« L'expérience est une bonne école. Mais les frais sont élevés. »

L'expérience est une bonne école. Mais les frais sont élevés.

Feat Oliver Wingston

Simon soupira fortement, le regard rivé à ses chaussures. Ça y était. Ce moment qu'il redoutait depuis la moisson était sur le point d'arriver.

Quelques minutes plus tôt, le jeune mentor avait dit au revoir à ses tributs. Enfin, par "au revoir", il entendait plutôt "adieu". Car même s'il avait confiance en ses tributs et leurs capacités, il ne se voilait pas la face; les chances pour qu'ils ressortent des jeux étaient infimes. Trop même. Autant ne pas espérer pour rien.

Pourtant, ce moment avait été encore pire que dans l'imagination du jeune homme. Il avait pensé que ce serait dur, oui, mais pas autant. Avant de devenir mentor, il n'avait pas imaginé à quel point il était simple de s'attacher à ses tributs. Malgré leurs caractères forts et parfois peu supportables, il s'était attaché à James et Savinna. Et il supportait très mal le fait de devoir les regarder entrer dans l'arène.

Et dire que ce n'était que sa première année de mentorat. Comment allait-il supporter d'aider chaque année de nouveaux tributs, pour ensuite les voir mourir ?

Il en était à ses réflexions, marchant au hasard dans ce grand bâtiment où logés tributs, mentors, hôtes et équipes de préparation. Il ne savait pas vraiment où il allait, mais il continuait à avancer, tentant de ne pas penser au lendemain. Mais il n'y parvenait pas. Ses pensées revenaient constamment à l'arène et ses tributs. S'en sortiront-ils au bain de sang le lendemain ? Et si oui, les autres jours ? Connaitront-ils une mort avec un minimum de douleur, ou bien les carrières se feront-ils une joie de les décapiter pour un maximum de spectacle ?
Simon commençait à avoir mal à la tête à torturer son cerveau ainsi...

Soupirant à nouveau, il passa sa main dans ses cheveux complétement désordonnés. Il était fatigué. Mais il n'avait aucune envie d'aller se coucher. Mieux valait évacuer la pression en marchant un peu, seul.

Et puis, il y avait cette histoire de mentors qui retournaient dans l'arène aussi qui le perturbait. C'était la première année qu'il occupait ce poste, et déjà il s'était retrouvé face à un dilemme; accepter de revivre le même cauchemar pour aider ses tributs, ou bien rester hors de danger mais les laisser livrés à eux-mêmes. Malgré le fait qu'il n'avait pas hésité bien longtemps, Simon y repensait souvent. Sa décision de ne pas y retourner était la meilleure à prendre selon lui. Notamment car il était impliqué auprès des rebelles, et ne pouvait pas risquer de mourir dans l'arène alors qu'il avait une mission. Mais, également, il était persuadé qu'il se sentirait bien plus utile à l'extérieur qu'à l'intérieur. Surtout pour convaincre les sponsors d'accorder leur chance aux tributs du Trois.

Simon mit un certain moment avant de remarquer la silhouette qui venait dans sa direction. Il plissa les yeux, tentant de distinguer la personne presque face à lui dans l'obscurité...

L'expérience est une bonne école. Mais les frais sont élevés

feat. Simon & Oliver 

Ça y est, les dés sont jetés. Forcé de quitter Thalia et Nikolay puisque le temps qui m’a été donné est écoulé, c’est en espérant leur avoir transmis toute la confiance que j’ai en eux ainsi que ma conviction la plus profonde qu’ils peuvent bien s’en tirer dans l’Arène que je referme la porte derrière moi, les laissant seuls pour la suite des événements. Bien que ce soit la quinzième fois que j’emprunte ce chemin, que je vis ce genre d’adieux, c’était clair comme une petite vague sans remous qui se perd sur le sable de la plage que ces deux-là m’ont beaucoup plus chamboulés que leurs prédécesseurs. Enfin, ils m’ont touché point barre, chose que jamais les autres d’avant n’ont réussi, aveuglés par leur prétention et leur certitude de gagner les jeux. En eux, je n’ai eu aucun espoir, aucune envie de les aider. Et ils sont morts, aussi. Or, Thalia et Nikolay ont quelque chose de spécial. Ils sont différents puisqu’ils veulent gagner pour vivre et non gagner pour gagner comme les brutes Carrières que j’ai déjà coaché. Enfin, je que je n’ai pas coaché du tout, pour être honnête. Concrètement, bien que je sache que cette différence est nécessaire pour changer la donne, j’ignore toutefois si elle suffira à leur faire remporter les jeux. Voilà pourquoi je m’implique tant cette année, leur donnant tous les conseils qui pourraient bien leur être utile, les impliquant dans à chaque étape et à travers chaque stratégie envisagée. Même si au fond de moi, l’expérience me suggère de ne pas espérer et de tourner la page, j’ai l’impression que mon cœur me ramène à mes tout premiers jeux, ravivant ce fol espoir que tout est possible. Enfantin? Peut-être. Mais, bien que je viens de voir mes compagnons d’infortune en chair et en os pour la dernière fois, je peux encore leur être d’un soutien considérable. Bien plus que si je les aurais accompagné durant les jeux. À travers les sponsors, je peux leur donner ce qu’ils ont besoin pour gagner. Et c’est là que la stratégie élaborée dans le train va me démontrer son efficacité.

Plus anxieux que ce que je l’aurais moi-même anticipé, je ralentis mon pas quelques minutes pour respirer et me dire que rien n’est encore terminé. Dans les prochains jours, je serais confronté à faire de nombreux choix. D’abord, cette seconde règle bien trop mystérieuse à mon goût m’inquiète, comme probablement de nombreux autres mentors qui ont choisi de rester confortablement dans les quartiers des districts pour observer les jeux à distance. Et puis, il y a cette promesse faite à Nikolay : sauver Thalia à tout prix. J’envisage de respecter cette promesse pour l’instant. Or, il est clair que les circonstances vont jouer pour beaucoup si jamais les choses tournent mal et que je dois faire un choix. Vais-je privilégier la demoiselle dont la survie se base énormément sur son collègue au détriment de ce dernier? Et si c’est Nikolay qui vient à sortir vainqueur des jeux, c’est clair qu’il m’en voudra énormément pour les prochaines années… Toutes sortes de possibilités diffuses se concrétisent en de multiples scénarios dans mon esprit alors que je tente simplement de me reprendre après les « au revoir » les plus difficiles depuis le début de mon mentorat.

Respirant un bon coup, je reprends ma marche, décidant de me rendre directement dans les quartiers du quatre pour boire un verre. Oui, je pense qu’il n’y a que ça qui va pouvoir me faire penser à autre chose, pour le moment. C’est alors que j’entends quelques pas au loin qu’une silhouette se forme progressivement de l’autre côté du couloir. Étant donné les circonstances, il ne peut s’agir que d’un mentor ou bien d’un styliste. Reconnaissant facilement les traits du tout dernier vainqueur, un mince sourire apparut sur mes lèvres. Voilà que la jeune recrue vient de peser le poids réel de son engagement forcé pour les prochaines années.

- Tiens, si ce n’est pas le nouveau mentor du trois. Simon, c’est bien ça?, fis-je en m’approchant de lui avant de lui tendre poliment la main. Oliver Wingston, mentor du quatre.

Bien sûr, mes paroles peuvent paraître distantes, surtout que je l'ai déjà rencontré auparavant, mais loin de moi est l’idée de m’éterniser dans des mots inutiles alors que nous savons très bien que nous sortons tous les deux d’une pièce similaire, ayant laissé nos tributs seuls face à leur destin. Et puis, sachant que nous ne sommes pas supposés nous connaître, nous nous devons de jouer le jeu devant les caméras dont la trame vidéo est potentiellement surveillée par les forces de l'ordre de la capitale de Panem. Bref, je n’ai pas trop l’esprit à discuter en ce moment, quoique cela est peut-être mieux pour le moral que de filer seul dans mes quartiers. Je décide donc d’engager la conversation, profitant de l’occasion pour connaître davantage ce nouveau collègue qui sera de la partie pour les prochaines années.

- Alors, comment ça se passe? Tu tiens le coup? , fis-je en lui offrant un sourire sincère, notant sa mine et son apparence négligées.

FICHE ET CODES PAR BROADSWORD.

Spoiler:

L'expérience est une bonne école. Mais les frais sont élevés.

Feat Oliver Wingston

James et Savinna avaient-ils fait des alliances ? Voilà maintenant la question que se posait Simon. En tout cas, si c'était le cas, il n'avait pas été mis au courant.

Comment se seraient déroulés ses propres jeux s'il s'était allié à quelqu'un ? Probablement encore plus mal. Il était resté en compagnie de sa co-tribut, et elle était morte. S'il n'avait pas été rapide, il l'aurait été aussi. Faire en sorte de ne pas perdre une personne dans l'arène était déjà assez compliqué, il n'imaginait même pas avec plusieurs...

La silhouette se rapprochait, pour finalement s'arrêter à quelques mètres de Simon. Ce dernier se stoppa également, reconnaissant en même temps le mentor du Quatre. Celui-ci lui offrit un mince sourire, auquel le jeune homme répondit poliment.

- Tiens, si ce n’est pas le nouveau mentor du trois. Simon, c’est bien ça? Oliver Wingston, mentor du quatre.

Et il lui tendit la main. Pendant une micro-seconde, Simon se demanda pourquoi son interlocuteur se présentait. Il le connaissait déjà. Ils s'étaient rencontrés lorsqu'on leur avait donné leur mission au Treize. Celle pour les mentors rebelles. Puis, le déclic se fit. Les caméras. Le temps d'un instant, il avait oublié qu'ici, il était constamment épié. Il allait avoir besoin de temps pour s'y faire.
Donc, théoriquement, ils ne se connaissaient pas encore. Bien. Simon lui serra la main, en hochant la tête pour répondre à sa question.

Puis, Oliver reprit la parole lui offrant un sourire qui paraissait sincère. Quant à savoir s'il l'était vraiment, c'était une autre histoire.

- Alors, comment ça se passe? Tu tiens le coup?

Dans d'autres circonstance -et s'il avait été d'humeur joyeuse- Simon aurait certainement ri. Parce que cette question était tout simplement ridicule. Avait-il seulement le choix ? Il se devait de se montrer fort. Les juges ne laisseraient pas un mentor montrer sa peine.

Mais il ne pouvait pas en vouloir à Oliver non plus. Il ne faisait que se renseigner, certainement faire en sorte que le blond ne se sente pas seul. Alors, il lui adressa un petit sourire en acquiesçant.

Oui, oui. C'est juste assez... bizarre de vivre ça pour la première fois.

En réalité, c'était horrible et cruel. Mais ça, valait mieux qu'il le garde pour lui. Et puis, Oliver devait sans doute penser la même chose de toute manière...

Et toi ? reprit-il. Ça va ?

HRPG: