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 Dream or nightmare ?

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Sélène J. Featherstone
Sélène J. Featherstone
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★ Occupation : Mentor
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MessageSujet: Dream or nightmare ?   Dream or nightmare ? EmptyMar 31 Mar - 15:41


A la claire fontaine…


Sélène & Hespéros


La soirée avait été festive, enjouée, pleine de couleurs et d’oiseaux, trop longue, ennuyeuse à mourir… Je n’étais même pas certaine d’avoir apprécié les premiers adjectifs que j’utilisais pour la définir, la seule chose que j’étais parvenue à aimer c’était le goût du doux champagne qui avait caressé mes lèvres dès que je n’avais plus eu besoin de ma totale conscience. Malheureusement, ce moment n’était arrivé que tardivement ce soir : séduire les hauts de ce monde pour assurer des deniers à mes futurs tributs s’était révélé plus compliqué qu’habituellement. La frénésie de l’Expiation et de tout ce qu’elle impliquait de cruauté et de dévastation rendait les parieurs plus joueurs, ils attendaient de connaître les règles du jeu et ceux qui allaient devoir s’y soumettre pour commencer la valse des sponsors. Cette soirée servait seulement d’ouverture de bal, une sorte de présentation et de jeu de séduction à peine voilé dans lequel je me devais de rester le joyau de la couronne, cette vainqueur pleine de charmes et d’atouts, suffisamment attirante pour qu’on ait envie de lui faire confiance. J’avais toujours été douée dans cette situation, c’était dans ma nature : lorsqu’on a la chance d’être une belle femme, on a le devoir de savoir en jouer.

Et puis, il y avait eu la conversation avec M. Stark, les doutes quant à la sélection de ma sœur et la volonté farouche que le Capitole affichait à vouloir des Jeux exceptionnels… L’absence de Samuel m’avait également perturbée, encore davantage lorsque j’avais entendu qu’il ne serait pas de la partie cette année à cause d’ennuis de santé. J’aurais aimé en avoir été informée autrement, mais après tout nous n’étions pas réellement proches, nous étions amants rien de plus. Deux corps qui se consolent, ça s’arrêtait là. Rien de tout cela n’était réel. Channelle était encore tranquille installée dans sa chambre au District Un et Samuel allait s’en sortir.

Alors, pourquoi après toutes ces révélations successives et les images de nos victoires qui s’enchaînaient sur un écran au fond de la salle, m’étais-je sentie prise au piège ? Pourquoi avais-je eu le désir brûlant de m’évader ? Même l’alcool n’avait pas réussi à apaiser mes angoisses, je ne me sentais pas à ma place ici, aujourd’hui encore moins qu’au cours de ces sept dernières années…

Désormais, je réfléchissais à tous les événements qui s’étaient succédé pour m’amener à ce moment précis, à ce carrefour de mon existence où tout paraissait s’effondrer. Perdre le contrôle, je détestai cela. C’était pourtant ce qui advenait de moi. J’étais partie de la soirée peu après que le départ des mentors ait débuté, je ne tenais pas à m’attarder plus longtemps et faire bonne figure m’était difficile. Je m’étais débrouillée pour m’échapper par une porte dérobée afin d’éviter l’escorte qui me conduirait bien sagement à mon appartement de la tour destinée à l’accueil des Jeux où je logeais au premier étage. J’avais envie de prendre l’air et non de m’enfermer dans une limousine à l’air pollué par les effluves camphrées et entêtantes propres au Capitole. Ce dont j’avais besoin, c’était d’air frais. De liberté.

Je tressaillis rien qu’à cette pensée : la liberté était un luxe qu’on ne pouvait s’offrir à Panem, du moins si on souhaitait rester en vie.

Une légère brise s’élevait en cette fin de soirée, elle me permettait de reprendre peu à peu mes esprits. Les yeux fermés, j’avançai sur les vastes places désertes pour sentir chaque parcelle de ma peau se vivifier au contact de cet air froid et humide venant de l’ouest. Je m’imaginais ailleurs qu’ici, très loin, là où personne ne pourrait plus jamais m’atteindre : ni moi, ni Channelle. La profondeur de la nuit semblait masquer les pires craintes, transformer nos rêves en instant de quiétude bien qu’on se savait dans un voyage onirique. C’était si agréable…mais ce n’était qu’une illusion. C’est alors que je me rendis compte que mes pas dans la ville, largement éclairée par les réverbères électriques, m’avait porté jusqu’à une place proche du centre où logeaient les mentors. Celle-ci était entourée de jardins à l’est et de bâtiments imposants au nord, une immense fontaine trônait en son centre. Le remous de l’eau faisaient tinter des sonorités cristallines.

Bientôt j’allais franchir la porte du centre, gardée par deux pacificateurs peu commodes. Je monterai dans l’ascenseur qui me déposera au premier étage où je me dirigerai directement vers mon lit sur lequel je m’effondrerai sans pouvoir trouver le sommeil… Ou je pouvais rester ici encore un temps, dans l’air nocturne à profiter de la mélodie de l’eau ruisselante qui était sans doute ce qu’il y avait de plus authentique dans cette ville excentrique. Doucement, je m’approchai de son rebord, voyais mon reflet dans l’eau. Le rebord était fait de marbre, froid, peu large. Je défis mes chaussures d’un simple mouvement de cheville et sans hésiter je m’y hissai, risquant à tout moment de finir dans l’eau glacée de la cuve de la fontaine. J’avais toujours rêvé de faire cela. C’était complètement idiot, puérile, insensé mais quand je venais de la gare du Capitole jusqu’au centre, j’avais toujours aperçu cette fontaine en rêvant de jouer les équilibristes sur son rebord. Les oiseaux du Capitole ne connaissaient rien à la vie, chez eux rien de spontané, rien qui ne soit simplement pour se faire plaisir. Ici, il n’y avait que l’apparence, l’excentricité et le paraître. Debout en équilibre, le bas de ma longue robe traînait un peu dans l’eau : le styliste serait furieux mais c’était ça qui était bon ! Lâcher prise. Comme une gamine, je m’amusais à faire quelques pas sans regarder où se posaient mes pieds, je ne pensais plus à Eneron Stark, à Samuel, aux oiseaux du Capitole, à cette soirée,… J’étais très loin, dans mon monde et je riais à plein poumons tellement tout cela était bon et ridicule à la fois.

Mon rire résonna et je continuai à faire le tour de la fontaine ainsi. J’arrivai presque à mon point de départ, heureuse comme une enfant qui vient de se prouver qu’elle est devenue grande car elle a bravé les lois de la gravité quand je levai les yeux et aperçus une ombre un peu plus loin. Mes paupières se plissèrent pour affiner ma vue, Hespéros McFinigan se tenait à quelques mètres seulement de moi, un sourire en coin à peine retenu. C’était un des Hauts-Juges des Hunger Games. Nous ne nous connaissions pas réellement, nous avions peut-être dû nous adresser la parole une ou deux fois lors de cocktails ou de soirées bien que je ne m'en souviennes pas vraiment. M'accoquiner avec des Juges n'était pas sur la liste de mes manigances pour essayer de privilégier mes tributs, je m'en tenais aussi éloignée que possible, me rappelant toujours à leur contact que c'était la main de l'un d'entre eux qui avait appuyé sur le bouton qui avait envoyé mon dernier adversaire dans un gouffre dont il ne s'était pas relevé, pas plus que moi d'ailleurs... Cependant, même si un frisson me parcourait l'échine à chaque fois que je me retrouvais en leur présence, il fallait toujours être irréprochable à leurs yeux, cela en allait de notre réputation et de ce qu'il pourrait faire subir comme humiliation à notre District si notre conduite était désobligeante ou inappropriée.

Et rien ne servait que je me voile la face : j’étais une mentor, perchée sur le rebord d’une fontaine, dans une robe de styliste, à plus de trois heures du matin et qui tentait de jouer les équilibristes.

- Bonsoir M. McFinigan, ce n’est pas ce que vous croy… lançai-je pour essayer tant bien que mal de minimiser les dégâts. Sauf que ma bonne étoile ne brillait pas cette nuit. Ma phrase s’acheva prématurément quand je tentais de retrouver la terre et, dans ma précipitation pour retrouver une contenance, glissai malencontreusement pour me retrouver baignée jusqu’à la taille dans l’eau de la fontaine.

Décidément, ce n’était pas ma journée. Me retrouver dans cette situation, je pouvais l’accepter mais m’y retrouver face à un Haut-Juge que je connaissais à peine et à qui je me présentais sous à la forme d’une originale dont il devait croire qu’elle était trop alcoolisée pour faire de pareilles bêtises…

Peut-être aurais-je mieux fait de me noyer en tombant... Cela aurait résolu bien des embarras...

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Dream or nightmare ? Vide
MessageSujet: Re: Dream or nightmare ?   Dream or nightmare ? EmptyJeu 2 Avr - 21:51


A la claire fontaine



Séduire les grands de ce monde était mon lot annuel depuis déjà de nombreuses années. Que ce soit au départ pour impressionner les riches familles par les talents respectifs de mes parents, nous pavanant dans les rues et les soirées mondaines où nous étions forcément invités afin d’exposer les dernières créations que tout le monde s’arrachait – et s’arrache toujours. Ou bien après lorsque je suis entré dans le cercle très fermé des juges des Hunger Games, où cette fois-ci il vous faut convaincre et garder le sourire quoi qu’il arrive. Un magnifique jeu auquel je m’étais prêté avec une adoration certaine depuis mon premier jour, rencontrant de très nombreuses fois madame la Présidente et me faisant inviter à des dîners officiels dans la maison mère du Capitole. Mais il n’y avait bien que depuis que j’étais devenu Haut Juge que j’avais découvert le second aspect de ces soirées : séduire pour dévorer avant de l’être à notre tour.

« Monsieur McFinigan ! Que je suis heureuse de vous rencontrer ! Que nous réservez-vous cette année ? Quelque chose de grandiose j’imagine ! »
« De mieux, encore. » Répondis-je. « L’expiation n’arrive qu’une fois tous les vingt-cinq ans, nous nous devons de la rendre exceptionnelle. Vous ne serez pas déçue du résultat. »
« Diriez-vous que vous allez nous présenter quelque chose qui n’a jamais été tenté ? »
« Je dirais que nous allons vous époustoufler, Mary Margaret. Comme votre toilette de ce soir qui nous en met plein la vue. »
« Oh, quel flatteur ! Me voilà impatiente de connaître la suite des évènements. M’en souffleriez-vous un mot ou deux ? »
« Navré. Je préfère vous laisser la surprise. Sinon vous direz que je vous ai gâché votre année et l’écrirez dans votre magazine. »
« Vilain ! Mais j’accepte l’idée de l’interview ! Nous nous voyons demain pour cela dans ce cas, Mr McFinigan ? Vous nous révèlerez des détails croustillants, j’en suis sûre ! »

Non pas que je me leurrais ou me voilait la face précédemment, mais je n’avais jamais vraiment eut à affronter un tel engouement envers moi. Je ne pouvais pas faire un pas sans que quelqu’un ne vienne me harponner, dans des discussions intelligentes comme de la dernière bêtise humaine. C’était l’un de mes rôles, un paragraphe du contrat, et je tâchais donc de le respecter à la lettre pour donner la meilleure impression possible. J’étais dans les petits papiers du gouvernement, et je comptais bien le rester. Pourtant, la première année avait été la plus difficile ; l’année des révélations. L’année des secrets. L’année de la mise en place des dernières pièces d’un puzzle immense dans lequel j’étais malgré moi imbriqué. J’avais manqué de ne pas me rendre à la fameuse soirée d’ouverture des Hunger Games, préférant de loin me noyer dans l’alcool ambré qui emplissait bon nombre de bouteilles et de verres dans mon appartement. Et si Philéas n’était pas venu me chercher en tambourinant à ma porte, c’est sans doute sur mon tapis préféré que j’aurais terminé la soirée la plus importante des jeux. A broyer du noir. A fuir mes pensées et mes idées. A essayer de mettre de l’ordre dans tout ce flot d’informations pour y trouver un sens. Une logique. Cesser de n’avoir que des hypothèses. Et pourtant, j’avais beau tourner et retourner tout ça dans mon esprit, la conclusion me semblait évidente : Panem n’était pas la solution.

C’était le problème. L’extermination. Et j’étais l’un de ses cavaliers sur l’échiquier. Je pouvais me déplacer d’une manière très différente des autres, survoler des pions et des dames, mais je me retrouvais toujours confronté au roi et à la limitation de mon espace. Des coups limités. Alors tant qu’à faire, j’avais choisi de laisser ses coups assouvir un tout autre dessein que celui de mon pays : j’avais rejoint Sawyer et la résistance. Cette double me vie me permettait visiblement de garder la tête hors de l’eau, de chasser les cauchemars représentant le corps mort de ma propre mère, de me faire à l’idée que j’avais assassiné des dizaines d’enfants sans le moindre scrupule. J’étais un meurtrier, et on m’applaudissait pour ça. On me félicitait et on me conseillait même de recommencer de plus bel pour les beaux yeux du public et l’attractivité des foules. Nous étions les maîtres chanteurs des médias. La parole et le bras du Capitole. Nous étions les Hauts-Juges et nous avions toute décision sur la vie ou la mort de nos vingt-quatre tributs moissonnés chaque année. C’était se prendre pour Dieu. C’était jouer au Diable. Voilà tout.

Elle était là. Comme chaque année, comme à chaque moisson, elle était là. Délicieuse dans une longue robe qui couvrait son corps mais dévoilait ses épaules et une partie de son dos ; j’avais passé plusieurs minutes à l’observer à la dérobée, épiant ses faux sourires et ses rires mutins. Quelle délicieuse actrice. Une vraie dame du Capitole, une mentor qui semblait jouir d’une très bonne réputation auprès des invités, comme envers cet Eneron Stark qui ne manqua pas de se l’accaparer une partie de la soirée. Je les observais de loin, sans intervenir ni même chercher à me mêler dans leurs conversations. Nous ne nous étions jamais officiellement rencontrés ailleurs que dans ces soirées mondaines, et comme même les verres avaient des oreilles dans ces endroits je n’avais jamais pu approfondir un peu plus que les bannalités d’usage. Les caméras voletaient absolument partout. Les micros se fichaient dans le moindre recoin. Et je n’avais jamais pu lui dire à quel point elle hantait chacune de mes nuits depuis que j’avais brisé sa vie en provoquant la mort de son amour de jeunesse. Qui l’aurait fait ? Je ne devrais même pas éprouver de remords, je devrais être satisfait de lui avoir offert une victoire biaisée parce qu’elle était la petite coqueluche du publique. Même revendiquer sa compassion et lui rappeler la dette qu’elle se devrait un jour de rendre. Mais je ne pouvais pas, j’en étais un capable. J’avais tué beaucoup de gens. Et j’avais assassiné cette femme en lui offrant la victoire.

Cette même femme que j’observais désormais depuis deux bonnes minutes, tapis dans l’obscurité toute relative de la nuit au Capitole. Rien n’était jamais vraiment à l’abri de la lumière ou des regards indiscrets ici. Pourtant, voilà qu’elle avait grimpée sur le rebord de cette fontaine et qu’elle s’amusait visiblement à en faire le tour, laissant résonner dans le silence de la nuit son rire cristallin que je ne me souvenais pas avoir entendu depuis bien longtemps. Il y a les faux semblants, les apparences, les mesquineries qu’on adopte pour se forger le masque nécessaire aux mondanités. Et puis il y a la réalité, l’insouciance d’un matin sous la lune. La régression en enfance pour l’adulte qui a évolué. Et cette fille qui jouaite, qui dansait, qui faisait lentement le tour de la fontaine dans sa longue robe de soirée comme si c’était la chose la plus merveilleuse du monde. Je resserrai mes doigts autour de ma cigarette qui se consumait lentement, la portant à mes lèvres pour en tirer une nouvelle bouffée sous ma barbe brune de quelques jours. Elle me vit, et je restai immobile. Elle plissa les yeux en cherchant sans doute à me reconnaître, je la laissai faire. Et quand je vis ses sourcils se hausser légèrement, je m’avançai de quelques pas pour être à portée de sa voix.

« Bonsoir M. McFinigan, ce n’est pas ce que vous croy… » Commença-t-elle en tentant de descendre de la fontaine. Il faut croire qu’elle confondit la droite et la gauche, car la voilà directement à plonger dans l’eau tiède de cette dernière. Heureusement pour elle, elle ne perdit pas d’avantage l’équilibre et épargna à sa coiffure et son maquillage de se retrouver trempés à leur tour, ce qui lui aurait donné l’air d’une enfant de rue un peu perdue. Je l’observai, le regard surpris, ne sachant que choisir entre me mettre à rire ou m’offusquer d’un tel manque de bienséance de la part d’une mentor, et du District Un en plus. N’importe qui se serait étonné d’un comportement pareil, quand on voyait Sélène depuis ses Hunger Games, c’était une manipulatrice et une aguicheuse. Elle était mesurée et savait particulièrement bien berner le reste du monde. Mais moi, j’avais vu la réalité des choses. J’avais à peine pesé le pour et le contre lorsque j’avais provoqué la chute de celui qu’elle aimait. Et j’avais vu tout le désespoir dans ses yeux quand elle avait douloureusement réalisé qu’il venait de mourir. Ce regard, j’espérais ne jamais le retrouver… Et ce rire précédent me laissa espérer que les choses pouvaient s’arranger. Un jour, du moins.

C’est la brûlure de ma cigarette sur mon index qui me tira de mes pensées et de ma contemplation, m’obligeant à relever vivement la main pour me débarrasser du mégot comme d’un beau diable en le laissant tomber sur le sol. Rapidement, je vins l’écraser de ma semelle, semblable au traitement que je réserverai au pire des cafards en train de m’attaquer. Portant ma phalange à mes lèvres pour l’humecter un instant, mes yeux bleus se reposèrent sur la demoiselle en train de patauger à trois heures du matin. Me voilà à la rejoindre dans le ridicule. Me voilà à soudain me mettre à rire de la situation en me penchant en avant, portant ma main devant mon visage comme pour me cacher, alors que mon autre paume frappait ma cuisse pour y prendre appui. Je riais, comme je n’avais pas ris depuis longtemps. Je riais comme si je relâchais une pression certaine, jouer les mannequins de plastique pendant des heures m’apparaissait soudain comme particulièrement épuisant. Et sans que je sache pourquoi, face à Sélène Featherstone, j’avais soudain envie de ne plus me voiler la face. J’avais envie d’être moi, un petit peu. Juste un peu.

« Que devrais-je croire alors, mademoiselle Featherstone ? »

J’essayais de me réfréner tout de même. De ne pas partir dans un grand éclat. Mais mon rire silencieux était plus qu’évident, vu la distance qui nous séparait. C’est pour cela que sans m’arrêter de rire, je me dirigeai vers elle et m’arrêtai contre la fontaine. Je lui tendis ma main pour qu’elle s’en saisisse ; je comptais l’aider à sortir d’ici, tout de même, comme un parfait gentleman. Sincèrement, c’était mon idée première. Et puis, sans raison aucune, je baissai le bras pour prendre appui sur le rebord et enjambait la fontaine afin de la rejoindre dans l’eau. Celle-ci était plus fraiche que ce à quoi je m’attendais, et je grimaçai sous la surprise du contact. Levant les bras loin de la surface, je lui lançai un regard accusateur.

« Pourquoi ne pas m’avoir prévenu qu’elle était aussi fraîche ? » Accusai-je d’un air faussement contrarié. « Si j’avais su, je vous aurais laissé vous ridiculiser toute seule ! » Mais l’idée avait été bien trop tentante. Nous n’avons qu’une vie. J’avais enfin l’occasion de rencontrer cette personne que je n’avais jamais pu atteindre, je ne comptais pas laisser filer cette chance inespérée de la connaître un peu plus. Qu’elle me prenne pour un abruti fini ou non, pour le coup. Pourvu que personne ne nous regarde !

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MessageSujet: Re: Dream or nightmare ?   Dream or nightmare ? EmptyDim 14 Juin - 1:59


A la claire fontaine…


Sélène & Hespéros


La brise fraîche de la nuit caressait mes épaules et mon dos dénudé. De fines gouttelettes s'y étaient logées créant l'illusion que ma peau de fille de joaillier était incrustée de diamants. Seulement, derrière le masque à présent tombé, point de fille de joaillier, point d'aguicheuse mentor, juste une femme dont la honte la dévorait en silence. Mes mains se posèrent instinctivement sur les plis de ma robe dont les larges pans de tissu satiné flottaient tout autour de moi, n'ayant pas tout à fait pris l'eau, formant un parachute absurde qui coulait peu à peu. Comme si elles tentaient de se raccrocher à quelque chose de tangible, mes paumes cherchèrent dans l’eau claire des bribes de ma dignité : elles aussi semblaient avoir sombré.

Je finis par renoncer, ne relevant qu’une mine aux traits hésitants vers le jeune Haut-Juge qui ne m’avait pas quittée du regard. Perçants, ses yeux d’un bleu qu’on aurait pu croire artificiel s’étaient figés sur ma silhouette en la détaillant avec une intensité qui contribuait largement à me mettre davantage mal à l’aise. Aucune parole, aucun son n’avait franchi ses lèvres depuis ma chute et l’infâme silence qui nous berçait me laissait à craindre une sentence à la hauteur de mon blasphème. Mes cils battants ne me sauveraient peut-être pas cette fois-ci, je n’avais pas l’allure pour jouer de mes charmes. Quoi que... Sa silhouette s'était figée et me contemplait de loin. Succombait-il comme tant d'autres ?

Soudain, sa main s’agita comme un beau diable. Une étincelle écarlate y demeura, preuve qu’il fumait : vice dont bon nombre de capitoléens s’accommodaient avec une certaine insouciance. Les odeurs des cigares et de l’alcool qui s’étaient mêlées tout au long de la soirée me revinrent en mémoire, effluves d’un luxe dépassé et surfait. Je me pris à songer que derrière ses apparences réservées, son style classe mais plus sobre que ces compatriotes, ses défauts et ses desseins étaient les mêmes. L’apparence, le paraître,… Ici, ils étaient si supérieurs à tout ce qui comptait réellement. Observer une femme déambuler telle une funambule des ombres, souriant au naturel sans artifice, devait être le summum de la grossièreté au Capitole. D’un geste vif, il se débarrassa de sa cigarette qui alla atterrir sur le trottoir où il l’écrasa bientôt d’un simple mouvement du talon. Combien de tributs avaient-ils évincé avec la même facilité, la même désinvolture ? Lui était-ce aussi léger de voir périr un enfant dans un de ses pièges cruels ?

Mon cœur se serra, mais ce n’était pas son procès qui se déroulait. C’était le mien. Moi, la mentor du Un dont on penserait que les nerfs avaient lâché. On raconterait demain qu’elle n’était pas si imperturbable qu’elle l’avait toujours laissé croire, certains se vanteraient peut-être de l’avoir vu pleurer une fois bien qu’il n’en fut rien. Tout serait bon pour faire courir la rumeur, tout détail mensonger serait parfait pour l’amplifier… J’entendais déjà rire les oiseaux, chanter leur piaillement. Celui d’Hespéros McFinigan s’éleva bientôt. Je levai vers lui des yeux qui hésitaient encore fureur et exaspération. Il riait, se tordait même, se penchait en avant en portant sa main à son visage pour éviter de laisser échapper un éclat trop sonore. Son rire silencieux traversa pourtant la place pour arriver jusqu’à moi, il était si franc et net que je ne pus douter de sa sincérité. Intriguée par son absence de retenue, ma tête se pencha légèrement sur la droite pour percer son masque à jour. Mais au Capitole, même les plus beaux artifices pouvaient vous sembler vérité et je restai donc sur mes gardes.

« Que devrais-je croire alors, mademoiselle Featherstone ? » lança-t-il entre deux hoquets de rire.

Je ne répondis pas, préférant le silence à une nouvelle ineptie qui ne ferait qu’aggraver la situation. Il se reprenait, doucement, mais son sourire éclairait ses traits d’une lueur de liberté quand il s’approcha de la fontaine. Arrêté juste au rebord, j’eus d’abord un mouvement de recul : la méfiance était toujours de mise, surtout avec les Juges… Qu’allait-il faire maintenant qu’il s’était bien moqué de ma prouesse ? Aller la crier sur tous les toits du Capitole était une possibilité non négligeable, la conserver dans ses dossiers pour mieux me l’asséner plus tard comme un coup bas était sa variante perverse. Dans son expression je tentai en vain de deviner ses intentions. Sa main se tendit bientôt vers moi, je haussai un sourcil suspicieux avant de tendre la mienne pour me tirer du pétrin dans lequel je m’étais fourrée. Seulement elle n’eut pas le temps de toucher la paume de celui qui jouait les gentlemen que déjà, dans un élan que je n’avais pas vu venir, l’eau m’éclaboussa et je me retrouvai à me protéger les mains en l’air comme un criminel. Quand je les écartai, ce fut pour découvrir un Hespéros McFinigan aussi trempé que moi qui souriait niaisement, de l’eau jusqu’à la taille tâchant son précieux costume ! Il gardait ses bras levés, comme dans un acte désespéré pour préserver sa veste du canarge. Il était aussi ridicule que moi. Nous étions logés à la même enseigne.

Surréaliste. Cette scène était surréaliste. Je clignai des paupières plusieurs fois, pensai même à me pincer un instant pour m’assurer que ce n’était pas un cauchemar. Cependant, la voix grave du Haut-Juge me fit réaliser la réalité de la situation :

« Pourquoi ne pas m’avoir prévenu qu’elle était aussi fraîche ? » m’accusa-t-il d’un air faussement contrarié. « Si j’avais su, je vous aurais laissé vous ridiculiser toute seule ! »

Complètement perturbée par ce qu’il venait de se produire, mes lèvres s’entrouvrirent dans une expression de surprise, formant des phonèmes absurdes sans que mes cordes vocales ne parviennent à produire le moindre son. Il était vraiment là, à mes côtés, en train de m’accuser de ne pas l’avoir averti de la fraîcheur de l’eau, avec - cerise sur le gâteau - un petit ton joueur et un visage faussement offensé. C’était une blague ?

Le premier choc passé, admettant toute l'absurdité des événements, je ressentis un réel soulagement. Une espèce de sensation agréable de lâcher-prise. Je me mis à pouffer de rire. Il était certainement complètement alcoolisé, ou drogué, ou idiot… Mais bon sang qu’est-ce que ça faisait du bien d’oser enfin rire d’un de ces oiseaux de malheur.

- Parce que je voulais voir la tête que vous feriez quand vous goûteriez à la plus grande aventure de votre vie ! lui lançai-je d’une voix amusée et un peu fière, comme si tout cela avait été prémédité.

C’était un chouia prétentieux, insolent même. Mais rien que pour voir son air hébété et surpris, ça en valait la peine. L’euphorie aidait sûrement à me sentir moins coupable et inquiète des conséquences. Comme lui plus tôt, j’eus du mal à calmer le rire qui secouait ma poitrine. Un sourire s’étira sur mon visage dont le maquillage finement pailleté brillait sous les rayons clairs de la lune qui nous veillait. Au point où j’en étais, je n’avais plus grand-chose à perdre. Je me prenais même à songer que je pouvais difficilement faire pire que la chute et la remarque que je venais de lui asséner. Alors désormais, pourquoi se priver d’être soi-même ? Plus aucune explication ne suffirait à plaider ma cause, ni la sienne d’ailleurs…

- Après la soirée bien arrosée, cela ne changera guère la donne !dis-je en trempant mes doigts dans l’eau avant de les relever et les détendre brusquement, envoyant des gouttes voler jusqu’au visage du Juge.

J'étais allée trop loin, je m'en rendis compte au moment même où mes phalanges se déplièrent. J'avais été moi, seulement moi pendant un court instant. Mais cette faute n'était pas tolérée ici, être soi-même était un crime.

- Excusez-moi pour ces familiarités, m'excusai-je finalement, C'est que je ne connais pas l'usage lorsqu'on se retrouve à prendre un bain de minuit avec un Haut-Juge...

Même complétement trempé, je devais bien admettre que ce Hespéros avait quelques atouts non négligeables, dont son regard bleu azur qui continuait à scruter mes traits comme s’il cherchait à lire en moi. Au fond, j’étais reconnaissante de sa plongée dans le grand bain. Je me sentais soudain moins seule même si cela n’était sans doute qu’une chimère de plus. Un soupir m'échappa alors que mon regard venait de repérer au loin les contours menaçants du centre des tributs, là où je résidais pendant les mondanités d'usage. Prenant appui sur le rebord de la fontaine, je m’y hissai. La robe pesait une tonne maintenant qu’elle était imbibée d’eau. Les pans tombaient, collant à ma peau : princesse déchue. Assise sur le rebord, les jambes trempant encore dans la fontaine, je laissai mon regard divaguer vers le centre. Je n’en laissais rien paraître mais la simple idée d'y rentrer me terrifiait. J’imaginais déjà un des pacificateurs de l’entrée s’approcher de moi, me demandant de le suivre afin de m’interroger sur mon état. Après tout, un mentor qui n’était pas sous contrôle était un mentor dangereux et je n’avais aucune envie de faire partie de cette liste… Pas alors qu’une Expiation s’annonçait… Pas alors que ma sœur allait risquer sa vie en participant à la Moisson.

Mais j'étais avec un Haut-Juge et j'eus soudain envie d'en jouer :

- Allons M. McFinigan, laissez-moi vous aider à sortir de là. Vous allez attraper la mort sinon... lui dis-je d'une voix plus douce.

Mes pieds avaient déjà retrouvé la terre ferme et, délicatement, j'attrapai les mains du Haut-Juge dans les miennes. Nos doigts s'entrelacèrent alors que je tentais de lui faire regagner le rivage...

Comment m'étais-je retrouvée à faire cela ? J'avoue que j'ignorais quelle succession d'événements grotesque avait pu me conduire là où je me trouvais, avec ce Haut-Juge qui ne pourrait que rendre la sentence de ma bêtise encore plus suprême. Sa folie pourrait-elle me permettre d’éviter les représailles ? Je me pris à l’espérer alors que l’horloge de la place aux courbes fantasques annonçait déjà que la moitié de la nuit s’était écoulée…



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