père était aimant, bienveillant, pas ferme pour deux sous, riant et blaguant facilement. Ils leur laissaient tout passer. Ajouter à cela que la famille vivait aux districts dix, soit probablement pas le pire, élevant des vaches dans des prairies bucoliques, un peu à l’écart du reste du monde. Les deux gamines grandirent ainsi tranquillement, ne se souciant de rien, plus gâtée que la plupart des enfants, entourées d’animaux et de végétation, bienheureuses. Diane était la plus sérieuse de la famille, elle travaillait dur à l’école, se laissant moins emporter par les délires familiaux. Mais c’était aussi celle qui ressemblait le plus à sa mère, extrêmement douce et maternelle, des traits d’une pureté virginale et par-dessus tout toujours souriante. Elle avait hérité de son père sa bienveillance, elle aimait tout et tout le monde, voyait un chaque chose le côté positif. Il serait difficile de trouver un esprit plus optimiste que le sien. Phyllis aussi était très belle, avec un visage beaucoup moins osseux que sa cadette et un côté malicieux en plus.
Cette dernière a su transformer son enfance gâtée en énergie positive alors que son aînée se montrait bien plus capricieuse, ne comprenant pas sa chance. Car la chance continua et aucune des deux ne fut jamais sélectionnées pour les jeux, elles n’eurent jamais à vivre avec cette hantise. Mais plus le temps passait et plus chacune prenait une voie différente. Lily était maladroite, extravagante, joueuse, hyper sociable là où sa sœur possédait une précision quasi chirurgical et était bien plus réservée et mature mais les deux étaient toutes aussi joviales et attachantes l’une que l’autre.
A l’école, encore adolescentes, Lilly et Milly firent la connaissance d’Ethan, un garçon qui allait grandement perturber leur relation. Diane était encore une petite jeune et elle le connut surtout à travers sa sœur qui sut le rendre fou d’elle et en tomba aussi grandement amoureuse. La jeune soeur était de toute façon plus souvent plongée dans ses livres de sciences et son observation des animaux qu’intéressée par les garçons. Mais elle appréciait beaucoup Ethan qui passait de temps en temps à la maison et ils avaient parfois de belles discussions, partageant le même engouement pour la nature. Ses parents eux ne faisaient pas dans la demi-mesure, dès qu’ils le rencontrèrent ils le considérèrent comme un meuble de plus dans la maison, pour ainsi dire - même s’il y avait de quoi vouloir vivre dans cette maison tenue par Oona Flores, où le temps semblait suspendu en un éternel printemps – certains se devaient de travailler n’est-ce pas et c’était plus une idée qu’ils se faisaient. Quoiqu’il en soit, ils sortaient toujours un couvert de plus pour Ethan, « au cas où » « on ne sait jamais » comme ils aimaient dire, aux grands damnes des deux filles qui trouvaient ça assez ridicule. Oona et Léon étaient très gentils mais il fallait bien avouer que Phyllis était morte de honte en leur présence. Et ils continuèrent même (surtout) après que les deux amoureux se soient fiancés.
Diane passait du coup bien moins de temps avec sa frangine même si elles s’entendaient toujours à merveille et se voyaient autant que possible. Elles se racontaient leurs secrets, leurs rêves, leurs projets, comme elles avaient toujours fait. Seulement, une ombre vint bien vite entachée le tableau si joliment peint. Cette scène familiale si parfaite et à l’avenir si proprement tracé. En effet, le jour de la moisson arriva et Ethan fut tiré au sort. Phyllis fut bien évidemment dévastée et rien ni personne ne pouvait la consoler. Mais elle montrait aussi un égoïsme inquiétant en oubliant que celui qui avait été tiré au sort pour l’arène c’était Ethan et pas elle, et qu’il n’en reviendrait probablement pas. Seule sa propre peine l’intéressait.
Après des adieux déchirants, Lilly retourna donc avec sa sœur à la ferme. Leur mère, attristée par la nouvelle, s’activait en cuisine pour ne pas y penser. Diane, comme son père d’un optimisme sans faille, semblait traverser cette épreuve avec plus de facilité, elle refusait de se laisser aller à l’angoisse, aussi parce qu’elle ne l’appréciait pas de la même façon. Cette attitude lui fit immédiatement reprochée par sa sœur ; qui sous le coup de la peine et de la colère mêlées, l’accusa d’être responsable du départ d’Ethan, d’avoir rajouté son nom par jalousie pour qu’il soit choisi, d’une façon ou d’une autre, ce qui était parfaitement ridicule.
« Je ne pleure pas, Lilly, parce que je crois en lui. Je suis sûre qu’il te reviendra. Tu dois avoir la foi. »
« Tu es complètement folle ma pauvre ! Maman ! Tu as créé un monstre qui ne ressent rien, envieuse et jalouse parce MOI j’aimais quelqu’un ! »
Elle avait beau lui cracher des horreurs à la figure, Milly ne put jamais lui en vouloir. Ce n’était simplement pas dans sa nature et Lilly n’était tout simplement pas elle-même. Elle comprenait que sa sœur eut besoin d’extérioriser sa peine. Même si Lilly, elle, lui en voulait vraiment. Phillys en voulait aussi à Ethan, pensant que c’était aussi de sa faute s’il avait été choisi. Elle refusait de comprendre la malchance et qu’on puisse la contredire la rendait folle. Pendant toute la durée des jeux, Oona continua de mettre le couvert en plus destiné à Ethan ; cette habitude bien ancrée que la famille avait, toujours prête à l’accueillir s’il passait à l’improviste. Et comme si ça allait le faire revenir.
Et puis Ethan remporta les jeux. Curieusement ce jour-là Phyllis envoya valdinguer l’assiette qui l’attendait toujours et ordonna qu’on ne la remette plus jamais. Cette transition paru brusque et subite pour toute sa famille, en particulier Diane mais Phyllis refusait de lui parler depuis la moisson. Personne ne comprit, personne ne demanda et toute la joie de le savoir vainqueur s’envola. Et puis l’aînée demanda à sa sœur d’aller accueillir Ethan à l’arrivée du train à sa place et de lui transmettre leur rupture, avec le petit anneau qui symbolisait leurs fiançailles. Diane s’exécuta, c’était le prix de leur réconciliation, même si elle trouvait ça totalement lâche et stupide. Par-dessus tout elle ne voulait pas perdre sa sœur, et c’était compréhensible.
« Tu devais avoir envie de voir Lilly… Mais ce n’est que moi… Je suis désolée et je crains de n’avoir aucune réponse à t’apporter. Elle ne veut plus te voir et elle m’a demandée de te rendre ça… Oh, et Ethan, je suis contente que tu sois revenu vivant. »
Il ne répondit rien, s’en allant simplement avec ses parents, elle ne le recroisa plus jamais après ça, même pour son travail. Elle ne chercha pas à le faire.
Le cocon familial ne fut plus jamais le même, tout comme Phyllis et toutes deux s’empressèrent de le quitter. Diane rencontra Warren Harris peu après, il l’aida à surmonter sa peine car contrairement à ce que sa sœur croyait, elle n’avait pas un cœur de pierre, loin de là. Malgré ce qui s’était passé au jeu, la violence de l’arène – et qu’elle voyait comme une fatalité – elle appréciait toujours l’ex-fiancé de sa soeur et avoir perdu un ami la rendait triste même si elle n’en montrait rien. On sentait une certaine mélancolie envahir son doux regard. Warren était un homme pas très grand et trapu, pas moche mais pas spécialement séduisant non plus mais il sut conquérir le cœur de la belle rousse. Il était avant tout son confident, elle s’ouvrait à lui comme à sa sœur avant, lorsqu’elles étaient petites et avec lui elle redevint cette magnifique femme toujours souriante que rien ne semblait pouvoir arrêter.
Diane poursuivit ses études pendant de longues années en génétique, elle était si douée et si qualifiée qu’on lui proposa un post au Capitole qu’elle refusa. Prétextant qu’elle serait plus utile au dix pour la sélection des animaux d’élevage puisque c’était sa spécialité. En réalité elle voulait simplement vivre avec Warren et entourée d’animaux, de nature, loin de la folie du Capitole. Dans le même temps elle devint Mme Harris. Sa sœur aussi se maria, mais les deux étaient de plus en plus différentes si bien qu’elles se voyaient moins. Lilly n’était plus tellement la jeune femme joviale qu’Ethan avait rencontrée et dont il était tombé amoureux, elle avait bien changé. Elle s’était même teinte en brune pour se démarquer.
Diane fonda avec Warren son propre cocon, ils reprirent la ferme des Harris et l’élevage de vaches laitières. Warren devint responsable du centre d’insémination, toutes races comprises, alors que Diane participait à la sélection des meilleurs bestiaux. Elle fit installer un petit laboratoire dans sa ferme, à l’aide de subventions du Capitole, lui permettant également d’écarter les animaux porteurs de certaines maladies. Elle travaillait sur tous les types d’élevage et passait souvent en tant que conseillère. Outre leurs vaches, ils avaient aussi quelques chevaux, des volailles, des lapins, des chèvres et des moutons, et bien sûr chiens et chats. Pourtant une chose fondamentale manquait dans la vie de Diane.
Il était difficile d’imaginer quelqu’un de plus maternel qu’elle, en ça, elle dépassait sa mère. Elle voulait plus que tout devenir maman à son tour, être entourée d’enfants mais Warren, lui, n’en voulait pas. Bien plus pragmatique qu’elle il ne pouvait oublier les jeux. Il était loin d’être le premier et encore moins le dernier à penser comme ça. D’ailleurs, c’était le seul moyen de pression que la population avait contre le Capitole au final, s’il n’y avait pas des personnes comme Diane, ou d’autres qui ne faisaient pas attention à leur cycle. D’ailleurs Diane songea sérieusement à lui faire le coup de l’accident, le mettre sur le fait accompli. Pour elle c’était presque vitale et elle était prête à le perdre pour ça.
Mais elle finit miraculeusement par le convaincre. Surement parce qu’il aurait tout fait pour le bonheur de sa femme. Quant à elle, elle était persuadée que son argumentaire avait fini par faire mouche. Après tout sa sœur et elle s’en était très bien sortie, comme des tas d’autres enfants, il n’y avait aucune raison pour que cela ne se reproduise pas, et ensuite parce que selon elle les jeux faisaient partie de la vie, du monde dans lequel ils vivaient et elle croyait naïvement au fait que c’était un mal nécessaire pour que la paix règne. Probablement qu’elle ne réalisait pas dans quelle misère certains vivent à Panem. Lui n’était pas dupe mais pour son sourire il aurait fait n’importe quoi, et la laisser croire à ça en faisait partie. Et dans ce qui fut probablement un moment d’égarement, un instant d’oubli et de félicité, un acte qui ne lui coûtait d’ailleurs pas grand-chose : Faire l’amour à sa femme, la vie fut conçu. Il était si facile d’échapper aux conséquences…
C’est ainsi qu’en 2221 la petite Maya naquit, un magnifique bébé, une petite fille dégourdie et pleine de vie. Le couple était au comble du bonheur, Diane n’a jamais été aussi belle et épanouie que durant ces années-là. Et en 2223 un petit frère rejoint la famille, Serioja. Les deux adorables têtes blondes grandirent paisiblement dans le même confort que leur mère a connu, la chance l’accompagnant toujours dans chacun de ses projets. Diane devient particulièrement fusionnelle avec son fils, mais tous deux sont choyés et aimés de manière égale. D’ailleurs elle en aurait voulu d’autres mais la vie en décida ainsi.
Douze années d’un intense bonheur, égoïstement un peu coupé du monde, jusqu’à ce que Maya participe à sa première moisson. Diane n’était pas inquiète mais Warren se fit de plus en plus absent du foyer familial. Sa femme estima que ça ne serait que le temps de quelques années, ensuite tout reprendrait son court, comme leur histoire d’amour. Seulement la chance ne dura pas.
A la surprise générale et contre toute attente, le nom de Maya Harris retentit sur les lèvres de la présentatrice du capitole… Warren serra les dents et Diane cru s’évanouir sous le choc.
« Non, non, non, non, pas ma fille, elle est si jeune… Noooooon ! »
Elle murmura, incapable de crier ou même de parler de façon audible. Et puis on l’emmena voir Maya… Pour la dernière fois… Elle serra sa fille dans ses bras, aussi longtemps qu’elle put, murmurant à son oreille combien elle l’aimait, déposant milles baisers sur son visage. Elle n’osa pas pleurer devant elle, elle lui offrit même son plus beau sourire, que ce soit son dernier souvenir… Grand-père était là aussi et elle croisa son mari qui ne lui adressa même pas un regard. Elle rentra avec son père à la ferme où elle resta le temps des jeux. Maya était si jolie dans sa belle robe, puis lors des interviews. Elle n’avait rien d’une guerrière.
Une fois dans l’arène elle ne put pas faire grand-chose, elle se fit rapidement tuée à l’intérieur d’une grotte par la gagnante de l’année, la vampire de soie. Sa mort fut brutale mais rapide et sa famille ne put rien en voir de par l’obscurité qui régnait, fort heureusement. Diane n’en voulut jamais à Zatanah, elle comprenait.
Diane se consacra alors corps et âme à son fils, transformant comme toujours sa peine en une formidable énergie afin de rendre le monde qui l’entoure meilleur, et cette fois plus que jamais. Mais elle se referma aussi sur elle-même, et cette attitude d’apparence presque désinvolte dégouta un peu plus son époux. Comment peut-elle sembler si froide alors qu’elle a perdu sa fille chérie ? Pourtant elle souffre, elle a mal et pleure certainement en son for intérieur mais elle est incapable de désigner un responsable, d’accuser quelqu’un, quelque chose. Elle ne peut pas haïr alors qu’elle n’a jamais connu que l’amour. Et elle fait son deuil à sa manière, une manière qui ne plait guère. Warren plonge doucement dans l’alcool et rejoint la rébellion, ce que Diane considère comme des terroristes. Il passe peu, seulement pour voir son fils, et quand il passe ils se disputent. Milly évite pourtant à tout prix la confrontation.
Et puis la malchance s’acharna. Un an après c’est le jeune Serioja, âgé de treize ans, qui fut tiré au sort. Diane s’effondra sous le choc, se reprenant juste à temps pour lui faire ses adieux. Comme un an plutôt avec Maya, Diane avait croisé son mari en rentrant et ce fut la dernière fois qu’elle le vit cette fois. Elle fit ses adieux à son fils de la même façon, profitant de chaque seconde, inspirant son odeur, caressant sa peau. Ce fut encore plus déchirant, il n’y avait pas vraiment de mots.
Elle quitta la pièce le cœur lourd, inspirant une grande bouffée d’air afin de ne pas se laisser aller. A sa grande surprise sa sœur l’attendait en bas des marches. Pâle comme un linge, soutenue par son mari mais elle était venue… Pour elle. Les deux sœurs avaient continué de se voir pendant toutes ces années, même si leur relation n’avait plus rien à voir avec celle de leur enfance. Ces derniers temps Phyllis était tombée gravement malade et qu’elle se déplace pour soutenir Diane dans cette épreuve fut totalement inattendu. Elles se prirent la main et rentrèrent ensemble chez Lilly où leur père les rejoignit. Diane y resta le temps des jeux, elle admira son fils lors de la parade, Serioja était tellement courageux et attachant pour un si jeune garçon qu’il séduisit le Capitole mais c’est tout ce qu’il parvint à faire. Lily avait un fils de quelques années de plus, un garçon charmant avec qui Diane et ses cousins s’étaient toujours très bien entendus. Et Serioja perdit la vie à son tour…
Diane regagna aussitôt sa ferme, seule. Warren était parti, et elle le savait, pour toujours, probablement pour finir de se lier à sa cause terroriste, et ce à temps plein. Et elle n’avait plus que sa sœur, son père et quelques rares amis. Et puis les travailleurs de la ferme bien sûr. Mais pendant quelques jours, elle congédia tout le monde et s’enferma chez elle, c’était le temps dont elle avait besoin pour accepter l’inacceptable. Elle médita, laissa probablement couler un peu sa peine, mais quand elle ressortie elle était fidèle à elle-même. Belle, souriante, positive. Sa force et sa volonté de vivre chaque instant comme le dernier avait de quoi rendre admiratif… et jaloux. Mais elle était aussi et surtout très réservée et elle n’avait pas envie de partager ni son amour pour ses enfants, ni sa peine.
Elle se replongea dans le travail, passa régulièrement voir sa sœur toujours plus malade, s’occupa beaucoup de son neveu qui venait même travailler chez elle et se proposa pour donner des cours du soir à l’école. Elle aimait toujours autant les enfants et avait besoin plus que jamais de leur présence. Parmi ses élèves il y avait le jeune Chase, un gamin très attachant qui lui faisait beaucoup penser à son fils… en plus turbulent. Son nom piquait sa curiosité aussi mais elle n’était pas du genre à se mêler de ce qui ne la regardait pas.
Certains la regardèrent d’un mauvais œil. Comment pouvait-elle sourire ? Pour eux, elle n’en avait même plus le droit, c’était de l’insolence que de s’afficher ainsi. Ils étaient jaloux sans doute, jaloux qu’elle ne soit pas rongée par la colère et la culpabilité, qu’elle arrive à vivre avec simplement parce qu’elle a compris dès son plus jeune âge que la mort fait partie de la vie. Que des sacrifices sont parfois nécessaires. Elle était biologiste et voyait la vie comme un grand tout, où la mort, la décomposition des corps servait à la renaissance, et à la vie à nouveau. Elle avait d’ailleurs planté deux graines d’arbre dans son jardin, à un an d’intervalle et récupérer deux chats, un mâle et une femelle, nés précisément trois mois après la mort de chacun de ses enfants. Chacun a sa façon de faire son deuil après tout.
Et puis vint le tour de sa grande sœur, sa chère Lily, de nourrir la terre. Une mort prévisible cette fois mais pas moins douloureuse pour autant.
Phyllis Nora Flores Gardener
2197 ~2237
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