Ce que l'on risque révèle ce que l'on vaut

Ce que l'on risque révèle ce que l'on vaut

Nikolay & Clyde

Lorsqu’on lui avait imposé cet article, Clyde avait difficilement réprimé un soupir de déception. Le district 4 ne l’intéressait pas, et encore moins les carrières qui s’y trouvaient. Le Quatre était beaucoup trop riche et tranquille pour qu’il puisse y trouver, par chance, des rebelles, et son enquête n’allait toujours pas avancer. Il se rendait compte que s’il était doué à dénicher des ragots, mener une véritable enquête était une autre paire de manches et c’est un exercice auquel il avait du mal à se soumettre.

La bonne nouvelle est qu’il n’avait pas à beaucoup préparer cette interview. Des carrières, il en avait vu et revu, les questions de bases étaient toutes prêtes et à partir de celle-ci, il allait trouver des choses intéressantes en fonction de son interlocuteur.

Le trajet pour le Quatre n’était pas très long, et Clyde avait juste eu le temps d’admirer le paysage et de passer au wagon-bar qu’il était déjà arrivé à destination. On lui indiqua le trajet qui menait jusqu’au centre des carrières, qu’il trouva sans difficulté. Il s’approcha de ce qu’il pensait être le coach du centre et se présenta :

▬ Bonjour, j’espère que l’on vous a prévenu de ma venue. Je suis Clyde Holden, journaliste au Capitole, on m’a chargé d’écrire un article sur les carrières du Quatre, en prévision des Jeux. Si ça ne vous dérange pas, j’aimerai interviewer un ou deux de vos élèves.

Tout en lui serrant la main, son interlocuteur lui répondit :

▬ Bien sûr, soyez le bienvenue dans notre district. Prenez le temps qu’il vous faut, et je serai ravi de répondre à vos questions s’il vous manque des informations. Je vous présente Nikolay, un de nos meilleurs éléments, que je vous conseille pour votre interview si vous souhaitez une représentation fidèle du district.

Il avait posé la main sur l’épaule du jeune homme à côté de lui, presque aussi grand et tout aussi bien bâti. Clyde le remercia avant de s’adresser au jeune homme que l’on venait de lui présenter.

▬ Si cela ne te dérange pas, j’aimerai te poser quelques questions pour illustrer mon articles. Ce ne sera pas long, tu ne manqueras pas beaucoup de ton entraînement.

D’un geste de la main, il lui proposa de continuer la conversation un peu plus loin. En sortant son carnet et un stylo, il entama l’interview avec sa première question :

▬ Est-ce que tu peux commencer par te présenter ? Ton prénom et ton âge, mais aussi tes motivations, ce que tu viens faire ici. Et, car si j’ai bien compris tu es parmi les plus doués, si tu te sens prêt à te porter volontaire lors de la prochaine Moisson.

- Bien sûr, soyez le bienvenue dans notre district. Prenez le temps qu’il vous faut, et je serai ravi de répondre à vos questions s’il vous manque des informations. Je vous présente Nikolay, un de nos meilleurs éléments, que je vous conseille pour votre interview si vous souhaitez une représentation fidèle du district.

Je retins à grand peine une grimace lorsque notre entraîneur posa une main sur mon épaule d'un air protecteur.
Je n'avais aucune envie d'être là, et aucune envie de faire cette interview. Mais je n'avais pas trop le choix. J'allais devoir encore une fois jouer le carrière stupide et bagarreur. Mais ce rôle était de plus en plus difficile à tenir...

Je regardais donc Clyde en prenant un air aussi neutre que possible, tandis qu'il déclarait

- Si cela ne te dérange pas, j’aimerai te poser quelques questions pour illustrer mon articles. Ce ne sera pas long, tu ne manqueras pas beaucoup de ton entraînement.

Cette fois, je ne pu retenir un soupir, mais qui pourrait passer pour celui d'un carrière avide de pouvoir continuer son entraînement.
Le journaliste me signe alors de continuer la conversation à l'écart, et je le suivis d'un pas traînant, en imaginant que je lui faisait avaler son carnet et son stylo

- Est-ce que tu peux commencer par te présenter ? Ton prénom et ton âge, mais aussi tes motivations, ce que tu viens faire ici. Et, car si j’ai bien compris tu es parmi les plus doués, si tu te sens prêt à te porter volontaire lors de la prochaine Moisson.

Mais quel cauchemar...
Je décidais de continuer à jouer le rôle du carrière bourru. Pour moi, cela serait plus simple, et je suis sûre que cela ne déplairait pas aux capitoliens...

- Nikolay, 19 ans. Je veux représenter mon district aux Jeux, et gagner. Et je suis prêt.

Haha ! Il allait galérer pour pondre un article avec cette réponse !
Soudain, j'aperçus un mouvement du coin de l’œil.
Tara.
Sa présence ici ne pouvait annoncer qu'une chose : un rebelle avait un problème, et on devait avoir besoin de moi...

Ce que l'on risque révèle ce que l'on vaut

Nikolay & Clyde

Le carrière n’avait pas l’air au top de sa motivation, et Clyde étais surpris qu’il lui ait été désigné comme étant le meilleur de son district. Sa réponse aussi sèche que courte le lui confirma :

▬ Nikolay, 19 ans. Je veux représenter mon district aux Jeux, et gagner. Et je suis prêt.

C’est ce qui s’appelait une réponse laconique. Il allait enchaîner avec la question suivante, sans beaucoup d’espoir quant à sa réponse lorsqu’il vit son regard détourné par un mouvement à la fenêtre, et son attitude changea instantanément. Clyde entrevit furtivement une ombre mais n’eut pas le temps d’apercevoir le visage. Qui cela pouvait-il bien être pour provoquer une telle réaction sur le visage du carrière ?

Son instinct de journaliste et de chercheur de potin se mit en alerte. Il tenait le bout d’un fil qu’il fallait qu’il suive pour tomber sur quelque chose de bon. De vraiment bon. Il joua la carte de l’innocence et pris la parole :

▬ Si vous avez un empêchement, je comprends tout à fait, je peux interviewer quelqu’un d’autre… Au revoir et bonne continuation.

Sur ces derniers-mots, Clyde s’était levé et avait serré la main au jeune homme, l’air de clôturer la conversation. Il se redirigea vers la salle d’entraînement comme s’il allait voir le coach. Une fois certains que Nikolay avait passé la porte du centre d’entraînement, Clyde pivota des talons et, sans courir pour ne pas être remarqué mais avoir tout de même une chance de le rattraper, se mis à sa poursuite.

La course ne faisait que commencer…

Je commençais à me demander comment j'allais me débarrasser de cet encombrant journaliste, lorsqu'il me déclara :

- Si vous avez un empêchement, je comprends tout à fait, je peux interviewer quelqu’un d’autre… Au revoir et bonne continuation.

Quelle chance ! Je dissimulais à peine mon soulagement en lui répondant :

-Si vous le proposez, cela m'arrange en effet. Merci et peut être à une prochaine fois, ajoutais tandis qu'il me serrait la main.

Je le regardais un instant s'éloigner, avant de partir le plus discrètement possible vers la porte du fond du gymnase. Tara m'y attendait, visiblement bouleversée.
Je lui pris le bras et m'éloignais avec elle, comme si nous étions un jeune couple incapable de vivre plus de deux heures l'un sans l'autre. Je lui murmurais alors :

- Qu'est ce qu'il y a ?
- C'est Pane... Ils l'ont arrêté cette nuit...

Je sentis mon coeur se serrer à ces mots. Encore un... Encore un rebelle capturé et qui devait être torturé en ce moment même...
je respirais lentement pour évacuer ces images et essayais de rassurer Tara :

- On va le libérer, ne t'inquiète pas... Ce ne sera pas notre première opération de sauvetage !

Mais Tara me regarda alors avec des yeux brillants de larmes

- Ils le transfèrent cet après-midi au Capitole...

Je la regardais, sous le choc et begayais :

- Cet après-midi ? Et ils veulent qu'on organise une opération de sauvetage en si peu de...

Mais le regard que me jeta Tara fit mourir la fin de ma phrase.
Et je compris enfin, horrifié, ce qu'on attendais de moi.
Je levais un instant les yeux vers le ciel, pour reprendre le contrôle de mes émotions, puis lui demandais, d'une voix émue :

- Je dois m'assurer qu'il ne monte pas dans le train,c 'est ça ?

Elle hocha lentement la tête, deux grosses larmes roulant sur ses joues.
Je restais un moment figé. Pane était un ami. La semaine dernière encore, on avait fait la fête en rentrant de la pêche.

Mais j'allais devoir le tuer...

Je poussais un soupir, puis caressais la joue de Tara pour essuyer une larme. Je lui dis simplement :

- C'est bon.

Puis je tournais rapidement les talons, pour rentrer à nouveau dans le gymnase. Si je prenais le temps de réfléchir, je n'y arriverais pas.

Je me dirigeais vers le présentoir des armes, saisis un arc et des flèches, et fit un signe à l'entraîneur, pour lui signifier que j'allais m'entraîner dehors. Ce n'était pas rare, nous avions une terrain de tir à l'arc dans une zone reculée derrière des hangars.

Hangars dont les toits donnaient sur la gare...

Muni de mon arc, je me dirigeais donc rapidement vers la zone d'entrainement.
Au dernier moment, après avoir jeté un regard autour de moi, je m'engouffrais dans un hangar sentant le poisson séché.

Là, dans la pénombre, je me dirigeais doucement vers l’échelle permettant d'accéder au toit, l'oreille aux aguets, des fois que qu'un employé soit dans ce hangar à cet instant précis.
Rassuré, j'empoignais les barreaux et commençais l'ascension.

Une fois arrivé sur le toit, je clignais un moment des yeux pour m'habituer à la lumière, avant de me diriger vers l'un des coins. Bien tassé contre un renfoncement, un vieux tas de tissus semblait parfaitement anodin. Il dissimulait pourtant des flèches, différentes de celles utilisées au centre des carrières.

Ce n'était pas la première fois qu'il fallait éliminer quelqu'un à la gare, et nous disposions de trois "points d'appui" possibles, dont celui-ci.

Mais c'était la première fois que j'allais devoir tuer l'un des nôtres...

Lentement, les bras lourds, je sortis une flèche du tas de tissus et me mis en position. J'essayais de ne pas penser aux minutes qui allaient suivre.

Un grondement bas m'indiqua que le train entrait en gare. Je sentis tous mes muscles se tendre, et je respirais profondément, en essayant de vider mon esprit.
Soudain, je vis quatre pacificateurs, traînant un prisonnier qui semblait déjà bien amoché.
Ma gorge se serra, mais je serrais les dents et encochais la flèche.

L’œil fixé sur ma cible, je tendais l'arc, bloquais ma respiration, puis relâchais la corde.
Un sifflement, un éclair rouge, et c'était fini.

Sans attendre davantage, je repartis en courant vers l'échelle.
Quand les pacificateurs arriveraient, je serais déjà en train de courir en criant que j'avais vu un homme louche et armé sortir du hangar... Et, quand ils regarderaient dans mon carquois, ils verraient qu'aucune flèche n'avait été tirée...

Ce que l'on risque révèle ce que l'on vaut

Nikolay & Clyde

Avec un sourire satisfait, Clyde se mit le plus discrètement possible à la poursuite du jeune carrière. Celui-ci avait beau être entraîné, l’adrénaline et l’appât du scoop lui faisait tenir la distance sans trop de problème. Il avait eu une brève discussion avec une jeune femme, et Clyde se maudit de ne pas en avoir saisis la teneur. Malgré la distance, Clyde aperçu leur visage grave et, discrètement, pris une photo des deux jeunes gens. Il ne prévoyait pas d’utiliser ce cliché, mais on ne sait jamais, il pourrait se révéler utile.

Sans prévenir, Nikolay fit demi-tour pour rentrer dans le centre d’entraînement. Clyde se tapit derrière un mur, s’assurant qu’on ne pouvait pas le voir. Une pointe de déception el saisit : c’est tout ? Lui qui avait flairé un si bon ragot, il allait rentrer les mains vides. Il allait sortir lorsque Nikolay resurgit, un arc et des flèches à la main. Décidément, cette histoire connaissait des rebondissements.

La course repris, cette fois-ci en direction de la gare. Clyde devait rester concentrer à chaque instant pour être prêt à se cacher si le jeune homme qu’il pistait se retournait. Il prit également encore quelques photos, sait-on jamais.

Ce qu’il vu ensuite dépassa toutes ses espérances. Sans le voir clairement, Clyde compris ce qu’il s’était passé. Nikolay avait tiré sur quelqu’un à l’intérieur du hangar. Mais qui cela pouvait-il bien être ? Une fois assuré que Nikolay était partit, il se dirigea rapidement à la place que celui-ci avait pris pour tirer sa flèche. Celle-ci était figée dans le coeur d'un homme accroché à une chaise. Sûrement un rebelle, il devina. Il déguerpit aussi vite, ne voulant pas se faire accusé d'un meurtre qu'il n'avait pas commis. Il n'arrivait cependant pas à comprendre le rôle que Nikolay jouait dans cette histoire. S’il voulait en savoir plus, il fallait qu’il piste Nikolay ou retrouve la jeune femme avec qui il avait parlé. Cette visite s’avérait beaucoup plus intéressante que prévue…

Excité par la tournure des évènements, il ne pris pas garde lorsqu’il sortit de sa cachette, et se retrouva nez à nez avec le jeune meurtrier, qui avait dû faire demi-tour. Clyde se figea, attendant sa réaction. S’il savait manier une plume comme personne, le jeune journaliste ne savait pas comment réagir lorsque sa vie était potentiellement en danger. Il prit maladroitement la parole :

▬ Je… Je rentrais justement à la gare… mon train ne devrait pas tarder… Je ferais mieux d’y aller.

Il se dirigea d’un pas qu’il espérait le plus assuré possible en direction de la gare, priant pour que le jeune carrière le laisse passer. Tout en calculant les chances qu’il avait de le battre si une vraie course de vitesse s’engageait. Et elles étaient, à son grand désespoir, beaucoup trop minces.

Encore sous le choc de se je venais de faire, et en train de réfléchir à ce que j'allais dire au pacificateurs, je faillis rentrer dans quelqu'un en sortant du hangar.
Le journaleu.

- Je… Je rentrais justement à la gare… mon train ne devrait pas tarder… Je ferais mieux d’y aller. bredouilla ce dernier d'un air peu convainquant en me regardant d'un air effrayé.

Il sait. D'une façon où d'un autre, il sait.
Et il représente donc un danger pour moi.
Je dois agir, maintenant

Alors qu'il essaye déjà de s'éloigner vers la gare, d'un pas mal assuré, je regarde autour de moi. Personne.
Tant mieux.

D'une grand enjambée, je me retrouve derrière lui et le saisit violemment par le cou.

- Doucement, mon ami ! Vous n'avez pas fini votre interview... Et je crois que nous avons des choses à nous dire...

J'hésite un instant à lui briser la nuque sur place, mais la mort en pleine rue d'un journaliste risquerait de causer des ennuis à notre district. Je me résout donc à l'emmener dans une de nos cachettes, pour l'interroger, avant de l'exécuter.

Pour pouvoir le déplacer sans problème, je lui assène alors un coup de poing très violent sur la tempe. Il s'écroule comme une masse. Je le soulève alors et le bascule sur mes épaules, avant de rejoindre le plus rapidement possible une ruelle sombre.

[20 minutes plus tard]

Je termine d'attacher solidement le journaliste sur une chaise. Impossible qu'il se détache, en tant que pêcheur, les nœuds, ça me connaît. Il est encore évanoui, mais il commence à bouger, et je pense qu'il va se réveiller bientôt, avec probablement un sérieux mal de crane...

Lorsqu'il ouvre les yeux, je saisis une autre chaise et m'assoie en face de lui, penché en avant.
D'une voix menaçante, je déclare :

- Tss Tss Tss... Quelle mauvaise idée de se mêler des affaires des autres... Tu aurais dû rester avec les autres carrières... Et maintenant, je vais devoir te tuer, parce que tu en as trop vu. Ne t'inquiète pas, je te briserais les cervicales, ça sera rapide et tu ne sentiras rien... Je n'aime pas faire souffrir inutilement...

Je fais une pause, histoire de lui laisser le temps de digérer mes premières paroles. J'espère qu'il est maintenant complètement mort de peur, et convaincu que je ne plaisante pas, avant de reprendre :

- Par contre, je vais devoir t'interroger avant, pour m'assurer que tu étais juste un journaleu trop curieux et pas un agent du Capitole. Et... si je n'ai pas les réponses que j'attend, là je te promet que je vais te faire très mal...

En réalité, j'espère qu'il va parler sans avoir besoin d'encouragement. J'ai dit la vérité, je n'aime pas faire souffrir, et je n'ai jamais torturé quelqu'un. Mais je connais les procédures, et je suis prêt à faire mon devoir pour empêcher que d'autres rebelles soient capturés.

Lentement, je me lève alors et passe derrière lui.
Brusquement, je lui enserre le cou avec mon bras gauche, tandis que je lui tire violemment la tête en arrière par les cheveux de la main droite.

Puis je lui demande :

- Alors mon joli, première question: pourquoi es-tu venus au district 4 ?

Ce que l'on risque révèle ce que l'on vaut

Nikolay & Clyde

Lorsque Clyde se réveilla, il lui fallut quelque instant avant de comprendre la situation. Sa vision encore floue, il essaya de se lever mais à sa grande surprise il ne pouvait pas se détacher de la chaise. Il cligna rapidement des yeux, comme pour lui rendre sa vision plus rapidement. Il découvrit alors de larges nœuds retenir ses poignets, ses chevilles et son buste à une chaise. Il regarda autour de lui tandis que la mémoire lui revint : le carrière qu’il avait suivi avait tué quelqu’un, un rebelle, mais il l’avait aperçu et devait l’avoir assommé pour le traîner dans… où était-il ? Une sorte de garage, sûrement trop à l’écart des habitations pour qu’il puisse espérer être entendu et secouru s’il criait.

Justement, le carrière se trouvait juste en face de lui, penché sur une chaise, clairement en position de domination.

▬ Tss Tss Tss... Quelle mauvaise idée de se mêler des affaires des autres... Tu aurais dû rester avec les autres carrières... Et maintenant, je vais devoir te tuer, parce que tu en as trop vu. Ne t'inquiète pas, je te briserais les cervicales, ça sera rapide et tu ne sentiras rien... Je n'aime pas faire souffrir inutilement...

Clyde déglutit difficilement. Rassurant, en effet. La bouche sèche, Clyde avait du mal à parler. Et encore plus à saisir la situation. Qui était Nikolay ? Un rebelle ou au contraire était-il pro-capitole ? Pourquoi avoir tué un rebelle ? Le cerveau de Clyde carburait à toute vitesse, essayant de comprendre la situation pour s’en sortir. Vivant, de préférence, avec toutes les parties de son corps, ce serait encore mieux.

▬ Par contre, je vais devoir t'interroger avant, pour m'assurer que tu étais juste un journaleu trop curieux et pas un agent du Capitole. Et... si je n'ai pas les réponses que j'attend, là je te promet que je vais te faire très mal...

« m’assurer que tu n’es pas un agent du Capitole… » A moins de bluffer, ce dont Clyde doutait fort, cela signifiait que Nik était un rebelle. Mais alors, pourquoi avoir tué quelqu’un de son propre camp ? Clyde n’eut pas le temps d’y réfléchir plus longtemps, Nikolay avait fait le tour de sa chaise et s’était retrouvé derrière lui. D’un geste brusque, Clyde sentit un bras encercler brusquement son cou et ses cheveux tirés en arrière.

▬ Alors mon joli, première question: pourquoi es-tu venus au district 4 ?

Clyde pris une grande inspiration –autant d’air que le bras du carrière lui permettait de prendre. Il articula difficilement, pesant chacun de ses mots.

▬ Mon rédacteur en chef m’a envoyé ici pour faire un article sur les carrières du 4, les Capitoliens aiment avoir un aperçu des tributs qu’ils vont voir s’affronter, avant la Moisson… Puis je t’ai vu partir, et je pensais être sur la piste d’un scoop un peu croustillant, mais je ne pensais pas tomber sur … ce que j’ai vu.

Cela allait-il être suffisant pour le convaincre ? Le jeune journaliste ne pouvait pas prendre de risque.

▬ Ecoute, tu vas peut-être trouver cela difficile à croire, mais je ne dirais rien. Je ne répèterais à personne ce que j’ai vu aujourd’hui. Au contraire je voudrais… je voudrais aider. Cela fait quelques mois que je cherche à entrer en contact avec un rebelle, mais au Capitole, je ne savais pas où commencer, je n’avais aucun contact. Et aujourd’hui je tombe sur toi… Mais je me rends compte qu’il est difficile de me croire, je ne dois pas avoir l’air très crédible. Si tu ne crois pas mes intentions, peut-être connais-tu mon père, James Holden. C’était un rebelle, et il a été tué par le Capitole. C’est pour le venger et empêcher que cela se reproduise que j’aimerai suivre ses pas…

Jamais Clyde n’avait autant compris l’importance des mots. Ou il était convaincant ou… c’était un homme mort.

Le journaleu inspira bruyamment un peu d'air. Il semblait lutter pour garder son sang froid et ne pas paniquer. En même temps, c'était peut être la première fois qu'il se sentait vraiment en danger...

Avec difficulté, parce que je ne faisais rien pour l'aider, il réussit à articuler :

- Mon rédacteur en chef m’a envoyé ici pour faire un article sur les carrières du 4, les Capitoliens aiment avoir un aperçu des tributs qu’ils vont voir s’affronter, avant la Moisson… Puis je t’ai vu partir, et je pensais être sur la piste d’un scoop un peu croustillant, mais je ne pensais pas tomber sur … ce que j’ai vu.

Ha ça, il était tombé sur le scoop de l'année. Mais un scoop potentiellement...mortel.
Cela m'étonna par contre, qu'il m'avoue tout de suite qu'il m'avait vu tuer quelqu'un. J'aurais pensé qu'il tenterait de me faire croire qu'il n'avait rien vu...

- Ecoute, tu vas peut-être trouver cela difficile à croire, mais je ne dirais rien. Je ne répèterais à personne ce que j’ai vu aujourd’hui. Au contraire je voudrais… je voudrais aider. Cela fait quelques mois que je cherche à entrer en contact avec un rebelle, mais au Capitole, je ne savais pas où commencer, je n’avais aucun contact. Et aujourd’hui je tombe sur toi… Mais je me rends compte qu’il est difficile de me croire, je ne dois pas avoir l’air très crédible. Si tu ne crois pas mes intentions, peut-être connais-tu mon père, James Holden. C’était un rebelle, et il a été tué par le Capitole. C’est pour le venger et empêcher que cela se reproduise que j’aimerai suivre ses pas…

James Holden... Oui, je connaissais ce nom... Je desserrais un peu mon étreinte autour de son cou, indécis. Biens sûr, il pouvait avoir dit ça pour endormir ma méfiance, mais il semblait sincère.
Qu'est ce que j'étais censé faire maintenant ? Le plus sûr était de le tuer, mais nous manquions d'hommes... Et les recrutements étaient toujours une prise de risque au début. Lorsque j'avais moi même rejoint les rangs des rebelles, mon statut de carrière m'avait valu de longs mois de méfiance et de tests, avant que j'ai pu prouver pleinement mon engagement.

Est ce que je devais commencer la procédure de recrutement pour ce journaliste ? Pourrait-il nous apporter quelque chose ? Il était observateur en tout cas... Et son métier lui permettrait de fourrer son nez partout sans trop attirer l'attention...

Mais avant, je devais m'assurer qu'il disait bien la vérité, même si cela ne me faisait pas plaisir. Sans un mot, je relâchais mon étreinte autour de son cou et allais me placer juste devant lui.
Je le fixais un moment en silence, avant de lui décocher un énorme coup de poing dans l'estomac. Je le laissais reprendre son souffle, avant de hurler, en lui tirant de nouveau la tête en arrière :

- Et tu crois que je vais croire à tes conneries ? Tu crois que je vais te libérer simplement parce que tu as balancé le nom d'un ancien rebelle ? Donne-moi une seule bonne raison de ne pas te tuer maintenant ?

Pour faire bonne mesure, je le frappais encore violemment à l'estomac. Il allait sans doute cracher du sang pendant une semaine, mais, s'il voulait devenir rebelle, autant qu'il apprenne vite à supporter la douleur...

Je lui laissais le temps de me répondre, même si au fond, j'avais déjà pris ma décision. Il pouvait être un atout précieux, il suffirait de le surveiller étroitement les premiers temps.

Je me rassis alors en face de lui, et lui demandais, d'une voix plus douce :

- Et qu'est ce que tu pourrais apporter à la rébellion ? Tu sais te battre ? Tu serais prêt à subir la torture ? Parce que laisse moi te dire que je n'ai fait que t'effleurer... Alors, si tu n'es pas capable d'en supporter plus, tu serais plus un danger qu'un atout...

Ce que l'on risque révèle ce que l'on vaut

Nikolay & Clyde

Un instant – un court instant – Il avait cru l’avoir convaincu. La seconde d’après, il recevait dans le creux de son estomac son poing d’une force non ménagée. Il commençait à paniquer, il ne lui restait plus qu’une carte en main, et il ne voulait pas la jouer tout de suite. De toute façon, il était dans l’incapacité de parler, le coup lui ayant coupé la respiration. Alors qu’il reprenait difficilement sa respiration, son interlocuteur, pour ne pas dire tortionnaire, le regardait d’un air suspicieux.
Envisageait-il encore de lui faire confiance ?

▬ Et tu crois que je vais croire à tes conneries ? Tu crois que je vais te libérer simplement parce que tu as balancé le nom d'un ancien rebelle ? Donne-moi une seule bonne raison de ne pas te tuer maintenant ?

Clyde n’eut pas le loisir de répondre qu’il reçut un nouveau coup dans l’estomac. Cette fois-ci, c’est du sang qu’il cracha lorsqu’il reprit sa respiration. Nikolay avait l’air déterminé. D’une voix tremblante, Clyde abattit sa dernière carte :

▬ J’ai pris des photos de toi, j’ai des preuves que tu as tué ce rebelle… Pas besoin de casser mon appareil, elles sont automatiquement synchronisées sur mon ordinateur et si je ne les efface pas, demain matin tout le monde pourra les voir… Mais si tu me fais confiance non seulement je ferais disparaître ces preuves mais en plus je serais de ton côté…

C’était entièrement du bluff mais Ces paroles parurent le convaincre et Clyde sentit un énorme soulagement l’apaiser, même s’il ne pouvait encore être sûr de rien. Nikolay s’assit en face du jeune journaliste et prit la parole, d’une voix beaucoup plus rassurante, qui confirmait l’impression de Clyde.

▬ Et qu'est ce que tu pourrais apporter à la rébellion ? Tu sais te battre ? Tu serais prêt à subir la torture ? Parce que laisse moi te dire que je n'ai fait que t'effleurer... Alors, si tu n'es pas capable d'en supporter plus, tu serais plus un danger qu'un atout...

Il n’avait pas tort. Clyde avait cru mourir de peur lorsque Nikolay l’avait capturé, était-il prêt à subir plus ? Il n’en était pas sûr, mais il voulait se convaincre, il voulait en être capable. De toutes façons, il était trop tard pour reculer, il n’avait pas le choix.

▬ Je suis réputé au Capitole, on a confiance en moi pour trouver les meilleurs ragots, par conséquent j’ai facilement accès aux grands évènements organisés par le Capitole, aux personnes haut-placées mais je voyage également facilement dans tous les districts… Je ne sais pas me battre mais je ne pense pas que dans la rébellion vous n’ayez besoin de que soldats, il vous faut aussi des gens pour en rallier d’autres à votre cause, et je pense être plus utile de ce côté-là…

Ses paroles, pourtant destinées à convaincre le jeune rebelle en face de lui, le convainquaient tout autant, et plus il parlait, plus il se rendait compte à quel point il pouvait être utile –et à quel point il voulait être utile. D’une voix cette fois-ci plus assurée il enchaîna :

▬ Que se passe-t-il maintenant ? Chacun repart de son côté comme si rien ne s’était passé ou y a-t-il un rituel d’initiation –Clyde cacha son appréhension lorsqu’il prononça ces mots- pour devenir rebelle ?

Je regardais attentivement le jeune homme en face de moi, guettant sa réaction. J'avais tout fait pour lui faire peur, et ses prochaines paroles allaient être fondamentales.
Lentement, je vis la détermination s'afficher sur son visage.
Il me regarda alors et déclara :

- Je suis réputé au Capitole, on a confiance en moi pour trouver les meilleurs ragots, par conséquent j’ai facilement accès aux grands événements organisés par le Capitole, aux personnes haut-placées mais je voyage également facilement dans tous les districts… Je ne sais pas me battre mais je ne pense pas que dans la rébellion vous n’ayez besoin de que soldats, il vous faut aussi des gens pour en rallier d’autres à votre cause, et je pense être plus utile de ce côté-là…

Hum... Il avait ses entrées au Capitole... Je savais que ce genre de profil était apprécié par la rébellion, notamment parce que très peu de Capitoliens faisaient partie de notre mouvement.
Je devais donc reconnaître que ses paroles avaient du sens, il pouvait en effet nous être utile...
Notamment s'il trouvait des ragots nous permettant ensuite de soutirer des infos à des capitoliens puissants en les faisant chanter...
Moui... décidément, ce pouvait être une recrue intéressante.

- Que se passe-t-il maintenant ? Chacun repart de son côté comme si rien ne s’était passé ou y a-t-il un rituel d’initiation pour devenir rebelle ? ajouta alors Clyde.

Je faillis éclater de rire à ces mots. Qu'est ce qu'il croyait ? Qu'on allait tous se réunir et lui faire jurer fidélité sur un crâne avant de boire du sang ?
Décidément, les journalistes avaient beaucoup d'imagination...

Sans un mot, je passais derrière lui, approchais ma lame de ses poignets et tranchais les liens qui le retenaient d'un coup sec.

Puis, je revins devant lui et lui expliquais :

- Nous n'avons pas le temps pour les rituels. Là, tu vas repartir comme si rien ne c'était passé. Et puis, dans quelques jours, je reprendrais contact avec toi, pour une mission. Pendant les premiers temps, je serais ton seul référent au sein de la rébellion, comme ça, si tu nous trahis ou que tu es pris et torturé, tu n'auras que mon nom à balancer.

Je me dirigeais alors vers la porte du hangar et ouvris discrètement la porte, regardant attentivement pour être sûr qu'il n'y avait personne dehors.
Puis, je me tournais vers Clyde et lui lançais :

- Tu as tout compris ? Tu es prêt à partir ?

Ce que l'on risque révèle ce que l'on vaut

Nikolay & Clyde

Lorsque Nikolay approcha sa lame des poignets de Clyde, celui-ci n’était toujours pas convaincu qu’il n’allait pas brusquement changer d’avis pour finalement l’égorger en bonne et due forme. Ce n’est lorsqu’il entendit le lien retenir ses poignets se déchirer sous la lame aiguisée qu’il se sentit –en partie- soulagé.

▬ Nous n’avons pas le temps pour les rituels.

Bien sûr. Il passait pour un con maintenant, en plus de quelqu’un de pas très rapide. Et de très transportable.

▬ Là, tu vas repartir comme si rien ne c'était passé. Et puis, dans quelques jours, je reprendrais contact avec toi, pour une mission. Pendant les premiers temps, je serais ton seul référent au sein de la rébellion, comme ça, si tu nous trahis ou que tu es pris et torturé, tu n'auras que mon nom à balancer.

Et ben, il avait pensé à tout. C’était organisé, et plutôt bien organisé. Clyde ne savait pas pourquoi, mais inconsciemment il avait toujours imaginé les rebelles comme une bande de paumés, pas très bien organisés, sans trop de hiérarchie. Apparemment il s’était trompé. Combien d’autres choses ignorait-il encore ? Il ne préférait pas y penser, et en même temps il avait envie de savoir, de tout savoir.

Nikolay s’était éloigné, et, après avoir jeté un coup d’œil au travers de la porte qu’il avait entrouverte, il reprit la parole :

▬ Tu as tout compris ? Tu es prêt à partir ?

S’il avait tout compris… Oui, il supposait que oui. Il lui faudrait un peu de temps pour assimiler ce qu’il venait de se passer. Tout s’était déroulé vite, très vite. Il s’engageait dans quelque chose de complètement inconnu, pour la première fois dans sa vie. C’était à la fois passionnant et complétement terrifiant. Et lorsque l’adrénaline sera passée, sûrement uniquement terrifiant.

▬ Je crois… Oui, j’en suis sûr.

Ce n’était pas le moment de montrer des doutes, de montrer ses faiblesses. Depuis le temps qu’il l’attendait, il était largement prêt. Il se leva, ses jambes étaient un peu engourdies mais en quelques pas rapides il rejoint la porte.

▬ On peut arriver ensemble au centre des carrières, je dirais que nous sommes sortis quelques minutes pour discuter dans un endroit sans oreilles indiscrètes. J’enverrai un exemplaire du journal, ils seront contents et ne poseront pas plus de questions.

Et, malgré les évènements qui venaient de se dérouler, le professionnalisme de Clyde reprit le dessus. On lui avait demandé un article, il allait rendre un article.

▬ Je n’ai plus le temps de faire une interview en propre et due forme, ça ne te dérange pas que je te présente comme un carrière lambda, qui cherche la gloire en gagnant les Jeux ? Ou tu préfères que je te dépeigne comme quelqu’un d’altruiste qui veut se porter volontaire pour sauver un gamin de ton district ?