Caractère du personnage -  10 lignes minimum
Contrairement à ce que son allure laisse à penser –une longue chevelure blonde et une silhouette assez élancée- Grace est quelqu’un de très indépendant. Elle n’a besoin de personne pour lui dire quoi faire, car malgré son jeune âge elle a acquérit assez d’expérience pour savoir ce qu’elle doit faire, ce qui est bon pour elle et ce qu’elle doit sacrifier pour survivre. Partie relativement jeune du foyer familial, sans ressource, elle a dû apprendre à se débrouiller par elle–même, devant apprendre souvent rapidement et sur le tas, en acceptant d’être peu ou mal payée car chaque nouvelle personne pour qui elle travaillait doutait de son efficacité. Mais elle s’appliquait à la tâche, et ses employeurs se montraient rarement, pour ne pas dire jamais, déçus de son travail.
Ce qui lui jouait des tours en revanche, c’était son impulsivité. Elle a tendance à réagir au quart de tour, sans penser aux conséquences de ses actes. Et il était alors difficile pour elle de se remettre en question : elle allait jusqu’au bout de ses décisions, les assumaient, parfois même un peu trop sûre d'elle. Têtue comme elle était, ne changerait pas de comportement même si elle savait que ce n’était pas une bonne idée, accordant une place très –trop ?- importante à son instinct. Cela explique sa difficulté à faire confiance aux gens : son instinct –et l’histoire de sa famille- a fait d’elle quelqu’un d’extrêmement méfiant. Pour survivre seule, elle avait appris à ne faire confiance qu’à elle-même.

Histoire du personnage -  30 lignes minimum
Grace n’a pas beaucoup de souvenir précis de son enfance, elle se souvient juste n’avoir jamais manqué de rien et regrette aujourd’hui ne pas avoir assez remercié ces parents pour cela. C’était un luxe, et elle le réalisait maintenant : contrairement à d’autres familles du district qui vivaient dans la misère, sa vie était relativement confortable. Et au plus grand plaisir de ses parents, elle se contentait de peu. Et malgré leur travail qui occupait une grande partie de leur journée, voire de la nuit pour s’assurer que la petite ne manquait de rien, ses parents étaient là pour lui prodiguer tout l’amour dont un enfant a besoin pour s’épanouir.

Elle fu d’autant plus comblée par l’arrivée de Romain, son petit frère, alors qu’elle était âgée de onze ans. La solitude, surtout pour un enfant, est plus facile à supporter lorsque l’on a quelqu’un avec qui la partager. Ses parents profitait de sa maturité pour lui confier son petit frère tandis qu’eux travaillait encore plus à l’usine. Au fur et à mesure que Grace grandissait, son frère et elle devinrent très complices malgré leur grande différence d’âge. Le lien qui les unissait était cependant ambigu : Grace était certes sa grande sœur mais elle devait parfois également endosser le rôle de parents lorsque ceux-ci, épuisés par le travail à l’usine, n’avait plus la force de l’assumer. Pendant un temps, cela ne dérangea pas Grace, ravie de s’occuper de son petit frère. La situation devint en revanche plus tendue à cause du changement de comportement de son père. Voir brusquement disparaître le père qu’elle avait aimé et admiré toute son enfance  la déstabilisa au plus haut point, et toutes ses tentatives pour retrouver la proximité qu’ils eurent lorsqu’elle était enfant se soldèrent d’un échec. Loin de se décourager, elle prit sur elle de s’occuper encore mieux de Romain, espérant ainsi décharger son père de quelques soucis qui l’empêchait d’être lui-même.

La situation, loin de s’améliorer, se détériora au fil des semaines au grand désespoir de Grace qui ne savait pas comment y remédier. A 16 ans, elle trouva un moyen de gagner de l’argent, pensant de la même manière aider son père. Elle commençait à perdre espoir, l’argent qu’elle ramenait à la maison était géré par ses parents et elle ne comprenait pas pourquoi la situation ne s’améliorait pas. Encore là, elle empira et son père devint violent, cassant de la vaisselle dans des excès de colère. Mettant ses mains sur les oreilles de son petit frère pour l’empêcher d’entendre, elle ne pouvait pas empêcher ses larmes de couler à chaque dispute entre ses parents, qui devenaient presque quotidiennes. Elle le découvrit quelques semaines plus tard.


La mère de Grace venait de rentrer de l’usine, beaucoup plus tôt que d’habitude. Romain, ravi, s’était précipité dans les bras de sa mère. Perdant l’équilibre, il se rattrapa in extremis au châle de sa mère, qui laissa apercevoir un bras et son épaule. Les yeux de Grace s’agrandirent sous la surprise. La petite partie de peau dévoilée était couverte de bleu, dont la couleur allait d’un violet vif à un verdâtre jaune traduisant de leur ancienneté.

Leur mère recouvrit rapidement son bras sans voir le regard affolé de sa fille. Celle-ci pris la parole d’une petite voix :

- Maman, ces marques… tu les as eu à l’usine pas vrai ?

Sa mère lui sourit tendrement. « Oui, bien sûre chérie, ne t’inquiètes pas. »


Avec le recul, Grace regrette cruellement d’avoir cru sa mère. Si elle l’avait cru un jour. Elle préférait simplement nier la vérité, l’évidence et ne pas se mêler des affaires de ses parents, ça ne la regardait pas. Surtout maintenant qu’elle ne pouvait pas voir son père dans les yeux. Depuis combien de temps durait cette situation ? Grace préférait enfermer son silence dans les larmes qui coulaient à chaque  fois qu’il soupçonnait son père battre sa mère.

Cependant, lorsque la situation dégénéra et que cette fois ci, c’était son frère qui était victime des coups de son père, sans que Grace ne se doute de rien. Jamais, pas un seul instant, elle n’avait envisagé que son père puisse lever la main sur son frère. Le caractère suractif et enjoué de Romain devenait une excuse pour leur père de faire passer ses excès de violences. Une distance s’est aussitôt installée au sein de la fratrie, et Grace se sentie encore plus isolée, sans connaître la cause de ce changement de comportement. En à peine plus d’un an, la famille douce et aimante qu’elle avait connu les quinze premières années de sa vie avait viré au cauchemar et Grace ne reconnaissait aucun membre de la famille qu’elle avait aimé.

Elle découvrit la vérité deux mois plus tard, lorsqu’en entrant dans la petite remise dans leur
jardin elle découvrit la main de son père au dessus de Romain, prêt à le frapper. Elle courut s'interposer entre les deux et explosa :

« Mais qu’est ce qui ne va pas chez toi ? Tu ne peux pas frapper les gens comme ça, sans raison ! C’est qu’un gosse, t’as pas le droit de passer ta frustration sur lui, ou sur maman ! Il faudra passer sur moi si tu veux encore … »

Grace n’eut pas le temps de finir sa phrase, la main de son père était trop rapide, et elle rencontra sa joue avec une telle force qu’elle s’écroula au sol. Ce qu’il se passa ensuite, elle n’en avait pas de souvenir précis. Ses nuits furent longtemps, et parfois encore maintenant, hantée par la violence de son père à son égard.  Elle resta à moitié inconsciente jusqu’à ce que sa mère rentre, quelques heures plus tard. Elle passa de longues heures, silencieuse, à panser ses blessures. Grace se demandait ce qu’elle pensait à ce moment-là : allait-elle continuer à agir comme si rien ne s’était passé ou allait-elle enfin réagir ?

Lorsque sa mère, pensant sa fille endormie, parti dans sa chambre, Grace pris la décision la plus importante et la plus difficile de toute sa vie. En quelques minutes, elle rassembla le peu d’affaires qui lui appartenait, tandis que son corps la faisait terriblement souffrir. Pour rendre sa fuite plus facile, elle ne la formula pas ainsi dans sa tête, ainsi, en évitant de se dire qu’elle abandonnait son frère elle avait moins de mal à partir sans regarder derrière elle. Mais elle ne pouvait plus vivre, elle ne pouvait plus le supporter. Elle préférait éviter ses problèmes plutôt que de les affronter et encore aujourd’hui c’était l’un de ses plus grands regrets.

Elle trouva rapidement refuge chez une famille qui l’avait employé quelques années auparavant, qui l’accueillir sans poser de question. Avec un pincement au cœur, Grace se rendit compte que la réputation de son père s’était peut-être étendue au-delà de la sphère familiale. Au bout d’environ une semaine, enchaînant les services à droite à gauche, une terrible rumeur parvint à ses oreilles. Une famille, un couple et son enfant avait péri dans un incendie qui avait ravagé leur maison. Les jambes tremblantes et voulant en avoir le cœur net, Grace pris son courage à deux main et retourna sur ses pas en direction de son ancienne maison. C’est dévastée qu’elle découvrit que la maison en question était la sienne. S’effondrant au sol, elle resta de longues heures à genoux, impuissante, dont le chagrin était tellement important qu’il empêchait les larmes de couler.

Un horrible doute s’installa en elle : et si cet accident n’en était pas un ? Si c’était la colère et la fureur de son père qui avait pris le dessus et que l’élément déclencheur était son départ ?
Le seul moyen qu’avait trouvé Grace pour oublier sa responsabilité dans la terrible mort de son petit frère était de se dévouer corps et âme dans son travail. Elle commençait à se faire un nom dans son quartier du 6, et les gens savait qu’elle était fiable, dévouée et appliquée à la tâche. Comme lorsqu'elle avait fuit sa maison, elle préférait éviter de se confronter à la réalité, aussi dure soit elle -la mort de son frère- en se consacrant à quelque chose qui demandait toute son attention.

** 3 ans plus tard **

Ismaël, l’aîné de la famille qui avait accepté de loger Grace, quelques années de plus qu’elle, lui avait fourni, il y a quelques semaines de cela une information qui bouleversa à nouveau sa courte vie. Récemment devenu pacificateur, il a pu avoir accès à certaines archives confidentielles du district. Malgré son interdiction de dévoiler quoi que ce soit qu’il découvre grâce à son nouveau métier, les années l’avaient rapproché de Grace et il se senti obligé de lui répéter ce qu’il venait de découvrir. Une de ses collègues aurait reçu un message d'un district périphérique en lui disant de vérifier les archives, une irrégularité aurait été détectée. Sans entrer dans les détails, Ismaël lui expliqua qu'il pouvait s'agir de Romain, beaucoup de coïncidences et de détails concordaient. L'acte de décès comprenait des incohérences. Après en avoir discuté avec Ismaël, la jeune employée de la mairie préféra corriger le problème elle-même, soupçonnant une erreur d'inattention.
Le cœur de Grace avait loupé un battement lorsqu’elle apprit que Romain était encore vivant. Il en rata un autre lorsqu'il lui expliqua qu'il avait été envoyé dans un autre district. Il n'y avait aucune certitude, mais Ismaël venait d'allumer en elle une conviction qu'il sera difficile d'éteindre.

Une idée fixe s’était alors logée dans sa tête, sans qu’elle ne puisse la chasser. Il fallait qu’elle le retrouve.

Ambition du personnage - 10 lignes minimum
Vivant au jour le jour, selon les petits jobs qu’on lui accordait, la seule motivation de Grace est de retrouver son petit frère. Il était vivant, elle le savait, et la culpabilité qui la rongeait un peu plus chaque jour après l’avoir laissé derrière elle alors qu’elle fuyait la poussait à tout entreprendre pour le retrouver. Elle lui devait bien cela. Elle le faisait autant pour lui que pour elle : si la solitude lui convenait, elle ne pourrait pas vivre longtemps en sachant qu’elle l’a abandonné. Elle n’arrive cependant pas à voir au-delà de cet objectif : elle ne peut s'imaginer un futur stable, fonder une famille et tout ce qui va avec, n’ayant qu'un unique modèle familial qui avait mal tourné.
Mais que pouvait-elle espérer, après avoir retrouvé Romain ? Elle ne savait pas, elle préférait ne pas y penser jusqu’au moment où la question deviendrait inévitable. Retrouver son frère, où qu’il soit, le ramener dans le 6 et lui faire vivre une enfance –du moins ce qu’il en restait- la plus normale possible. S’il n’était pas trop tard.