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 Out in the woods

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MessageSujet: Out in the woods   Out in the woods EmptySam 18 Juin - 17:27





Out in the woods ...





Journée merdique. C’était un euphémisme … La première règle de l’expiation avait été annoncée ce matin. Les mentors « pouvaient » retourner dans l’arène cette année, s’ils le décidaient. Au moment de l’annonce, j’avais imaginé le pire. Pourquoi les mentors voudraient-ils retourner dans l’arène ? J’imaginais déjà la première règle, ou un trucage du tirage au sort, qui nous pousserait à y aller en envoyant un de nos proches. Faye. J’avais eu une pensée pour Mia, qui avait sa fille qui était en âge, ou Simon, qui craignait chaque année pour son frère. Même Zatannah avait une jeune sœur. Je ne savais pas pour tous, mais c’était presque une certitude pour moi ; ils n’allaient pas nous laisser le choix, pas autant qu’ils le laissaient entendre.

J’avais rédigé une lettre pour Faye, que j’avais glissé sous une latte du plancher, lui expliquant tout ; pourquoi j’étais resté distant avec elle toutes ces années, ce qu’elle devait faire pour s’en sortir, vers qui se tourner en cas de problème. Lorsque j’étais rentré, Azylis était en train de cuisiner. J’avais délibérément choisi de ne pas lui parler de ça … D’abord parce que ça n’apporterait rien que de la peur, et que j’avais un tas de détails à régler avant pour pouvoir répondre à ses questions. Ensuite parce que ça n’apportait rien à la mission. J’avais gardé le sujet sous silence pendant le repas, puis j’étais sorti une fois qu’elle était montée dans la chambre. J’avais besoin d’air. J’avais pris de quoi aller chasser même si la nuit tombait et que je ne pourrais pas le faire longtemps.

J’étais passé devant la maison de Brooklyn. Je ne savais pas trop si elle était là, ou si elle était seule. Peut-être était-elle en mission, je n’en savais trop rien. J’avais été mis sur une mission lorsque je me rendrais au Capitole, mais ma mission principale restait Azylis, aussi depuis quelques temps, on me tenait moins informé des petites choses qui se tramaient dans le coin. J’allais passer et voir. J’aurais pu avoir besoin d’un peu de compagnie ce soir.

J’avais été prudent sur le chemin, afin de ne pas être vu avec un arc ; ça pouvait paraître louche. J’étais passé par les petites ruelles, et j’étais arrivé à l’arrière de sa petite maison. J’avais frappé à la fenêtre, et je l’avais vu débarquer assez rapidement, la fenêtre s’ouvrant. J’avais chuchoté, on n’était jamais assez prudent.

« On fait une virée ? »

J’avais désigné la forêt d’un geste de tête, et la fenêtre s’était refermée. J’avais attendu conte le mur quelques minutes avant de la voir apparaitre. Vu l’heure, il valait mieux être discret, je ne dis donc pas un mot jusqu’à ce qu’on arrive à la clôture. C’était assez habituel pour nous, ce genre de sorties. Je faisais le gai pendant qu’elle passait, puis on inversait les rôles. Je trouvais le silence assez rassurant, en fait. J’allais bientôt retourner au Capitole, ou je devrais reprendre mon rôle de charmeur et entretenir les conversations sans intérêt des Capitoliennes. J’espérais que ça se passerait vite. Je ne pouvais pas parler à Faye, et je n’étais même plus vraiment chez moi à la maison. Brook était plus loquace d’habitude, mais je me doutais qu’elle cherchait comment aborder le sujet. Même lorsque comme elle, on n’a pas peur de dire ce qu’on pense, la situation actuelle était compliquée. Lorsqu’on fut assez loin, je pivotai vers elle une seconde. J’avais envie de parler, même si je n’en avais pas pleinement conscience … Mais pas tout de suite.

« On n’a que quelques minutes avant le coucher du soleil, on chasse avant que tu me fasses subir un interrogatoire musclé ? »


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MessageSujet: Re: Out in the woods   Out in the woods EmptyDim 19 Juin - 13:14




Out in the woods
Brooklyn & Melvil

Je mélange la bouillie dans mon assiette sans la manger. Je n’ai pas très faim de toute manière, sans compter que c’est dégueu. Je ne pense qu’à une chose : les jeux. C’est ma dernière chance d’être sélectionnée et en plus, ce sont les jeux de l’Expiation. Pas n’importe lesquels. Ce serait tout un symbole si j’étais tirée au sort. Encore plus si je les remportais. Je pourrais très bien me porter volontaire… Mais je sens que les autres membres de la rébellion ont déjà pensé à cette éventualité et établi tout un plan pour m’en empêcher. Mais le hasard fera peut-être bien les choses. D’autant que ça a l’air d’être un gros truc. Les mentors pouvant retourner dans l’arène… Une règle inédite qui nous a tous surpris. J’ai immédiatement pensé à Melvil et à Faye. J’ai encore vu la jeune fille dans l’après-midi. Elle aussi elle est candidate – involontaire – à la moisson. Et Melvil qui est loin.

Enfin loin… Je fronce les sourcils en entendant un bruit à la fenêtre. Personne n’avait fait ça depuis… depuis Blake en fait. Qu’est-ce qui se passe ? J’ouvre la fenêtre et…  ça fait combien de temps que je ne l’ai pas vu ? Combien de semaines de silence depuis qu’il jouait au jeune marié ? Et le voilà comme une fleur à ma fenêtre. Je lui en veux un peu. Aussi je ne dis rien. Je referme la fenêtre, pour aller chercher un arc, des flèches et un petit couteau de chasse. Il est l’un des rares que je considère comme un ami, mais l’absence de nouvelles, je ne la digère qu’à moitié. Néanmoins, je sais aussi ce qu’il doit ressentir. Sa petite sœur qui risque d’être sélectionnée, le fait qu’il puisse lui aussi être mobilisé pour les Jeux. Ça fait beaucoup à digérer et à accepter. Je sais aussi que c’est une chance pour moi d’entrer dans l’arène. Via Faye. Mais je sais que si je prononce cette hypothèse, ça va créer une bonne tension entre nous. Et je sais que dans tous les cas ce sera tendu. Je pourrai y aller franco et mettre les pieds dans le plat, mais comme je l’ai dit, il est l’un de mes rares amis, alors je fais gaffe. Visiblement, lui aussi est dans une stratégie d’évitement.

« On peut faire ça. Les gens crèvent la dalle dans le district, au moins on pourra leur rapporter quelque chose. Mais si tu te prends une flèche dans le cul, ce sera purement accidentel, ta chère « épouse » te soignera. »

Je passe devant lui en le percutant légèrement sur le côté. Je sais que c’est super injuste envers lui, mais je lui en veux. Je lui en veux d’être au chaud au Capitole quand ici on galère. Je lui en veux de jouer à la petite famille, quand ici on perd tous ceux qu’on aime. Je sais que c’est sa mission, mais ça me saoule. Il était déjà limite avant, vantant parfois quelques trucs du Capitole… Alors ça, maintenant… Je n’ai pas envie d’entendre le moindre truc bien à leur sujet. Encore moins au sujet de sa « femme » qui a osé bousiller certains de mes vêtements. Je fais quelques pas dans la forêt, mon arc prêt à décocher ses flèches. Il faut que je me nourrisse de ma colère, surtout si je dois être sélectionnée pour les Jeux. Si je peux avoir un lapin ou une perdrix, je pourrais au moins nourrir la famille qui vit dans la rue voisine à la mienne. Les gamins ne vont pas tenir encore longtemps sans viande.  Je me mets à trottiner, tous sens à l’affût. Quelque part, et même si je ne lui dirais pas, cette configuration me rassure. Le fait qu’il soit là, qu’il chasse avec moi ici. Généralement, quand les gens partent, ils ne reviennent pas… Je décoche une flèche, histoire d’orienter un animal vers Melvil.  Et histoire de voir si on est toujours une équipe.

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MessageSujet: Re: Out in the woods   Out in the woods EmptyDim 19 Juin - 22:28





Out in the woods ...



Je proposais à Brook de commencer par chasser un peu, tant qu’on n’était pas encore en pleine obscurité. D’ici une bonne demi-heure, on ne verrait plus rien

« On peut faire ça. Les gens crèvent la dalle dans le district, au moins on pourra leur rapporter quelque chose. Mais si tu te prends une flèche dans le cul, ce sera purement accidentel, ta chère « épouse » te soignera. »

Je levai les yeux au ciel, sans répondre. Brook était toujours dans la provocation, il était inutile de se lancer là-dedans car j’allais perdre. De plus, je doutais qu’Azylis ait de gros talents de soigneuses ; elle ne devait jamais en avoir vraiment eu besoin au Capitole. J’aurais voulu lui répondre que la mission n’était pas une partie de plaisir, mais j’aurais été hypocrite. Elle l’avait été vraiment au début, et elle restait toujours compliquée ; je ne pouvais pas être moi-même chez moi, je devais sans cesse faire attention à tout ce que je disais, ce que je faisais, quand je rentrais … Mais Az était une femme douce, et elle essayait de son mieux de me faciliter la vie à la maison. Dire que c’était insupportable d’avoir quelqu’un quand on rentre, qui s’inquiète pour vous et qui s’occupe de vous, même si c’était faux et inventé de toute pièce … Ca aurait été vraiment hypocrite.

Le coup de coude qu’elle m’envoya en passant me confirma qu’elle était d’une humeur glorieuse. Génial, tout ce dont j’avais besoin. Finalement, on allait peut-être continuer à chasser dans le noir, juste pour éviter d’avoir à se parler. Déjà, elle commence à trottiner, et je suis quelques mètres derrières. Ca, on sait faire. C’est notre « truc », et je sais que pendant quelques temps au moins, je n’aurais besoin de penser à rien d’autre qu’à la proie que l’on traquera. Elle s’arrête un instant, je la vois se mettre en place et tirer une première flèche. Je me tiens prêt à viser dès que l’animal sortira. Quelques secondes s’écoulent pendant lesquelles j’arrête de respirer … Et je vois l’animal passer devant moi. Je réfléchis rapidement à sa vitesse et je tire un peu devant lui. Bingo, dans l’œil. La chaire ne sera même pas touchée. Je m’approche du lièvre, retire la flèche et met l’animal dans mon sac. Je fais un signe de main  Brook pour lui signifier qu’on est bon, qu’elle peut continuer. Et elle repart. On refait régulièrement le même stratagème, ratant quelques cibles qui s’enfoncent directement dans les fourrées. En réalité, je crois qu'on aime mieux la chasse que la prise. Lorsqu’il fait trop nuit pour continuer, nous avons deux lièvres et un faisan. Pour quarante minutes de chasse, c’est plutôt bien. On tente de continuer un peu, s’obstinant à chasser dans une obscurité dérangeante, mais après quelques minutes, il est clair qu’on aura plus rien ce soir. Je remballe mon arme, Brook s’entête un peu mais elle finit par suivre.

« On dépouille chez toi ? Chez moi c’est pas possible, pour les raisons que tu connais. »

Je devance, persuadé que sinon elle proposera rien que pour avoir le plaisir de m’entendre dire non. On avançait doucement, et je savais bien qu’il fallait que je lui parle. Je ne savais juste pas par où commencer, dans la longue liste de faveurs que j’avais à demander …

« Brook … Faut que je te dise que … J’suis pas venu là juste pour chasser. »

Bien Melvil. Parce qu’en plus de pas avoir donné de nouvelles pendant des jours, quand tu le fais c’est intéressé. Là c’est sûr, tu vas la calmer … Mais c’est pour Faye. Tu dois le faire, c’est la seule à qui tu puisses demander ça …

« T’as entendu la règle ? Celle de l’Expiation ? J’ai peur Brook. Je sens venir le truc. Le sort ne sera pas favorable à Faye cette année, tu comprends ? C’est la seule façon qu’ils aient de s’assurer que les mentors y retournent. Ils vont truquer les tirages, j’en suis persuadé. »

Je la regardais en marchant. Elle était vive, maligne. Il n’était pas possible qu’elle ne voit pas là où je voulais en venir. C’était bizarre. On s’était sans doute éloigné plus que je n’aurais voulu le croire au cours des dernières semaines. Il n’était habituellement pas si dure de lui parler.

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MessageSujet: Re: Out in the woods   Out in the woods EmptyDim 19 Juin - 23:13




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Brooklyn & Melvil

Ce qui prouve qu’il y a clairement quelque chose qui cloche entre nous ? On rate nos cibles. Pas toutes, heureusement, mais on sait y faire normalement. Là, je sais où ça pêche de mon côté : je lui en veux. Mais du sien ? C’est assez facile à deviner. Les Jeux. Je ne fais pas attention à l’heure qui s’écoule lentement. Je préfère chasser, parce que c’est quelque chose de connu et de familier, parce qu’on n’a pas besoin de parler, parce que c’est une pause dans tout le bordel qu’est notre vie. Même quand la nuit tombe, quand mes yeux ne discernent plus grand-chose, je veux continuer, mais l’énervement pointe quand je rate ma cible pour la troisième fois. Jamais su m’arrêter à temps, c’est ce que Melvil me dit souvent. Ça a été vrai une fois d’ailleurs. Je reviens alors vers lui, m’apprêtant à lui sortir une vacherie… Qu’il a dû sentir arriver.

« Comme tu m’as dépouillée une fois ? Oui, je comprends qu’on ne puisse pas le faire chez toi. »

Pure provocation, je sais. Pas sympa, je sais. J’avais besoin qu’il revienne, même si je ne veux pas qu’il le sache. Je tapote son torse, le regard volontairement provoquant, avant de reprendre la route de ma maison. Ma maison… Celle de ma mère en fait, dont j’ai héritée il y a deux ans. Et on est doués pour le silence… jusqu’à ce qu’il le brise. Oh, grande révélation, il n’est pas venu que pour chasser.

« Je me doute que ce n’est pas que pour chasser que tu as quitté ton chez toi pour venir à ma fenêtre à la tombée de la nuit. Sinon je vais bien, je te remercie. Et ta sœur aussi.»

J’écoute la suite. Evidemment. Bien sûr que j’ai entendu la règle, bien sûr que sa déduction est plus que logique. Je peux comprendre sa détresse, je peux entendre qu’il ait envie de protéger sa sœur, comme j’aurais dû protéger mon frère. Il n’a rien à dire. J’y ai songé et je sais exactement ce qu’il attend de moi. Je pourrai le laisser me supplier, juste pour me venger. Je n’aime pas ce moment, j’aime pas du tout être en colère parce qu’il est parti et en même temps être contente qu’il soit là.

« T’as rien à dire. Tu m’as demandé de veiller sur Faye. C’est ce que je fais et ce que je vais continuer à faire. Prépare les nôtres, si le nom de ta sœur est tiré au sort, je serai volontaire. Juste pour le plaisir de compromettre leurs plans et de voir leurs mines déconfites en voyant qu’ils n’enverront ni le tribut prévu ni le mentor qu’ils voulaient piéger. »

Tout le monde serait gagnant dans cette configuration. Et moi j’aurai ma vengeance, j’aurai enfin ce que je veux. Je lui intime le silence quand on quitte la forêt pour revenir vers la ville. Inutile de prendre le risque de se faire remarquer. Je lui ouvre ma porte et rentre en première, j’ai confiance en lui pour la sécurité, avant de lui désigner la table, pour y déposer nos proies. Grâce à la prise d’aujourd’hui, je pourrai vendre la peau et les poils aux tanneurs avant de redistribuer la viande pour les plus pauvres du district. Je vais faire chauffer un peu d’eau pour nous préparer du thé.

« Dès l’instant où la moisson sera faite, il faudra que la rébellion se réunisse. Ces jeux… comme tu dis, ils cachent forcément quelque chose, il faudra frapper un grand coup pour les mettre à mal. »

Je ne le regarde toujours pas, c’est plus facile de parler de la rébellion, de tout ce qui peut être tenté, plutôt que d’affronter le cœur du problème entre nous ou de reconnaitre que j’avais de fortes chances de crever si je rentrais dans l’arène. J’attrape le faisan que je commence à déplumer, laissant tomber les poignées de plumes dans un sac en toile de jute. Je ne cherche pas son regard. C’est plus facile de rejeter les gens quand on sait qu’on va les perdre.

« Tu as l’air d’aller bien. Et je t’assure que tu n’as pas à t’inquiéter pour les Jeux. »

J’arrache violemment une série de plumes. Ouais, il y en a qui vont bien, qui ont un petit chez eux douillet, ici, il n’y a eu personne depuis des semaines.

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MessageSujet: Re: Out in the woods   Out in the woods EmptyMar 21 Juin - 0:15





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« Comme tu m’as dépouillée une fois ? Oui, je comprends qu’on ne puisse pas le faire chez toi. »

Je la fixai quelques instants. Oui, j’avais senti que j’allais m’en prendre plein la tête, mais là c’est un coup bas. Surtout qu’elle sait parfaitement que je regrette de l’avoir fait, vu notre différence d’âge et le fait qu’elle ne soit techniquement pas majeure, et qu’elle l’était encore moins  cette époque-là. Mais c’est ça qui l’amuse, au fond. De me le rappeler de temps en temps pour que je n’oublie pas mes faiblesses. Le regard qu’elle me lance et tout simplement dérangeant. Parce qu’elle me lance un regard voulant sous-entendre quelque chose, mais mêlé à une sorte de colère. Alors je sais bien que j’ai pas géré sur ce coup, que j’aurais dû passer prendre des nouvelles. Mais bon sang, j’me suis pas vraiment tourné les pouces.

« Je me doute que ce n’est pas que pour chasser que tu as quitté ton chez toi pour venir à ma fenêtre à la tombée de la nuit. Sinon je vais bien, je te remercie. Et ta sœur aussi.»

Ça, je me le reçois en pleine face. J’encaisse, parce que je sais qu’elle n’attend qu’un mot plus haut que l’autre de ma part pour provoquer une belle joute verbale et vider son sac plus rapidement. Mais si toutes ses lances sont aussi affûtées que celles-ci, je crois que je préfère les Hunger Games. Parce qu’elle vise là où ça fait mal. Elle sait très bien pourquoi je suis si distant avec ma sœur. Beaucoup chez les rebelles le savent. Mais elle est l’une des seules à savoir à quel point ça me coûte.

« T’as rien à dire. Tu m’as demandé de veiller sur Faye. C’est ce que je fais et ce que je vais continuer à faire. Prépare les nôtres, si le nom de ta sœur est tiré au sort, je serai volontaire. Juste pour le plaisir de compromettre leurs plans et de voir leurs mines déconfites en voyant qu’ils n’enverront ni le tribut prévu ni le mentor qu’ils voulaient piéger. »

Je ne la regarde pas … Parce que franchement, j’ai honte de ne pas être venu plus souvent. Parce que malgré tout, elle propose sans la moindre hésitation, sans même que j’ai à le formuler … Elle propose de prendre la place de Faye. Juste comme ça. Et elle se donne même la peine de faire comme si elle le faisait juste pour emmerder les rebelles. Alors bien sûr, je sais que je ne le mérite en rien. Je sais que je ne peux pas le lui demander … Mais au fond, je sais aussi que je ne peux pas refuser ; c’est un luxe que je n’ai malheureusement pas. Toutefois, elle a tort sur un point … Point que je n’ai pas le temps d’aborder, parce qu’on dépasse déjà la clôture et que le silence est de mise.

On marche un petit moment avant d’arriver chez elle. Elle rentre. Je jette des regards autour, reste quelques secondes de plus pour m’assurer que personne ne nous a suivi, mais ce n’est pas le cas. Ça l’est rarement avant les moissons, tout le monde se calme. Tous, pacificateurs et rebelles trouvent leur place auprès de leurs familles, tant qu’elle est sûre d’être encore au complet. Je referme la porte et voit que Brooklyn s’affaire déjà sur la première prise. Elle a déjà mis l’eau du thé à chauffer, alors je vais m’installer à côté d’elle, retrousse mes manches et commence à dépecer le second lièvre. C’est elle qui brise le silence en premier.

« Dès l’instant où la moisson sera faite, il faudra que la rébellion se réunisse. Ces jeux… comme tu dis, ils cachent forcément quelque chose, il faudra frapper un grand coup pour les mettre à mal. »

Des banalités sur la rébellion, voilà ce qu’elle a trouvé de mieux. Ca et s’acharner sur le cadavre de ce pauvre faisant. Je ne réponds rien. Il n’y a rien à répondre à ça … Oui, on frappera fort. Comme toujours. On va faire quoi, tabasser une bande de Capitoliennes sans défenses pendant qu’on laissera gentiment nos gosses aller aux jeux ? Brook … Tu sais aussi bien que moi qu’on n’a pas les moyens de frapper fort, sinon on l’aurait fait depuis longtemps. Mais ça, je le garde pour moi. Parce qu’on a déjà eu cette discussion des centaines de fois et qu’elle ne veut pas voir la vérité en face.

« Tu as l’air d’aller bien. Et je t’assure que tu n’as pas à t’inquiéter pour les Jeux. »

J’ai vraiment l’air d’aller bien ? Ce n’est pas ce que je ressens en tout cas. J’ai l’impression que tout va mal. Je lâche un petit rire amer lorsqu’elle me dit que je n’ai pas à m’inquiéter. Le pire, c’est que j’ai vraiment l’impression que c’est la première chose qu’elle dit sans une pointe de provocation. Et pourtant …

« Ouais t’as raison très bien même. Pourquoi je m’inquiéterais ? »

Je garde un calme apparent, tout comme elle. J’ai presque l’impression d’être au Capitole, à devoir me contenir comme ça …

« Parce que t’as tout prévu, tu t’occupes de tout, n’est-ce pas Brook ? Alors non, ma sœur n’ira pas aux Jeux, tout va bien. J’peux aller sereinement à la moisson, dans le pire des cas si Faye est tiré, c’est pas grave, ça sera que toi. »

J’étais resté calme jusque la fin de ma phrase, où mon poing et la tête du lièvre avaient violemment heurté l’établi, coupant le ton monotone de ma tirade en la faisant sursauter. Mon visage avait changé aussi, sans doute. Je sentais ma mâchoire complétement tendue. Je serais les dents, et repris ma tâche là où je l’avais laissée, sans prendre en compte les giclées de sang qui avaient éclaboussé un peu partout. Mon ton était redevenu calme, mais mes muscles étaient toujours tendus.

« Si tu penses une seconde que je vais te regarder monter sur cette estrade et te laisser y aller toute seule, tu te fourre le doigt dans l’œil. »


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MessageSujet: Re: Out in the woods   Out in the woods EmptyMar 21 Juin - 20:28




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Brooklyn & Melvil

Je sursaute, me mordant la langue pour ne pas répliquer à son attaque. Je le connais assez pour savoir que la colère gronde même s’il tente de la contrôler. Et moi aussi, je me force à contrôler. J’ai envie de lui hurler tout un tas de choses à la tronche et pourtant je reste là, à regarder le crâne du lièvre qui a pris cher. Il y a du sang partout, c’est dégueulasse.  Le pire c’est qu’on ne se regarde toujours pas. Deux abrutis rivés sur des carcasses d’animaux, incapables de se parler. Mais la suite… La suite m’emmerde, elle me fait mal et me renvoie mes propres incohérences en pleine face. Je lui en veux d’avoir disparu sans donner de nouvelles ni en prendre mais d’un autre côté, je ne veux pas, je refuse de compter au point qu’il fasse une connerie monumentale.

« Ce serait la pire des stupidités que tu pourrais faire ! Ils veulent que les mentors reviennent dans l’arène, tu ferais exactement ce qu’ils veulent ? »

Je sais très bien pourquoi il le ferait, je le sais au plus profond de moi, mais je ne veux pas le savoir en danger dans l’arène, je ne veux pas qu’on se sacrifie pour moi. J’ai échoué à être une bonne grande sœur, j’aurais dû me porter volontaire à l’époque. Je ne l’ai pas fait, je ne veux pas qu’on le fasse pour moi. Lui encore moins. Je me force à ne pas penser à ce qu’il a dit, à ce qu’il a sous-entendu. Je ne veux pas compter pour les autres, même si ça me fait mal, comme ça m’a fait mal qu’il ne donne pas de nouvelle en jouant à la petite famille. Je n’ai pas de famille, je n’en ai plus à cause du Capitole, à cause de moi. Je suis une des rares à n’avoir personne, c’est aussi ce que j’ai voulu. Personne à qui manquer. Je sais que c’est plus compliqué que ça, que je m’illusionne un peu. J’ai foiré en étant amie avec lui, même si j’ai tendance à croire qu’on serait efficaces ensemble dans les Jeux.

« J’ai rien prévu du tout, Melvil. J’ai pas prévu que mon père meure, que mon frère soit tué dans l’arène et que ma mère se tue. Mais c’est comme ça. Et aujourd’hui, J’ai pas prévu que tu partes, j’ai pas prévu que t’aies cette mission, j’ai pas prévu qu’ils truquent les jeux. Je me contente de faire avec et d'essayer d'avancer dans toute cette merde. »

J’ai haussé un peu plus le ton, en même temps que je me suis relevée, mains fermement posées sur la table tachée de gouttes de sang. Ça me rappelle la fois où j’ai tué le Vainqueur. Le sang sur mes mains, sur mes vêtements. Et cette colère. C’est toujours la même. Généralement, je ne la focalise que sur le Capitole et sur les actions des rebelles. Je ne voulais pas me battre avec lui. J’aurais voulu boire un verre avec lui, rire avec lui, passer du bon temps. Mais il n’a pas le droit. Il n’a pas le droit de me manquer, d’avoir une espèce de vie à laquelle nous ne pouvons même pas rêver… même si c’est du faux. Si c’est vraiment du faux…

« Laisse-moi aller seule là-bas si c’est un piège. »

Car il a raison sur un point : ce n’est « que » moi. Pas une sœur. Pas une fille. Pas une compagne. Peut-être que je lui manquerai, mais il avancera. Il y aura moins de perte que si c’était quelqu’un comme Faye qu’on envoyait. Je suis toujours debout, la respiration un peu saccadée. Ce n’était vraiment pas ainsi que j’espérais passer le moment de son « retour » ici. J’avale une gorgée de thé chaud, pour essayer de me remettre les idées en place et croyant qu’avec un petit miracle ça suffirait à couper court à la conversation.

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MessageSujet: Re: Out in the woods   Out in the woods EmptyMer 22 Juin - 19:50





Out in the woods ...



« Ce serait la pire des stupidités que tu pourrais faire ! Ils veulent que les mentors reviennent dans l’arène, tu ferais exactement ce qu’ils veulent ? »

Je souris. De toute façon, quoi que je fasse, mon choix ne serait pas vraiment le mien, n’est-ce pas ?

« Oui, et si j’y vais pas je fais exactement ce que les rebelles veulent. Pour une fois, je ferais peut-être juste ce que moi j’aurais décidé. »

Je savais que cela n’allait pas améliorer mon cas, que de lui dire que je ne serais pas plus le pantin des rebelles que celui du Capitole, mais je ne pouvais pas toujours la ménager. Il fallait bien qu’elle l’entende ; ils n’étaient pas parfaits non plus.

« J’ai rien prévu du tout, Melvil. J’ai pas prévu que mon père meure, que mon frère soit tué dans l’arène et que ma mère se tue. Mais c’est comme ça. Et aujourd’hui, J’ai pas prévu que tu partes, j’ai pas prévu que t’aies cette mission, j’ai pas prévu qu’ils truquent les jeux. Je me contente de faire avec et d'essayer d'avancer dans toute cette merde. »

Le ton était monté. Elle était si dégourdie qu’il m’arrivait parfois d’oublier à quel point elle était jeune, mais là je le voyais très clairement. Elle avait grandi trop vite, trop souffert elle aussi. Elle aussi avait perdu beaucoup de gens, plus encore que moi, et plus jeune. Mais elle n’avait pas besoin de me le rappeler … Je savais tout ça. J’aurais voulu l’attraper, la prendre dans mes bras et lui dire que tout irait bien, mais je n’aimais pas mentir. Tout n’irait jamais bien pour les gens comme nous … Pas dans ce monde, dans aucun des deux « camps ». Je nettoyais mes mains alors qu’elle me tournait déjà le dos, prenant son thé comme si de rien n’était. C’était presque comme si cette discussion pouvait bien se terminer.

« Laisse-moi aller seule là-bas si c’est un piège. »

Je soupirais avant de me retourner vers elle. Elle ne pouvait pas vraiment penser que j’allais la laisser prendre la place de Faye, sauver ma sœur et la laisser aller mourir là-bas toute seule ? Quel genre d’homme serais-je pour envoyer une jeune femme à la place d’une autre sans bouger le petit doigt ? Oui, une jeune femme. Brook et Faye avaient finalement le même âge. Je tentai de ne pas trop m’attarder sur cette idée, compte tenu de ce qui s’était passé entre nous. Le simple fait d’imaginer Faye avec un homme de dix ans de plus qu’elle … Non, ça m’étais juste impossible.

« Ecoute Brook, je … »

Je réfléchis quelques secondes avant de terminer cette phrase. J’avais envie de lui dire qu’on avait qu’à juste oublier le débat, qui n’aurait peut-être même pas lieu d’être, mais l’Expiation approchait. Ca n’aurait pas été juste de lui laisser penser qu’elle pouvait gagner, ou même qu’elle avait son mot à dire.

« Je n’ai aucune envie d’y retourner. Crois-moi quand je te dis ça, c’est la dernière chose sur terre que je veuille faire. Ma première arène, Brook … J’en rêve encore, chaque nuit. Je me souviens de chaque moment, de chaque visage … Même de l’odeur atroce lorsque j’ai laissé ses gosses brûler dans le cratère après les  avoir enfermé. Et tout ce qui vient après … Quand tu crois que tu as gagné, et que tu te retrouves pris au piège au Capitole … Au début, quand j’ai entendu la règle, j’ai même cru que … »

Je lâchais une sorte de léger rire amer.

« … J’ai pensé que même pour Faye, je n’en serais peut-être pas capable. Mais si je rêve de l’arène chaque nuit, je pense à Kaly tous les jours. A l’impuissance que … »

Ma voix se brisa. Je n’avais pas envie d’en parler, pas plus qu’elle.

«  Je sais que tu comprends ça, mieux que personne, malheureusement.  C’est pour ça que je sais que tu comprendras que si c’est Faye ou toi, ou que tu portes volontaire pour elle, et que cette fois j’ai l’occasion d’y faire quelque chose, j’irais. C’est comme ça, il n’y a rien à ajouter là-dessus. Pour les autres, je ne sais sincèrement pas encore. Je ne sais pas si j’arriverais à rester assis sans rien faire alors qu’on envoie deux gosses de notre district et que j’aurais l’opportunité de pouvoir les sauver. Je ne sais pas encore, mais ce que je sais c’est que ça sera mon choix. Pas celui du Capitole, pas celui des rebelles et pas vraiment le tien non plus. Le sujet est clos.»

J’avais pris mon thé, moi aussi en espérant que cela allait définitivement clore le débat. Je savais bien qu’elle devrait lutter pour ne pas me combattre sur ce coup, mais j’espérais que si je lui fournissais un sujet suffisamment intéressant à ses yeux pour détourner son attention, j’avais peut-être une chance. Alors j’enchainais.

« Allez, oublions ça. Raconte-moi plutôt ce que j’ai raté du côté du treize. »

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MessageSujet: Re: Out in the woods   Out in the woods EmptyMer 22 Juin - 22:27




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Pas ce que les rebelles veulent. Ce que je veux. Mais ça, on s’en fout, pas vrai ? Ce qui est extraordinaire avec cette vie c’est qu’à chaque fois qu’on pense que c’est déjà bien pourri et bien merdique, la situation s’aggrave toujours. Et ce calme là, avec lequel il me répond, ça a le don de m’énerver encore plus. Je lève les yeux au ciel. Combien de fois avons-nous eu cette conversation ? Je n’en sais rien, mais ce ne sera certainement pas aujourd’hui qu’on sera d’accord. Parce qu’aujourd’hui, je suis contrariée, rassurée, énervée, contente qu’il soit là et tout un tas d’autres choses.

Ma gorge se noue quand il se met à me raconter ses Hunger Games. C’est dans ces moments-là que je me rends compte du fossé entre nous. Je ne sais pas ce que ça fait que de devoir tuer tous les autres pour gagner. Mon frère n’a même pas eu le temps de découvrir ce que ça fait que de tuer quelqu’un. Moi j’ai tué, en dehors de l’arène. Et ça ne m’a rien fait. Ni l’odeur du sang, ni une once de culpabilité. Je détourne le regard quand il se met à parler de Kaly. Ça par contre, c’est quelque chose qui nous rapproche. On a tous deux perdus un lien du sang. Je me doute que l’arène est effrayante, je me doute que ça doit être horrible. Mais je veux quand même le faire, je veux y aller, pour Blake. Peut-être aussi pour mourir comme lui. Je n’en sais rien. En revanche, je plonge mes yeux dans les siens quand il ose le coup le plus bas du monde. Je voulais aller dans l’arène pour être avec mon frère, pour pouvoir faire quelque chose et il le sait. Je ne l’ai pas fait, et il le sait. Mais je n’aime pas ça du tout. Je déteste ça même. Il a encore une sœur, s’il meurt, elle aura qui ? Moi je ne compte pas.

« Je t’interdis de mourir, Melvil. Ça c’est ce que je veux, si jamais ça t’intéresse. Pas les rebelles, ni le Capitole. »

N’empêche que s’il est à ce point soucieux de ne faire que ce qu’il veut et non ce que les rebelles veulent, alors pourquoi il n’arrête pas tout son manège pour revenir avec nous ? Et il espère vraiment que je ne vais pas remarquer son changement de discussion ? Je suis toujours fâchée, au cas où il ne l’aurait pas remarqué. Je me rassois, reprenant mon travail sur le faisan.

« Ce que tu as manqué… ça dépend, tu veux la version enfant ou juste la mienne ? »

Parce qu’il faudrait qu’il cesse de prendre son ton calme d’adulte qui doit faire entendre raison à un gosse. Je ne suis plus une gosse, même s’il veut jouer au vieux crétin par moment, surtout depuis qu’on a couché ensemble. Et je déteste quand il fait ça. Une enfant, ça ne vit pas seul dans la maison où sa mère s’est tuée, une enfant, ça ne participe pas à des missions suicides, une enfant, ça ne fait pas ce qu’on a fait.

« Pour l’instant, on est tous concentré sur la mission que nous a donnée Sawyer. On a un plan si je ne suis pas appelée pour les Hunger Games. Mais tu devrais rester concentré sur la tienne. Elle avance d’ailleurs ? »

Il est question qu’on s’en prenne à la Noix, si on réussit ce sera un beau coup. Mais on sera au plus près du danger. J’ai besoin de ça pour exister, ou pour donner un sens au fait que moi je sois en vie et que tant d’autres soient morts. Je mènerai les troupes dans les mines, c’est du moins ce qui est prévu. Et je ne suis pas certaine que ce soit au goût de Melvil. De toute manière, il sera loin. Très loin. Soit au Capitole, soit avec son autre mission. Au moins je serai avec Zane, c’est déjà ça de pris.

« Je ne serai pas toute seule, ni avant ni pendant la mission, il y en a qui m’ont choisie. Comment va ta « femme » ? »

Oui, c’est une provocation, lui rappelant que d’autres me considèrent comme une femme. Et une femme forte en plus. Un petit rappel que le chef du district 13 m’a choisie pour cette mission, que Zane a spontanément voulu faire équipe avec moi. Je sais c’est ridicule, tout comme le changement de conversation sur sa mission. En plus je m’en fiche d’elle. Mais je n’arrive pas à éteindre ce bordel de sentiments et d’émotions. Et en plus j’ai faim.

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MessageSujet: Re: Out in the woods   Out in the woods EmptyJeu 23 Juin - 20:54





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« Je t’interdis de mourir, Melvil. Ça c’est ce que je veux, si jamais ça t’intéresse. Pas les rebelles, ni le Capitole. »

Je ne répondis rien. Qu’est-ce que je pouvais répondre à ça ? Moi non plus je ne voulais pas qu’elle meurt. Malheureusement, ça n’était pas vraiment de notre ressort. Tous les hommes doivent mourir … Cela semblait clôturer cette désagréable discussion, aussi je décidai de ne pas renchérir.

« Ce que tu as manqué… ça dépend, tu veux la version enfant ou juste la mienne ? »

Elle marqua une pause. Attendait-elle que je me défende ? J’aurais peut-être dû, mais sincèrement je n’en avais pas la force. J’aurais vraiment aimé me détendre. Peut-être que si j’ignorais ses piques, elle finirait par se calmer toute seule … Malheureusement, je la connaissais assez pour savoir que ça se terminait rarement comme ça.

« Pour l’instant, on est tous concentré sur la mission que nous a donnée Sawyer. On a un plan si je ne suis pas appelée pour les Hunger Games. Mais tu devrais rester concentré sur la tienne. Elle avance d’ailleurs ? »

La fameuse mission. Que ce soit celle à la Noix ou celle au Capitole, les deux étaient bien dangereuses. On serait sans doute plus en sécurité dans l’arène, si j’avais bien compris les enjeux. J’étais rassuré cependant de savoir qu’elle avançait bien de leur côté.

« Ah oui, j’ai dû recruter une fille du dix y’a pas longtemps pour cette mission, Leanore … Ils ont eu le temps de la former pour qu’elle vienne avec vous ? »

Leanore. Cette fille était trop jeune et trop naïve pour la rébellion. J’avais du faire son rite de passage, parce qu’on me l’avait demandé et que je mettais un point d’honneur à présenter tous les dangers et les aspects négatifs de la rébellion à ceux qu’on prenait. Lorsqu’on était rebelle, on ne partait pas, c’était un engagement pour la vie. Je n’avais pas envie qu’on leur vende des choses merveilleuses et qu’ils ne se rendent compte qu’ensuite de ce qu’on attendait vraiment de ces jeunes …

« De notre côté, ça va être compliqué. Héspéros ne peut pas nous aider ce soir-là, il a une réunion au sommet. Et on m’a refilé le mentor du quatre, qui a le courage d’un gosse de dix ans et un énorme poil dans la main. Heureusement qu’il y a Simon, sinon c’était couru d’avance. Mais sans Héspéros pour nous tirer de là en cas de problème, ça va restreindre notre champs de manœuvre, faut vraiment qu’on se trouve une porte de sortie … »

Et voilà, c’était parti. La conversation se détendait, comme c’était souvent le cas lorsqu’on parlait de ce genre de choses. Pace que dans le coin, Brooklyn était la seule avec qui je pouvais vraiment en parler à bâtons rompus. Et puis, j’aimais partager mes plans de bataille et mes inquiétudes avec elle, car elle était souvent de bons conseils. Elle m’avait plusieurs fois trouvé des solutions à des soucis que je pensais insolubles …

« Je ne serai pas toute seule, ni avant ni pendant la mission, il y en a qui m’ont choisie. Comment va ta « femme » ? »

Bordel Brook. Tu peux pas te tenir cinq petites minutes ?! Je la fixais un instant. L’ignorer n’allait servir à rien. En plus, je n’en avais pas envie. Parce qu’il était trop facile de faire passer tous ses piques sur le dos de son caractère de merde. Ma vie n’était pas toute rose non plus ; j’avais des emmerdes aussi grosses que les siennes, et j’en avais marre de la jouer molo pour ne pas énerver miss Lefevre.

« Ca va, t’as terminé ? Parce que si c’est pour que ça soit ça toute la soirée, franchement, je préfère rentrer je te le dis. »

Je m’étais rapproché d’elle. Pas question de rester à distance, elle allait me regarder dans les yeux même si je devais lui tenir la tête à deux mains pour qu’elle le fasse.

« Azylis, parce qu’elle a un prénom, ne va pas « bien ». Elle a été battue par NOS collègues alors qu’elle ne savait même pas par quel bout tenir une arme. Elle a été tellement battue qu’elle ne se souvient plus de rien, et je dois lui faire croire qu’on a eu toute une vie ensemble, qu’on est mariés … Elle est enfermée chez moi toute la journée, et elle culpabilise de ne se souvenir de rien, de ne pas se souvenir de son mari. Et moi, je l’ai soignée, bordée quand elle pleurait le soir parce qu’elle a peur que ces hommes reviennent finir le travail, et je dois mentir tous les jours dans ma propre maison à cette femme qui est douce et gentille, tout en sachant que si elle devait se souvenir de quoi que ce soit, je devrais l’éliminer sans délai. Alors non, elle ne va pas bien. Et moi non plus. »

Je m’étais encore rapproché d’elle, la surplombant et la fixant avec une colère silencieuse, mais très visible. Je secouais la tête.

« Tu veux que j’arrête de te traiter comme une gosse Brook ? Commence peut-être par arrêter de te comporter comme une. »

Je posai ma tasse sur la table à côté d’elle et attrapai mon manteau. Ce n’était vraiment pas la soirée que j’avais en tête, encore moins celle dont j’avais besoin. Je préférais encore m’assoir dans mon canapé avec un verre comme un vieil ivrogne que devoir sans cesse me justifier d’une mission qu’on m’avait imposé – il ne faudrait pas l’oublier. Brook voulait faire la gueule jusqu’à ce qu’elle se termine ? Grand bien lui fasse, mais je n’avais pas à rester et à subir ça. Ma coupe était déjà bien assez pleine.

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MessageSujet: Re: Out in the woods   Out in the woods EmptyVen 24 Juin - 0:30




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« Normalement elle devrait venir, mais on avance sur des sables mouvants… »

Que cela concerne sa participation ou la mienne, la faute à tout un tas de données extérieures. Surtout que si je ne suis pas appelée lors de la Moisson, je guiderai ma troupe dans les mines. Et il sait ce que ça signifie pour moi. Visiblement, lui aussi est bien en peine avec ses propres données extérieures.

« Il suffit de ne pas vous faire prendre. »

Je lui souris. Ce n’est pas la bonne réponse ? Leur mission est quand même compliquée. Toutes les missions le sont, mais là… au Capitole, au cœur même du système… Je me cale un peu contre ma chaise.

« Les hommes sont faillibles. Mais y a d’autres moyens. N’oublie pas ce qu’il y a dans les bois. Des plantes qui, bien préparées, vous rendront votre scientifique des plus dociles et coopératifs. Ce sera nettement moins salissant que la manière forte. Et en plus, les traces dans l’organisme finissent par disparaitre. Mais il serait aussi facile de faire passer sa mort pour une surdose accidentelle. Quant à ce qui est d’extraire le… truc là, n’oublie pas que si jamais ça commence à sentir le roussi pour vous, la meilleure planque ça reste l’ennemi. Un ennemi qui transporterait votre marchandise sans le savoir… »

Ce ne sont que des pistes, rien de bien précis, d’autant que je ne connais pas tous les tenants et aboutissants de la mission. Ils ont même certainement un plan très bien rôdés et mes bribes de stratégies doivent lui paraitre bien pathétiques, mais il sait que je fonctionne comme ça, en réfléchissant à voix haute, et en agissant comme si j’avais mon mot à dire. Parce que ça me donne une apparence de contrôle, comme si je participais un peu à cette mission qui est la sienne, qui le tient loin d’ici, et dans laquelle je ne peux rien en réalité, alors que je pourrais le perdre. Enfin, perdre tous les participants.  

Et il y a une autre mission sur laquelle je n’ai aucun contrôle et qui le tient éloigné et qui a le don de prodigieusement m’agacer. Je sais très bien que je n’aurais pas dû m’avancer sur ce terrain, mais c’est un peu trop tard. Je ne réponds pas quand il menace de partir. Partir ils le font tous, il l’a déjà fait. Et il est revenu cette fois, même si je sais que c’est à cause des Jeux. Il y a tout un monde entre nous désormais. Et un continent qui s’appelle Azylis. Ok, elle n’a pas eu une expérience très sympa, ok, la situation est merdique, mais je ne comprends pas l’intérêt de cette mascarade. Pourquoi faire croire qu’ils sont un gentil petit couple, pourquoi donner une telle importance à cette mission ? Pour se donner bonne conscience ? Je n’ai pas du tout envie d’entendre le récit niais de leur relation toute mignonne à base de « je te borde ». Merde, quand on a peur, on se secoue ! J’essaye de détourner le regard mais il m’en empêche. Et ça, ça m’énerve encore plus. Mes doigts se crispent, mon poing se referme. Ce serait n’importe qui d’autre en face, le coup serait déjà parti. Je le regarde, les lèvres scellées, chacun de mes muscles tendu jusqu’à la corde. Je suis en colère. Tellement en colère. Et je sais même pas pourquoi. J’observe sa main qui abandonne la tasse, son geste en emportant son manteau, et moi je ne suis qu’un océan de colère. Ah, elle est douce et gentille… j’lui en foutrai moi, de la douceur et de la gentillesse. C’est une mission ! Et je détesterai d’ailleurs avoir ce genre de mission. Par bonheur, ils n’ont pas été assez idiots pour me foutre en opération séduction ou comédie de petite famille. Ni même de mission où je devrais donner le change au Capitole. Je ne ressemble pas à ces jolies jeunes femmes, je n’ai pas cette naïveté, et cette stupidité. Je le regarde partir. Il ne m’a jamais tourné le dos pour me laisser en plan volontairement. Jamais. Enfin pas depuis sa fameuse mission.

Je n’ai qu’à le laisser partir. Ça va changer quoi de toute manière ? On ne peut compter sur personne dans ce monde. S’attacher c’est de la pure folie. Et puis il y a de grandes chances que je sois morte dans les jeux de l’Expiation. Donc qu’il s’en aille.

La porte s’est refermée. Et je suis toute seule entourée de cadavres et de sang. Ça me rappelle vaguement quelque chose. C’est exactement ce que je veux, n’est-ce pas ? Pas d’attachement, pas de lien, juste la mission. C’était une erreur d’être amie avec lui. Alors pourquoi est-ce que je viens de balancer la tasse de thé à l’autre bout de la pièce ? Putain fait chier ! J’attrape mon arc et je me précipite à mon tour dehors dans prendre le temps de me couvrir. Personne n’est jamais revenu pour repartir. Ça ne marche pas comme cela dans ma vie. Quand je devine sa silhouette malgré l’obscurité, je bande mon arc, et je tire. Oh pas pour le toucher, non, mais pour l’obliger à s’arrêter en coinçant un des pans de son manteau. Bah quoi, je ne vais pas gueuler et rameuter toute la rue ? Je le fixe un instant, surtout quand il tourne la tête dans ma direction. J’ai une tonne de question à lui poser, mais la plus importante d’entre elle, je sais qu’elle ne franchira pas le seuil de mes lèvres. Pourquoi es-tu venu cette nuit, Melvil ? Juste pour sa sœur ? Pour fuir le mensonge de sa nouvelle vie ? Je m'avance vers lui. Je sais que n’importe qui de sensé l’aurait pris dans ses bras pour lui demander pardon, lui dire que c’était à cause de l’inquiétude, mêlée au soulagement qu’il soit là, à l’envie que j’avais qu’il reste comme avant. Mais moi je n’arrive pas à faire ou à dire ces choses-là.

« Je rapiécerai ton manteau. Il y a de la laitue sauvage dans les bois. A propos de ce que je t’ai dit. Ça… détend sacrément. Y a aussi simplement de la sauge, pour préparer un des lapins. »

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MessageSujet: Re: Out in the woods   Out in the woods EmptySam 25 Juin - 16:20





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Je claquais la porter derrière moi. J’avançai d’un pas rapide, hors de moi. J’étais en colère, complètement. Contre elle. Contre moi. Je n’étais pas certain de savoir. Bien sûr elle était à l’origine de ma colère ; il avait fallu, comme chaque fois depuis le début de cette mission, qu’elle la ramène sur le tapis. Elle ne s’en rendait sans doute pas compte, mais c’était en grande partie responsable de notre éloignement ces derniers temps. Si je ne pouvais pas lui parler à elle, alors à qui ? Mais je m’en voulais malgré tout, parce que c’était peut-être la dernière fois qu’on se reverrait avant les jeux, avant ces missions périlleuses, et que je n’aurais pas du laisser les choses se terminer de cette …

Quoi ?! Je venais de me recevoir une flèche. Elle m’avait à peine effleuré, attachant mon manteau à l’arbre côté. Je pivotai rapidement, même si au fond je savais. Brook.

« Putain Brook t’es malade ou quoi ?! »

« Je rapiécerai ton manteau. Il y a de la laitue sauvage dans les bois. A propos de ce que je t’ai dit. Ça… détend sacrément. Y a aussi simplement de la sauge, pour préparer un des lapins. »

J’avais décroché la flèche avant de me retourner vers elle. Elle était sérieuse, c’était sa son approche ?! J’haussais un sourcil.

« T’as vraiment des soucis. »

Mes yeux croisèrent les siens, et je ne pus retenir un demi sourire. Il s’élargit alors que je secouais la tête. Clairement, il fallait qu’elle apprenne à communiquer avec des mots, mais j’étais content qu’elle soit venue me « chercher ».

« Déjà tu vise très mal, le cœur est un peu plus haut, faut qu’on travaille ton tir.»

J’avais les yeux rieurs. Bon sang, j’avais envie de ça ; de la taquiner, de nous détendre, comme on le faisait avant. Avant cette mission qui s’était mise entre nous. Je m’étais rapproché, et j’avais poussé son épaule avec ma main vers la forêt.

« Allez, allons chercher un peu de sauge, mais j’te préviens c’est moi qui cuisine. Tu me feras plus jamais avaler ton gibier après l’horreur que tu nous as fait la dernière fois. »

Je fis une petite grimace alors qu’on avançait vers la forêt pour la deuxième fois de la soirée. En chemin, on passa pas loin de mon ancienne maison … Là où vivaient encore ma mère et Faye. J’y jetai un regard nostalgique avant de chuchoter à Brook.

« Ca me manque parfois de vivre ici. Faye était furieuse la dernière fois, quand t’es passée pour la mission et que j’ai du la virer. J’arrive pas à reconnecter avec elle … Parfois je me demande … Si je devrais pas juste tout lui dire … »

Mais on savait elle comme moi que je disais juste ça comme ça. Jamais je ne pourrais parler des rebelles Faye ; pas sans risquer qu’elle nous rejoigne. On repassa par la même route que plus tôt, toujours avec la même prudence et en silence. On ne s’enfonça pas très loin, y’avait de la sauge juste à l’entrée du bois. Mes yeux se posèrent sur un brin de laitue sauvage un peu plus loin. Je le désignais d’un signe de tête, puis je haussais un sourcil en regardant Brook avec un air amusé.

« Pour la mission je sais pas, mais nous ça nous ferait pas de mal de nous détendre un peu. »

Je la fixai en riant. Je plaisantais bien sûr.

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MessageSujet: Re: Out in the woods   Out in the woods EmptySam 25 Juin - 23:09




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Des soucis ? Oui, j’en ai peut-être, mais franchement, qui n’en a pas dans ce pays ? Bon, certes, j’ai des petits problèmes en communication, mais normalement, il sait interpréter, il me connait. Alors je reste là, silencieuse, dans l’espoir que lui brise le mutisme. Je souris à sa provocation.

« Ça tombe bien, ce n’était pas le cœur que je visais. »

Mais j’aime l’idée de travailler avec lui. Depuis quand ne l’avons-nous pas fait ? Des semaines… De très longues semaines. Et je ne pensais pas que ça me manquerait. Mais c’est le cas. Et c’est si facile quand on y met un peu du notre. Pas besoin de demander ou de pardonner, pas besoin de mots. En revanche, je ne peux m’empêcher de lui foutre un coup de coude dans les côtes quand il sous-entend que je cuisine mal. Ma mère avait bien essayé de m’inculquer quelques techniques, mais je dois reconnaitre que je n’ai jamais été très douée. Et puis, avec sa mort et celle de mon frère, j’accorde encore moins de temps qu’avant à la cuisine. Je me nourris pour survivre, pas pour satisfaire un quelconque plaisir. Qu’importe, je souris en avançant. Le temps qu’on partage aujourd’hui, là, maintenant, au moins, il est bien à nous. Personne ne nous le volera.

« Ça manque à tout le monde que tu ne vives plus ici. Elle a juste besoin de son grand-frère. Mais tu ne pourras reconnecter avec elle que lorsque tu auras du temps à lui consacrer. Rien qu’à elle. Elle n’a pas besoin de la vérité, peut-être même qu’elle pourrait se contenter d’un mensonge, du moment que tu serais là. »

Mais nous savons que malheureusement, tant que sa mission en cours ne s’achèvera pas, ce ne sera pas possible. Je pourrais le remplacer sur toutes les autres, pour lui laisser un peu de temps avec sa sœur, mais pour le moment c’est compliqué. Aurais-je dit à Blake pour la rébellion ? Je n’en sais rien, parce que je n’en aurais peut-être même pas fait partie. Je comprends son inquiétude, les dangers que cela représenterait pour Faye. Et c’est bien le seul domaine sur lequel je ne me permets pas de donner mon avis.

Je grimpe de nouveau la barrière, suivie par Melvil, pour aller ramasser quelques brins de sauge. Au moins, ce sera toujours meilleur que l’infâme bouillie que j’avais essayé d’avaler tout à l’heure. Je tourne la tête en souriant, un peu dubitative. Je rêve ou il propose de… Melvil Thorne ! Ça alors. Je ris doucement, fronçant toujours les sourcils. Gardant mon regard dans le sien quelques secondes, je récupère la laitue sauvage, en la coupant sans abimer la tige, dont il faudra extraire le suc. Je reviens alors vers lui, le frôlant délibérément.

« Je connais bien d’autres moyens de se détendre tu sais… »

Je souris sans le regarder, sachant très bien ce qu’il pense ou va me répliquer. Ceci étant, ce serait un vrai bon moyen de se détendre s’il ne se prenait pas à ce point la tête. Sentant un frisson me parcourir, je me détourne de lui, reprenant le chemin de la maison. J’ai dû attraper froid, évidemment.

« Mais je vais nous concocter une bonne tisane. Je te promets, ça ne fera pas de dégâts. Tu me fais confiance ? »

Selon la préparation, il est possible d’en faire un stimulant, un psychotrope ou simplement un dérivé de somnifère. J’en prenais quand j’avais des angoisses nocturnes après avoir vu mon frère et ma mère mourir. Avec prudence, nous retournons donc à la maison. J’ai froid, j’ai encore la chair de poule. Je décide donc d’allumer un feu dans la cheminée, qui renvoie un peu de poussière.

« Désolée, elle n’est pas bien entretenue. »

Pas vraiment le temps de m’en occuper…

« Laisse ton manteau là, je m’en occuperai après. »

Je me concentre alors sur l’extraction de la sève. J’incise avec précaution la longue tige, récupérant le précieux liquide dans mes tasses, avant de les mélanger à de l’eau chaude. Une sorte de thé amélioré. Je suis quand même contente qu’il soit là et qu’on partage un semblant de normalité, comme préparer un repas. Ce n’est pas vraiment ce que je fais avec les autres personnes qui gravissent autour de moi.

« Je… ça m’a manqué… J’ai eu… enfin…»

Peur que tu ne reviennes pas, que tu te fasses à cette vie… La vérité c’est que j’ai encore besoin de lui. Même si c’est stupide et dangereux. Je mélange nos tasses, je n’ai que cela à faire vu que je suis incapable d’aligner trois mots correctement. Et je pousse la sienne devant lui, souriant doucement. Je porte la mienne à mes lèvres. Les premiers effets se feront sentir assez vite, surtout avec le ventre presque vide. Mais j’ai toujours froid, impossible de me réchauffer.

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MessageSujet: Re: Out in the woods   Out in the woods EmptyDim 26 Juin - 0:40





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« Ça manque à tout le monde que tu ne vives plus ici. Elle a juste besoin de son grand-frère. Mais tu ne pourras reconnecter avec elle que lorsque tu auras du temps à lui consacrer. Rien qu’à elle. Elle n’a pas besoin de la vérité, peut-être même qu’elle pourrait se contenter d’un mensonge, du moment que tu serais là. »

Je secouais la tête. Je le savais, au fond. Mais c’était compliqué, sous plusieurs aspects.

« C’est difficile. J’ai manqué beaucoup, elle est en colère contre moi en permanence. Quoique je dise, quoique je fasse … Et puis, il y a trop de choses sur lesquelles je dois mentir. Et si on se rapprochait, elle voudrait passer chez moi. Même si Azylis n’était pas là, il a souvent quelqu’un d’autre, des rebelles qui passent … Si elle sent que je lui mens, ça sera pire. Elle a presque aussi mauvais caractère que toi … »

J’avais souris en disant cela. Je la taquinais, même si il y avait clairement un fond de vérité. On récolte les plantes qu’on est venus chercher, et alors que je plaisante en disant qu’on pourrait bien avoir besoin de se détendre nous aussi, je vois Brook se pencher pour ramasser la laitue sauvage en riant. Ma bouche s’entrouvre entre sourire et surprise.

« Je plaisantais. »

Apparemment, elle non, puisqu’elle en ramasse plusieurs brins. Je lève les yeux au ciel. Après tout, pourquoi pas. Ca faisait au moins cinq ans que j’avais pas pris ce genre de conneries, même au Capitole. Lorsqu’on nous en amenait pour prendre des choses avec les Capitoliens, je faisais toujours uniquement semblant d’en consommer : je devais toujours rester en pleine possession de mes moyens. Mais ici, après tout, ce n’était pas faux : je pourrais bien avoir besoin de me détendre un peu. Je la laissais donc ramasser ses plantes sans broncher, un petit air amusé sur le visage, même si au fond je savais que c’était une mauvaise idée. Ca commençait déjà mal … Brooklyn me frôla délibérément en passant et me regarda dans les yeux avec comme un air de défi.

« Je connais bien d’autres moyens de se détendre tu sais… »


Je levai les yeux au ciel.

« Si tu veux un massage, y’a qu’à demander. »

Ouais, je faisais l’autruche. C’était plus facile que de répondre sincèrement à sa provocation, ou pire de lui rappeler notre énorme différence d’âge, ce à quoi elle aurait sans doute répondu que cela ne m’avait pas toujours gêné. Ce qui était vrai. Ce que je préférais oublier.

« Mais je vais nous concocter une bonne tisane. Je te promets, ça ne fera pas de dégâts. Tu me fais confiance ? »

Je la fixais une seconde avant de répondre.

« Plus qu’à n’importe qui. »

Je détournai les yeux et pris le chemin de sa maison, à nouveau. Comme plus tôt, on resta complétement silencieux sur le trajet. Lorsqu’on arriva, elle tremblait comme une feuille, disant qu’elle avait froid. Elle commença à préparer un feu pendant que je nettoyais les feuilles pour préparer la sauce qui accompagnerait le lièvre. Des cendres tombèrent de la cheminée, et je laissais ce que j’étais en train de faire pour m’en rapprocher.

« Désolée, elle n’est pas bien entretenue. »

J’y jetai un œil ; elle était en effet très encrassée.

« Je te la ramonerais si tu veux, c’est dangereux de la laisser comme ça. »

Je posais mon manteau sur un siège.

« Laisse ton manteau là, je m’en occuperai après. »

J’acquiesçai. J’aurais bien répondu que c’était pas la peine, mais je réfléchis une seconde et me dis que je pourrais difficilement expliquer à qui que ce soit pourquoi j’avais un trou de flèche dans mon manteau, encore moins à des pacificateurs. Il fallait mieux le raccommoder.

Je me lavais les mains et commençai à préparer le repas. Je l’avais déjà fait chez Brook, aussi je me servais dans ses placards comme je l’aurais fait chez moi pendant qu’elle nous préparait « le thé ». C’était totalement différent de cuisiner chez Brook, déjà parce que ses placards étaient très vides. J’avais songé plusieurs fois à lui rapporter des choses, mais je m’en étais abstenu. Elle était trop fière pour accepter et aurait été capable de le prendre très mal. Je me contentais donc généralement de lui laisser la totalité de ce qu’on prenait à la chasse, ou presque. Je faisais donc avec les moyens du bord, mais ça allait quand même être bon. La sauge allait bien aider. Je pivotai très légèrement lorsque je l’entendis parler.

« Je… ça m’a manqué… J’ai eu… enfin…»

Je la fixe avec un léger sourire alors qu’elle s’arrange pour ne pas me regarder. Oh Brook. Ce que tu peux être compliquée. Je lance doucement la cuisson ; cela ne sera pas prêt avant deux petites heures, puis je me rapproche de la table et pose une main sur son épaule alors qu’elle termine de mélanger nos tasses.

« Toi aussi tu m’as manqué sale gosse. »

C’était ma façon à moi de toujours remettre les choses à leur place. L’appeler « gamine », « petite », « sale gosse », me permettait de garder en tête la grosse différence d’âge qui nous séparait, et de rester conscient des barrières que cela posait, barrière que j’aurais sinon eu parfois tendance à oublier. Elle poussa la tasse vers moi avec un sourire qui ne me rassurait pas du tout. Je fronçais les sourcils.

« Dis-moi, tu sais doser ce truc au moins ? »


Je regardais la tasse, un peu perplexe, avant de tremper mes lèvres dedans. C’était délicieux, et ça sentait bon. Cela avait l’air d’un simple thé en fait. Elle avait du aller molo, car je ne ressentais rien. Je bu presque la moitié de ma tasse avant de remarquer que Brook frissonnait. Je posai ma tasse et me rapprochais d’elle, portant ma main à son front.

« Ca va, t’as pas de fièvre. Faut te réchauffer, tu vas attraper la mort. »

Le feu ne prend pas assez vite, aussi, je passer derrière Brook et frictionne doucement ses bras avec mes mains pour la réchauffer. Voyant que Brook a terminé sa tasse, j’en fais de même avec la mienne. De toute façon, elle a du se tromper, ça n’a l’air de faire aucun effet. Le feu prend doucement alors que je passe mes mains sur ses bras de façon énergique, mais de moins en moins. Mon regard s’arrête sur son épaule où je vois de minuscules tâches brunes ; des grains de beauté. Mon visage s’en rapproche alors que j’observe l’étrange motif que cela forme, puis mes mains ralentissent et glissent doucement sur ses avant-bras, que je fixe à leur tour. Elle a de minuscules petits poils dessus qui sont dressés et j’incline ma tête. Woaw, Melvil. Je recule un peu et repasse devant elle, la regardant alternativement elle, puis le feu, puis la table.

« Woaw, ça cogne ton truc … »

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MessageSujet: Re: Out in the woods   Out in the woods EmptyDim 26 Juin - 12:40




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Je comprends la colère de Faye puisque moi aussi j’ai été en colère contre lui. Il se prend un nouveau coup de coude en commentant mon adorable caractère, mais pour avoir surveillé sa sœur, il faut admettre qu’on a parfois des réactions assez similaires. Le problème est insoluble pour le moment, mais il a besoin de laisser les mots s’échapper. On a tous besoin de décompresser à un moment ou à un autre. Ça tombe bien, je sais exactement quoi faire pour ça. Bon, il y aurait un moyen encore plus naturel que celui que je lui propose aujourd’hui, mais Melvil est assez… Vieux jeu par moment. Moi je n’ai jamais compris le principe de s’autocensurer dans ce monde qui nous musèle et nous presse assez comme ça.

« Je plaisantais.
- Moi pas, tu as besoin de lâcher prise et tu sais qu’il n’y a qu’avec moi que tu peux le faire… »

En toute confiance. Parce que je ne jugerai pas ses faiblesses et parce que personne d’autre ne saura, jamais. Mais c’est beaucoup plus facile de le taquiner et de le voir esquiver. Surtout quand il ouvre une nouvelle brèche avec une parade bien faible que je me ferai une joie d’exploiter ultérieurement. Ce qui est plus facile que d’affronter son regard de vérité. Ça c’est un moment gênant. Ça c’est une vraie mise à nue qui me met mal à l’aise. Mais pour l’instant, une bonne tisane nous attend. Ainsi qu’un bon feu, bien que celui-ci expose un peu plus au grand jour mon incapacité à tenir une maison. Et sa propension à lui à me tendre des perches longues comme pas permis. Dans ma tête, il y a toute une séries de répliques pourries qui fusent dans le style du « Oh oui, ramone la moi ».  Je parviens toutefois à les retenir, avec grande difficulté.

Nous sommes donc chacun affairé sur notre tâche. Si ma porte est rarement fermée, rare sont ceux qui sont en revanche libre d’agir comme chez eux. Melvil est l’un d’entre eux. Il n’est pas gêné par le vide qui caractérise ma maison, par les rares souvenirs de ma famille qui trainent encore. Il a été le seul qui a eu le droit de cuisiner chez moi. Quand j’ai trouvé ma mère pendue dans cette même pièce, les gens du voisinage ont voulu m’offrir à manger ou venir en préparer ici. J’ai refusé, je ne voulais de l’aide de personne, encore moins écouter. Puis il y a eu la rébellion, puis lui. Et je ne sais pas pourquoi. Je me suis pourtant fait une règle d’or : considérer les autres uniquement comme des êtres de passage. Sauf que j’ai besoin que son passage à lui soit un peu plus long, même si je ne sais pas lui dire. Je ne le regarde toujours pas, mais j’esquisse un sourire en l’entendant, avant de tourner vivement la tête vers lui.

« La sale gosse va finir par t’en coller une et tu ne feras plus le fier ! »

Oui, bon, on sait qu’il est peu probable que j’arrive à le maitriser vu la grosse différence d’entrainement entre nous, mais sur un malentendu…

« T’en fais pas. Tu vas te sentir bien très vite et tu dormiras comme un bébé, sans cauchemar, cette nuit. »

C’était le seul truc qui m’avait calmée il y a deux ans. Mes premières nuits complètes, sans me réveiller totalement épuisée. Aucun risque de mauvaise réaction avec le dosage que j’ai proposé. J’ai par contre un geste de recul inutile quand il approche sa main de mon front. Je ne suis franchement pas habituée à ce genre de geste. Surtout que personne ne m’a jamais fait ça à part ma mère ou mon père – autant dire que ça remonte. Qu’est-ce qu’il fait ? Ça, ça met mal à l’aise. Tuer, c’est un art de guerrier. Baiser, ça ne nécessite en réalité aucune intimité. Mais ça, là, ce geste pour me réchauffer…  Mais ce n’est pas si désagréable, et il a raison sur un point : ça réchauffe. J’en profite pour finir ma tasse. Je souris, comme une idiote, avant de froncer les sourcils. Jusqu’où il va descendre comme ça ? Ah bah nulle part en fait.

« T’as pas assez mangé avant de venir, c’est pour ça que ça cogne. Ça ira mieux en mangeant. »

Est-ce le moment de dire que j’en prends fréquemment quasi à jeun ? Fâcheuse tendance à sauter les repas.

« Pose tes fesses et écoute le crépitement du feu ou de la viande qui cuit. »

Je lui désigne un des deux fauteuils qui jouxtent la table. C’est encore plus petit quand on a pris le « thé ». Une pièce unique, avec une cheminée, deux fauteuils, un où mes parents s’asseyaient ensemble, et un autre où on se pelotonnait mon frère et moi, et un coin cuisine avec une table trop grande pour moi seule. Il y a aussi une minuscule sale d’eau, une petite pièce avec seulement un matelas au sol – la chambre de mon frère et de moi – et la chambre parentale. Je ne dors plus que dans le salon depuis deux ans. Jamais réussi à « prendre » la chambre de mes parents ou à dormir sur le matelas que je partageais avec Blake.

Je me cale dans le fauteuil à côté du sien, pour commencer à rapiécer le manteau que j’ai abimé. J’ai encore des frissons, mais entre les sources de chaleur et les effets du suc de la laitue sauvage, ça va aller de mieux en mieux.

« Le fauteuil où tu es. C’était celui de mon frère et moi. Je suis à peu près sûre qu’il y a encore nos empreintes de dents sur le tissu… Et la première trempe que je me suis prise, j’avais sept ans… Ma mère m’a vu déchirer un morceau de tissu dans l’accoudoir – je lui désigne la zone d’un mouvement de tête – et elle m’a fait tout un sermon sur le fait de ne pas abimer le peu qu’on avait. Mon père a su… Dès que j’avais un sou, je le planquais dedans. Le lendemain, il avait remis une pièce dedans. Y a toutes mes économies dedans, alors si tu le révèles à qui que ce soit, je devrais te tuer. »

Autant dire qu’il n’y a pas grand-chose. Vu le temps que je consacre à la rébellion, je ne vends plus beaucoup le produit de mes chasses. Je me contente de m’en nourrir, n’essayant de gagner ma vie que lorsqu’il faut réellement que je change des affaires et que le troc ne suffit pas. Je fais un grand geste de triomphe théâtral quand j’ai enfin terminé de m’occuper de son manteau et je me relève, parfaitement détendue, pour passer derrière Melvil.

« Alors, tu as l’impression que tu ne pèses pas plus lourd qu’une plume et que plus rien ne compte à part ce qui se passe ici ? »

Et comme pour accentuer mon propos, je me mets à lui masser les épaules et la nuque. Il est encore tendu. Entre les problèmes personnels avec Faye et les missions qui se multiplient, je me demande s’il lui arrive de penser à lui et pas au bien, au mal et à tout le reste. Je descends lentement, jusqu’à l’une de ses mains. Il y a pas mal de zone à presser, qui aide à se sentir bien.

« Et si j’ai envie d’un massage dans le bas du dos ? »

C’est lui qui a dit que je n’avais qu’à demander… et là j’éclate de rire.

« Ta tête sous laitue c’est juste excellent. Raconte-moi une blague ou fais un truc drôle!»

Je secoue sa main, le thé est en train de faire son effet sur moi.

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MessageSujet: Re: Out in the woods   Out in the woods EmptyDim 26 Juin - 17:42





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« La sale gosse va finir par t’en coller une et tu ne feras plus le fier ! »

J’éclatai de rire.

« Ca ça m’étonnerait, tu frappes comme une petite fille. »

Je sentais bien que j’allais finir par me le prendre ce coup, mais la taquiner et voir son air outré à chaque fois alors qu’au fond, ça n’avait rien de nouveau, ça valait le risque.

« T’en fais pas. Tu vas te sentir bien très vite et tu dormiras comme un bébé, sans cauchemar, cette nuit. »

J’avais des doutes là-dessus. Ca faisait plus de dix ans que je faisais des cauchemars toutes les nuits. Si un simple thé parvenait à changer ça, j’allais commencer à cultiver de la laitue dans mon jardin. Malgré tout, je ne pouvais pas nier que les effets commençaient à se faire ressentir. Je me sentais drôle.

« T’as pas assez mangé avant de venir, c’est pour ça que ça cogne. Ça ira mieux en mangeant.  Pose tes fesses et écoute le crépitement du feu ou de la viande qui cuit. »

Je levai les yeux au ciel.

« T’es au courant que ça sera pas prêt avant au moins une heure, n’est-ce pas ? »

Elle me désigne un fauteuil et je m’y installe alors qu’elle rapièce mon manteau tranquillement en discutant. J’essaye de l’écouter avec intention, ça semble important. Mais je suis bien forcé de constater que j’ai du mal à me concentrer.

« Le fauteuil où tu es. C’était celui de mon frère et moi. Je suis à peu près sûre qu’il y a encore nos empreintes de dents sur le tissu… Et la première trempe que je me suis prise, j’avais sept ans… Ma mère m’a vu déchirer un morceau de tissu dans l’accoudoir – je lui désigne la zone d’un mouvement de tête – et elle m’a fait tout un sermon sur le fait de ne pas abimer le peu qu’on avait. Mon père a su… Dès que j’avais un sou, je le planquais dedans. Le lendemain, il avait remis une pièce dedans. Y a toutes mes économies dedans, alors si tu le révèles à qui que ce soit, je devrais te tuer. »

Je souris à sa dernière remarque. Brook a une forte tendance à passer directement par la solution la plus violente, c’est ce qui lui a sans doute valu d’être aussi estimée chez les rebelles. Mais ça pose clairement un problème sur le plan social. Elle me montre triomphalement le manteau qu’elle vient de recoudre avant de passer derrière moi.

« Alors, tu as l’impression que tu ne pèses pas plus lourd qu’une plume et que plus rien ne compte à part ce qui se passe ici ? »

Je penche ma tête alors qu’elle commence à me masser les épaules. Je veux lui dire d’arrêter mais c’est fouttrement bon. Je sens déjà mes muscles se détendre, je ferme les yeux, comme soudain épuisé, comme si toutes les tensions quittaient mon corps peu à peu.

« Bon sang Brook, t’es vachement douée de tes mains. »

Je me laissais faire sans même réfléchir, beaucoup plus docilement qu’à l’ordinaire. Sans doute les effets de sa petite potion.

« Et si j’ai envie d’un massage dans le bas du dos ? »

Enfin, j’étais pas docile à ce point. Lorsqu’elle vit la tête que je faisais, elle éclata de rire. Elle était vraiment terrible. C’était pas étonnant qu’on raconte qu’elle avait des mœurs légères au treize si elle avait tendance à dire ce genre de choses.

« Ta tête sous laitue c’est juste excellent. Raconte-moi une blague ou fais un truc drôle!»

« C’est pas ma tête sous laitue, c’est ma réponse à tes bêtises, nuance. »

Un truc drôle. Brook, au cas où t’ai pas remarqué, j’suis loin d’être un pitre. Je plaisante bien souvent au Capitole, mais la plupart des blagues que je dis là-bas me vaudraient surement d’être émasculé ici, donc on va éviter.

« Franchement Brook, j’sais pas si t’as remarqué, mais j’suis pas vraiment un gars marrant. Par contre juste dans la rue à côté, y’a une mamie qui est trop marrante ! On pourrait aller la voir, mais elle a ses humeurs, elle est assez féroce parfois. Tu vois c’est laquelle ? »

Je la fixai un instant alors qu’un sourire apparaissait sur mon visage. J’avais envie d’éclater de rire, d’ailleurs ma réponse se noya dans mon éclat de rire.

« C’est mami-traillette ahah. »

Bon sang, je ne pouvais plus m’arrêter. Fallait vraiment que je mange quelque chose, sinon son thé allait avoir raison de ma santé mentale. Bon sang, qu’est-ce qu’elle avait mis dedans pour que je n’arrive pas à m’arrêter de rire ? J’avais l’impression d’avoir perdu 10 ans d’âge mental, et le pire c’est que j’en avais pleinement conscience, mais n’arrivait pas à l’empêcher. Et je n’avais pas prévu de m’arrêter là. Je pivotai et attrapai Brooklyn par la taille pour la glisser sur mes genoux.

« Viens par ici … Tu vas voir, moi aussi j’connais pleins de moyens de se détendre … »

Mes mains passèrent sous son haut, chose que je ne me serais jamais permise en temps normal. Elles s’arrêtèrent au niveau de ses côtes et je commençais à la pincer doucement, reproduisant la même chose au niveau de son ventre et sa taille jusqu’à ce qu’elle soit pliée en deux de rire. Je l’étais moi aussi, sans bien comprendre pourquoi.

« Aaaah tu vois que ma blague était drôle, t’es pliée en deux ! »

Un large sourire barrait mon visage alors que je continuer de la chatouiller. C’était vraiment digne d’un gosse de quinze ans, mais ça faisait un bien fou. Depuis quand n’avais-je pas été aussi insouciant ? Cela remontait sans doute trop loin pour que je m’en souvienne.


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MessageSujet: Re: Out in the woods   Out in the woods EmptyLun 27 Juin - 0:37




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D’accord, ce n’est pas vraiment son boulot, mais j’apprécie de m’entrainer avec lui. Il connait déjà mes forces et mes faiblesses, c’est donc plus rapide et plus efficace comme ça. Et en parlant d’efficacité, je sais que mon petit mélange va faire des merveilles dont il me donnera des nouvelles… Dans plusieurs heures. C’est toujours mieux de prendre ce breuvage avec rien dans le ventre, les effets se font sentir nettement plus rapidement. Voilà pourquoi je lui adresse un sourire coupable. Allez, qu’il ne prenne pas son air sérieux, il en a besoin. Et moi aussi. Donc le mot d’ordre, c’est détente. Et je vais lui apprendre à se détendre. En plus, ça a l’air de sourire, donc je ne me défais pas de mon petit sourire.

« Et encore, tu n’as qu’un petit aperçu… »

Ceci étant, on me l’a déjà dit, dans d’autres circonstances. Oui, la chasse, mais autre chose aussi. Bref. Il sera toujours coincé sur ce point même avec un petit filtre, à ce que je vois. Mais ce soit, j’ai envie de décompresser, de rire un bon coup.

« Elle te va bien cette tête. »

Je vais lui donner du thé à la laitue plus souvent ! Enfin, pour ça, il faudrait qu’il soit là, et pas au Capitole ou mobilisé par une mission. Pas marrant, ça oui, j’ai remarqué. Pour le dérider ou lui faire faire un truc de dingue, il faut se lever tôt. Ou être sur le point de mourir. Je réfléchis quelques secondes. Une grand-mère dans la rue ? Il n’y a pas de grand-mère marrante… Il doit se tromper, le pauvre, sous substance, il raconte n’importe quoi.

« Mais non, tu confonds, j’vois pas de… »

Mamie-traillette… Mamie-traillette ?! Je le fixe un instant l’air blasé, avant de pouffer, et de reprendre mon air blasé. Je ne vais quand même pas lui donner la satisfaction de rire à ce grand n’importe quoi ! Néanmoins, ça me fais du bien de l’entendre rire. Parce que ça vaut le détour et que c’est plutôt rare. Ayant une totale confiance en lui, je ne tente pas la moindre résistance quand il me bascule sur lui. Au contraire, je rigole comme une baleine. D’ailleurs, je me demande d’où vient cette expression. Et ce que c’est en vrai qu’une baleine. Je n’en ai jamais vu de mes propres yeux. Et ça rit une baleine ?

Je sens alors sa main sur ma peau, glissant sous mon t-shirt… Je frissonne, mais plus de froid cette fois. Ah, ça y est, il s’est enfin sorti de la tête ses conneries de différence d’âge ? Après tout, on ne ferait rien de mal, au contraire. Mes doigts glissent le long de sa nuque. C’est probablement le seul homme que j’ai embrassé sur les lèvres pendant qu’on faisait… ce qu’on faisait. Je m’attends presqu’à ce que ça recommence… au lieu de ça…

« Non ! Non Melvil, arrête !....... c’est de la triche ! Melviiiiiiiiiil ! »

Au lieu de ça je me tortille complètement sur ses genoux, tentant de lui échapper, et riant aux éclats comme… pfff, je ne me souviens même plus de la dernière fois où j’ai ris ainsi, aussi librement et naïvement, sans craindre quoi que ce soit.

« Nan, elle est trop nulle ! En plus ta mamie c’est la femme de Ion. Papillon ! »

Et je ris de ma propre connerie.

« Non en fait, elle est pas drôle »
, dis-je toute sérieuse, avant de rire de nouveau aux éclats. Ça ne détend pas du tout son truc en vrai, je suis contractée de partout et j’ai mal aux zygomatiques et aux abdos.

« Pouce.. »

Je l’implore dans un souffle, mes doigts accrochés à son haut, mais je ne me redresse pas. Au lieu de ça, stupidement, je me cale contre lui, laissant mourir mes derniers éclats de rire. Entre le feu, l’énervement du jeu et sa chaleur à lui, je me sens bien. Peut-être un peu trop bien d’ailleurs, vu que je pose ma tête et ferme les yeux. Il y a comme une douce insouciance qui flotte dans l’atmosphère. Je n’ai pas envie qu’il reparte, sachant que la prochaine fois que je le verrai, il y aura de fortes chances pour que ce soit lors de la Moisson. Je ne peux pas lui dire. Je ne veux pas que tu partes, Melvil. Des mots qui sont impossibles à dire, à cause de la mission, à cause du fait que ce n’est pas ce qu’il veut, mais ce que soit ce que moi je veux.

« Dis-moi ce que t’oses pas me demander, et ne mens pas, je te connais. »

Et je sens que je ne vais pas du tout aimer. Je n’ai pas relevé la tête, la gardant posée sur son torse, ne le regardant pas. Je me concentre seulement sur la chaleur, le cœur qui résonne dans mon oreille, et mon index qui glisse sur son haut, dessinant des arabesques qui n’ont de sens que dans mon esprit embrumé.

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MessageSujet: Re: Out in the woods   Out in the woods EmptyMar 28 Juin - 21:11





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« Mais non, tu confonds, j’vois pas de… »

Elle essaye de garder son sérieux mais je vois bien qu’elle a envie de rire. Surement plus pour se moquer de moi que parce que c’est drôle, mais en même temps, elle savait à quoi s’attendre non ? Je ne suis pas vraiment un type « drôle », pas vraiment le genre à raconter des blagues à longueur de journée. Je manque de pratique.

« Non ! Non Melvil, arrête !....... c’est de la triche ! Melviiiiiiiiiil ! Nan, elle est trop nulle ! En plus ta mamie c’est la femme de Ion. Papillon ! »

Je la lâchai une seconde, éclatant de rire à mon tour. Bon, ça allait, elle ne mettait pas la barre très haut. Faut dire que Brook n’était pas particulièrement une comique non plus. Elle était très taquine, moqueuse même, piquante. Comme de la sauce. Une jolie petite sauce.

« Non en fait, elle est pas drôle. Pouce. »

Pouce ? Bon sang Brook, et après tu veux pas qu’on te prenne pour une gamine. Comme ça, lorsqu’elle riait aux éclats et qu’elle était si naturelle, elle me paraissait encore plus jeune que d’habitude. Une petite fille. Une gosse. Je soufflais. Je ne devais pas penser à ça, ça ne faisait que me faire me sentir encore plus coupable. Alors que je m’attendais à ce qu’elle se relève, elle se cala contre moi, repliant ses jambes et posant sa tête contre moi. D’un geste presque instinctif, mes bras l’entourèrent et se rejoignirent au niveau de sa hanche. Elle ferme les yeux, alors que je cale mon menton sur le haut de sa tête. Je sens que moi aussi, mes paupières sont lourdes.

« Dis-moi ce que t’oses pas me demander, et ne mens pas, je te connais. »

Mes yeux se rouvrent en grand. Vlan, un bon coup d’électrochoc, ça fait pas du bien. Bon sang Brooke … Comment tu sais, t’es divin ? Ou devin ? Bon sang, j’ai clairement pas les idées assez claires pour pouvoir en parler avec elle. Je crois que dans un coin de ma tête, j’ai même abandonné l’idée. Je soupire.

« Est-ce qu’il le faut vraiment ? »

J’avais parlé à voix haute, mais je me parlais en fait plutôt à moi-même. Brooke allait dire oui. Elle n’aimait pas vraiment les secrets. Mais au fond de moi, je sais bien qu’elle est la seule sur qui je puisse vraiment compter pour faire ce que je veux. Pourtant, j’aimerais vraiment l’éviter.

« Je suis bien là, j’ai pas envie que tu cries. En plus, j’ai changé d’avis. »

C’était assez agréable de voir que mon cerveau avait retiré le filtre. J’avais l’impression que tout sortait tout naturellement de façon aussi simple et claire que je les pensais. Je soupirais de nouveau. D’accord, puisqu’il le faut. Je resserrais très doucement mes bras sur Brook. Comme si inconsciemment, j’avais peur de ne pas la maîtriser si elle décidait de me sauter à la gorge.

« C’est Az. J’voulais te demander de vérifier que ça se passait bien quand je serais au Capitole. Des rebelles sont chargés de la ravitailler et de faire revenir sa mémoire pendant que je suis parti. Mais ils se feront un plaisir d’affamer une Capitolienne. J’voulais quelqu’un de confiance pour vérifier qu’ils ne lui faisaient de mal si c’est pas nécessaire. Mais clairement, c’était une mauvaise idée, je demanderais à quelqu’un d’autre. »

J’espérais qu’elle n’allait pas en faire toute une histoire ; son thé m’avait assommé, je n’aurais pas la force de rentrer dans une nouvelle bataille de joutes verbales.

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MessageSujet: Re: Out in the woods   Out in the woods EmptyMar 28 Juin - 23:39




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Non. Non ce n’est pas nécessaire de le dire. Je n’ai pas envie de savoir. J’ai envie de savoir ? Non. Mais je n’aime pas qu’il me mente ou me cache des choses. Je veux juste dormir en fait. Faire comme s’il ne me cachait rien et qu’il serait encore là demain pour chasser ou s’entrainer, pour parler de cette mission à la Noix qui m’inquiète plus qu’elle ne le devrait. J’ai bien chaud en plus là. Je ne suis pas habituée à ça, à ce contact. Je l’aurais interrompu depuis longtemps en étant sobre, parce que ça va à l’encontre de tout ce que j’ai décidé quand j’ai vu mon frère et ma mère mourir. Je fronce les sourcils, les yeux toujours clos.

« Je crie jamais… »

Mais c’est forcément un truc énorme, qui ne va réellement pas me faire plaisir. C’est quoi ? Je ne veux pas savoir. Ça va me mettre en colère ? Pourquoi est-ce qu’il est venu en vrai ? Pas pour me voir visiblement, juste pour s’assurer de certaines choses. Une pièce de plus dans toutes ses missions… Je me raidis. D’un coup. Mes doigts se crispent. Evidemment. Evidemment ! Il est venu pour sa sœur et pour sa fausse femme. Qu’est-ce que tu as cru Brooklyn ? Je suis donc officiellement devenue une baby-sitter.

« Evidemment… »

Evidemment que c’est une mauvaise idée. Evidemment, j’aurais dû le sentir arriver. On est membres de la résistance, c’est tout ce qu’on est, c’est donc normal de ne passer que pour des services. J’ai envie de l’étrangler, de lui arracher les yeux et de les envoyer à sa fausse femme.  C’est peut-être un poil excessif, la faute au thé aux effets doubles. M’occuper de la mission qui lui prend une grande partie de son temps et qui vit chez lui ?

« Tu es venu chez moi pour me demander d’aller dans l’arène à la place de ta sœur et tu voulais que je veille sur ta f… Azylis… » – parce qu’en plus, il se permet de l’appeler par un diminutif, comme il m’appelle Brook, bah il n’aura plus le droit, ce sera Brooklyn maintenant, un diminutif, c’est pour les potes non ?

Je me décolle un peu de lui, m’appuyant toujours sur son torse mais relevant la tête désormais. Je veux être sûre de bien comprendre son raisonnement sur ce coup-là.

« Je suis censée me présenter à elle comme quoi au juste ? Une amie de longue date qu’elle a oubliée ? Elle me raconterait votre vie et je lui donnerai ce que j’aurais chassé ? »

Juste pour bien comprendre. Je n’ai même pas crié, contrairement à ce qu’il croyait. Je suis même affreusement calme. Je pense qu’il peut dire merci au thé. Je le regarde dans les yeux, même si j’ai la vue un peu embrouillée.

« J’hésite entre sérieusement te demander de sortir de chez moi et m’illusionner un peu en faisant comme si tu étais venu simplement pour me voir moi. »

Parce que j’existe, je suis une personne, bien réelle et j’aimerais qu’il s’en aperçoive. Le plus malheureux dans tout ça ? C’est qu’il est plus que probable que je le ferai, ce qu’il m’a demandé. Que je me présenterai comme une conne devant chez lui, que je veillerai à ce qu’il n’arrive rien à sa mission puisqu’il attend cela de moi. A qui d'autre le demanderait-il franchement ?

« Tu sais déjà ce que je vais répondre. »

Je me recouche contre lui, la tête lourde et tremblant de colère et de déception à son encontre, mes doigts encore et toujours crispés.  

« Je t’interdis de revenir ici si c’est pour me demander quelque chose… »

Je laisse échapper ma sentence. Il sait que je ferai ce qu’il ne m’a même pas demandé, et je n’ai pas la force de me battre ce soir. Moi aussi j’étais bien, et je veux encore me bercer de ce bien-être même s’il est factice. Juste pour quelques heures. Mais quand il partira, dans la nuit ou demain, ce sera pour ne plus revenir, sauf si c’est moi qu’il veut voir et pas une bonne poire, tout flatteur que soit sa confiance.

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MessageSujet: Re: Out in the woods   Out in the woods EmptyMer 29 Juin - 23:36





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« Tu es venu chez moi pour me demander d’aller dans l’arène à la place de ta sœur et tu voulais que je veille sur ta f… Azylis… »

Je soufflais. J’étais épuisé, j’avais envie de tout sauf d’une dispute. Je la laissai parler sans rien ajouter. Je méritais amplement tout ce qu’elle pourrait m’envoyer dans la tête. J’étais juste reconnaissant qu’elle m’ait engourdi avant.

« Je suis censée me présenter à elle comme quoi au juste ? Une amie de longue date qu’elle a oubliée ? Elle me raconterait votre vie et je lui donnerai ce que j’aurais chassé ? »

J’aurais presque préféré qu’elle crie ; ça je savais gérer. Cette colère froide était vraiment inquiétante. Surtout qu’au fond, ce qu’elle disait avec tant d’ironie, c’était un peu ce que je m’étais imaginé. A nouveau, gonflé de courage, je ne dis rien. Elle me fixait droit dans les yeux, et je n’avais aucune idée de ce que je devais dire.

« J’hésite entre sérieusement te demander de sortir de chez moi et m’illusionner un peu en faisant comme si tu étais venu simplement pour me voir moi. »

Je ne la lâche pas du regard. Je voulais lui dire que je n’étais pas venu QUE pour ça. Que j’avais aussi envie de la voir, de m’échapper de tout ça. Mais qu’elle aurait malgré tout sans doute du me fouttre à la porte quand même. Seulement voilà, je n’avais pas les idées très claires, mais j’avais assez de jugeotte pour savoir que tout ce que j’aurais pu dire à cet instant serait sorti de la mauvaise manière.

« Tu sais déjà ce que je vais répondre. »

Contre toutes attentes, elle se recoucha contre moi. Je lâchai un léger soupir. Je ne savais pas vraiment si c’était une bonne ou une mauvaise chose. J’avais l’impression que c’était plus de l’épuisement pour elle aussi. Elle était tendue, crispée sur mon T-shirt, et si ses jambes l’avaient portée, elle serait sans doute repartie.

« Je t’interdis de revenir ici si c’est pour me demander quelque chose… »

J’avais merdé, clairement. Même sans cela, je lui en demandais beaucoup trop. Je m’étais trop reposé sur elle, alors qu’elle n’était au final qu’une gamine. J’en attendais trop d’elle et ne donnait pas assez en retour. Je devais apprendre à me reposer sur d’autres. J’acquiesçais, tout en reposant mes mains sur elle, délicatement, comme si j’avais peur qu’elle les repousse.

« Je ne te demanderais plus rien. »

Je reposai ma tête contre le canapé. C’était épuisant. Alors que mes jambes poussaient doucement sur le sol, comme pour la bercer, je la sentis peu à peu devenir plus lourde. Très peu de temps après, je plongeais moi aussi dans un sommeil sans rêve.

Ce fut l’odeur qui me réveilla. Merde, le lièvre. Il était en train de cramer. Sans réfléchir, je me redressais en faisant glisser Brook sur le côté alors que je me précipitai vers la casserole. Merde ! Bon sang, combien de temps on avait dormi ? J’éteignis le gaz et me penchais par au-dessus du plat. Bon, ça allait. Le dessus était beaucoup trop cuit, mais le reste semblait toujours mangeable. Lorsque je me retournai vers elle, je fus pris d’une envie assez étrange. J’avais envie d’aller la soulever du fauteuil pour la porter jusque sa chaise. La culpabilité est vraiment une garce. Je me contentais de mettre la table et de l’appeler.

« Tu viens manger ? »

Je relevai les yeux pour la voir se relever. Je détournai assez rapidement le regard ; je n’avais pas envie de savoir que les effets s’étaient peut-être un peu dissipés, ravivant sa colère. D’un autre côté, j’étais pleinement conscient de ce qui allait se passer ; la fin de la soirée était gravée dans le marbre. On allait manger, dans le silence, et comme ça serait atrocement gênant et désagréable, j’allais partir. J’aurais peut-être pas du mettre la table et me barrer, mais d’un autre côté, j’avais déjà assez fait le lâche au cours de cette soirée. Mais absolument tous les sujets semblaient tabou. A part lui parler du goût du lapin, je savais que tout allait engendrer un froid au mieux, au pire une dispute.

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MessageSujet: Re: Out in the woods   Out in the woods EmptyJeu 30 Juin - 21:53




Out in the woods
Brooklyn & Melvil

Je retiens un gros soupir. Il ne comprend décidément rien. « Je ne te demanderais plus rien », ce n’est pas ce que je lui ai demandé, mais il ne comprend rien à rien. Néanmoins, je n’ai ni la force ni l’envie de me battre. Je ne sais pas ce que c’est, si c’est la tension des retrouvailles, la chaleur du feu et de ses mains sur moi ou les effets du thé – voire un savant mélange de tout cela – mais j’ai juste envie de rester là, contre lui, toute furieuse que je sois. Je ne sais pas bien à quel moment je me suis endormie. Ça ne m’est jamais arrivé de m’endormir contre un homme de la sorte – ou peut-être seulement avec lui – et encore moins sans avoir rien fait de charnellement épuisant. Mais je me réveille un peu paumée, le regard vitreux. Il me faut quelques minutes pour me souvenir de où je suis et de ce qu’il s’est passé. Parce que me réveiller avec un homme, chez moi, qui cuisine, ce n’est pas réellement habituel. Je me passe une main dans les cheveux en me relevant, avant de me trainer jusqu’à la table, en humant le fumet…et l’odeur de brûlé, qui s’échappe du plat. Je m’assois, avant de gratter un peu ma viande.

« Eh bien, je ne sais pas ce qu’il t’a fait ce lièvre mais je n’aimerais pas être à sa place.»

Cependant, il est très bon une fois qu’on a retiré la partie carbonisée. Quelques minutes s’écoulent dans le silence. Ce n’est pas normal. On devrait se parler. On se parle toujours. Mais quand on a passé de tels accords comme ceux d’hier, ce n’est pas évident. Autant me proposer à la place de sa sœur, je maitrise et j’y vois une chance d’accomplir ce que je désire, autant m’occuper d’ « Az », non, ce n’est pas vraiment ce que j’avais en tête. En plus on parlerait de quoi ? Je ne veux pas savoir ce qu’ils font chez eux.

« Alors, tu as dormi grâce à mon thé ? »

Autant partir sur un sujet léger tant que je me contrôle encore. Cette décoction a fait de petits miracles il y a deux ans, m’offrant des nuits plus longues et plus sereines. Ça sera peut-être son cas. Et au moins, le faible dosage ne crée aucune sensation de manque ou de besoin. J’aurais tout de même besoin d’un verre là. Parce que pour une fois, je ne sais pas quoi lui dire. Les missions ? Déjà évoquées. Sa famille, pareil. Le Capitole ? Je n’ai jamais vu le Capitole. Vu de mes yeux, je veux dire. Je n’y suis jamais allée, dans ce monde qui ne connait pas la fin, qui se marre de voir des gamins s’entretuer, ces gens qui s’habillent de façon ridicule alors qu’on se les caille en hiver. Je sens déjà la colère bouillonner en moi, ce n’est peut-être pas une bonne idée de parler de ça. Je ne serai tellement pas crédible en mission là-bas.

« Stop, ça me saoule. »

Je pose ma fourchette un peu violemment, et surtout bruyamment, sur la table. Je me cale un instant sur le dossier de ma chaise, essayant de mettre un peu d’ordre dans mes pensées et d’organiser les mots qui sortiront de ma bouche pour une fois. Puis quand il me semble avoir un enchainement correct sujet-verbe-complément, et que c’est à peu près ce que je veux réellement dire, je me penche en avant, m’appuyant sur la table et cherchant son regard.

« On ne va pas passer le temps à s’esquiver, si ? Tu vas repartir bientôt, pour une mission qui n’aura rien d’une partie de plaisir, et moi aussi si je ne vais pas au suicide dans les Jeux avant. On risque de crever sans pouvoir se revoir quand tu franchiras cette porte. Ou de se retrouver dans l’arène… Si ça tombe, je ne pourrai même pas faire ce que tu m’as demandé. »

Ce qu’il m’a demandé et qui m’a foutu dans une vraie colère. Mais sérieusement… Az en plus quoi. Il n’a pas à jouer au mari qui donne des surnoms à sa femme ici. Je serai en colère après. Quand je serais sûre que je pourrais le détester tout en le voyant toujours. Je me lève alors, pour aller m’accroupir près de l’accoudoir de mon fauteuil et en sortir un petit pendentif que je pose sur la table devant lui en m’asseyant de nouveau.

« C’est du charbon. Mon père nous en ramenait un à chaque fois que le morceau s’était érodé, il nous disait que ça nous guiderait et nous protègerait – ouais je sais, dit comme ça, c’est débile – pour ta mission. Les choses ne pourront qu’aller bien. Et t'es obligé de revenir en vie pour me le rendre. »

BY .SOULMATES

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MessageSujet: Re: Out in the woods   Out in the woods EmptySam 2 Juil - 17:39





Out in the woods ...



« Eh bien, je ne sais pas ce qu’il t’a fait ce lièvre mais je n’aimerais pas être à sa place.»

Je relève les yeux vers elle avec un très léger sourire, même si l’ambiance est tendue. Elle fait un effort pour la détendre, c’est sympa, même s’il faudra sans doute un peu plus que quelques taquineries pour oublier ce qu’on s’est dit avant de dormir.

« C’est gentil de t’inquiéter, mais je crois qu’il ne souffre plus. »

Ouais, j’essaye aussi. On s’assoit à la table, et on commence à manger … Dans un silence un peu pesant. On entend le bruit des couverts dans les assiettes. Je cherche désespérément quelque chose à dire qui ne fasse pas partie des sujets tabous.

« Alors, tu as dormi grâce à mon thé ? »

Je regarde Brook une seconde, avec un air presque désespéré sur le visage. On va sérieusement parler du thé ? Je suppose qu’on en est là.

« Oui, comme un bébé. »

Et juste comme ça, le silence repris. Je terminai mon assiette. J’allais me lever lorsque Brooklyn lança sa fourchette dans son assiette.

« Stop, ça me saoule. »

Je soupire. Je ne suis peut-être pas aussi démonstratif, mais je suis d’accord avec elle sur le principe. Moi non plus, j’aurais pas pu tenir cinq minutes de plus comme ça. Elle se pencha sur la table et capta mon regard assez rapidement.

« On ne va pas passer le temps à s’esquiver, si ? Tu vas repartir bientôt, pour une mission qui n’aura rien d’une partie de plaisir, et moi aussi si je ne vais pas au suicide dans les Jeux avant. On risque de crever sans pouvoir se revoir quand tu franchiras cette porte. Ou de se retrouver dans l’arène… Si ça tombe, je ne pourrai même pas faire ce que tu m’as demandé. »

Je baissais les yeux au moment où elle parla de ne plus se revoir. C’était clair que ça allait être compliqué, mais ce n’était pas vraiment le problème. Le souci, c’était le sous-entendu à peine dissimulé derrière ses paroles. Ca risquait fort d’être la dernière fois. La toute dernière. Parce qu’il y avait de fortes probabilités que d’ici deux semaines, elle soit morte, ou moi, voire nous deux. Elle se releva pour aller vers son fauteuil et revint avec une petite boite.

« C’est du charbon. Mon père nous en ramenait un à chaque fois que le morceau s’était érodé, il nous disait que ça nous guiderait et nous protègerait – ouais je sais, dit comme ça, c’est débile – pour ta mission. Les choses ne pourront qu’aller bien. Et t'es obligé de revenir en vie pour me le rendre. »

Je ne pus retenir un léger sourire. Bon sang, elle flippait vraiment. C’était assez inhabituel venant de Brook –mais elle restait Brook. Son petit « c’est débile » en était la preuve sonore.

« Si j’reviens « juste pour te rendre un truc », j’risque de me faire incendier. »

Je la regardais du coin de l’œil, mon sourire s’agrandissant. Je l’attrapai –un peu de force- par l’épaule pour l’attirer contre la mienne.

« J’te savais pas supersticieuse. Ou sentimentale. »

Je savais qu’elle allait tiquer, et je riais d’avance avant de redevenir un peu plus sérieux. Je reculai.

« Tout ira bien alors, j’suis rassuré. »

Je regardais rapidement l’heure. J’allais devoir rentrer. Azylis risquait de s’inquiéter, et je ne voulais pas risquer qu’elle sorte de la maison pour me chercher.

« J’vais devoir y aller. »

J’hésitais un instant. Je n’aimais pas ces « sujets » qu’il y avait entre nous. J’aurais aimé qu’elle puisse comprendre. Si elle savait, si elle comprenait … Je pensais sincèrement que ça changerait son opinion sur tout ça. Même sur les rebelles.

« Tu sais Brook … »

Je la regardais un instant. Ce n’était pas le moment. Je soupirai et je pris la petite boite qu’elle m’avait « prêtée » avant de la glisser dans ma poche.

« Essaye quand même d’être prudente. Ca m’embêterait de devoir garder ça. »

Ma main glissa sur sa joue, et avant qu’elle n’ait eu le temps de faire dix pas en arrière, je déposai un baiser sur son front.

« Fais attention à toi. »

Et je pivotai, passant la porte. Il fallait bien que je rentre. Bizarrement, je n’y allais pas à reculer. Cette soirée avec Brook, avec ses hauts et ses bas, m’avait remis un peu d’aplomb. J’étais prêt à me replonger dans mon rôle, et dans ma mission.

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