Je ne déteste aucune étape autant que celle des entraînements.  Il me semble qu'en tant que mentor je devrais pouvoir participer moi-même à la formation de mes protégés.  Que ce soit en leur apprenant les bases de la survie ou encore celles du combat, j'aurais aimé pouvoir me rendre utile au lieu de les laisser se débrouiller par eux même.  Mais non, cela m'est interdit par le Capitole.  Au lieu de participer, je dois donc rester en retrait et attendre sagement qu'ils rentrent après leur journée bien remplie.  Jamais je ne me sens aussi inutile.  Bien sûr, je tente de m'occuper, réfléchissant jour et nuit sur la meilleure stratégie à adopter ou encore sur mes possibles contacts pour les sponsors.  Mais ce n'est rien comparativement à tout ce que j'aurais pu leur apprendre si j'en aurais eu le droit.  Bien sûr que j'aurais pu braver la loi, mais je désire conserver un profil bas pour le moment, entre autre par crainte que les conséquences ne retombent sur Thalia et Nikolay. Et tout ça est sans parler de la conséquence toujours inconnue que le Capitole réserve aux mentors ayant refusés de retourner dans l'arène...

Bref, c'est après un souper et une soirée sans beaucoup de conversation que je file prendre une bonne douche chaude avant de m'installer au salon pour repasser quelques images des autres tributs afin d'encore mieux les cerner. Jamais auparavant je ne me suis autant investi que pour Thalia et Nikolay. J'ai été si lâche ces dernières années dans mes activités de mentor que c'est comme si je reprend tout à zéro cette année. Leur honnêteté et leur bonté avait éveillé quelque chose en moi que je n'ai pas ressenti depuis longtemps: l'espoir. C'est donc sans relâche que je vais me battre pour eux. Avoir été illuminé plutôt, je pense que j'aurais même pu envisager de les rejoindre dans l'arène. Tout cela pour dire que je ne vais pas m'asseoir sur mes lauriers et ce même si ma contribution n'est pas celle que j'aurais souhaité. Mettant le volume de l'appareil au minimum pour que je puisse entendre les voix, je poursuivis alors mon travail de moine.

Ce n'est que plusieurs heures plus tard, alors que Nikolai et Thalia sont couchés depuis bien longtemps que j'entends quelques pas derrière moi. Probablement l'un deux ou encore notre hôte qui va aux toilettes. Mais je me suis trompé. Les pas qui se veulent discrets s'approchent tranquillement alors que j'aperçois Thalia devant moi. Je vais pour la saluer gaiement, mais je m'arrête en posant mon regard sur son visage. Ses yeux rougis par les larmes dont je peux encore voir les traces sur ses joues appellent à l'aide.

- Olivier, je peux vous parler?, fait-elle alors, sa voix partant en vrille malgré elle.

- Bien sûr, Thalia, répondis-je doucement en lui faisant de la place sur le grand divan.

Pour ne pas la brusquer, je la laisse s'installer à son aise et attend quelques secondes avant de poursuivre.

- Raconte-moi ce qui ne va pas, Thalia... Tu peux me faire confiance.

Jamais je ne l'ai vu dans cet état et, je dois l'avouer, cela me bouleverse profondément.

© Fiche de Hollow Bastion sur Bazzart

I won't tell you if you die, because you won't

feat. Thalia Smith & Oliver Wingston

Suite à mon invitation pour qu'elle me rejoigne sur le divan, Thalia m'affiche un de ces sourires à fracasser en des milliers morceaux le plus insensible des coeurs.  Moi qui l'a toujours vue souriante et positive malgré la tournure cauchemardesque de sa vie depuis la Moisson, je réalise maintenant que cela n'était qu'une façade qui cache un violent orage au fond d'elle.  J'aurais du me douter que son silence anormal signifiait, en fait, beaucoup plus.  Dire que je n'ai rien vu du tout...  Tout un mentor que je suis...  La laissant s'installer à son goût sur le divan, j'observe ses gestes qui me paraissent tous savamment calculés.  Attendant qu'elle relève sont regard vers le mien, je finis par poursuivre d'un ton qui se veut rassurant.

- Raconte-moi ce qui ne va pas, Thalia...  Tu peux me faire confiance.

C'est en me couvrant de ses prunelles d'un bleu si pur, mais tellement tourmenté qu'elle prend une grande respiration de façon tout aussi contrôlée que ces précédents mouvements avant de prendre la parole.  

- Je le sais bien..., commença alors la jeune femme avant de commencer tranquillement à s'approcher de ce dont elle désire me parler.  Plus nous approchons de l'Arène, plus j'ai peur...  mais ce n'est pas vraiment de cela que je suis venue vous voir ce soir...

Ne voulant pas lui faire ressentir de pression de ma part, je respecte ses silences et attend patiemment qu'elle se sente assez forte pour me dévoiler ce qui pèse si lourd sur son jeune et frêle coeur.  De là où je suis assis sur le luxueux et moelleux canapé, je peux sentir sa nervosité grimper alors que Thalia ferme ses paupières, comme pour la retenir à l'intérieur d'elle-même.  Même si elle vient de me dire que la peur n'est pas tout à fait ce qui la conduit à moi, quelque chose me dit qu'elle n'est pas totalement étrangère au principal sujet.  Et pourquoi en parler à moi, d'ailleurs?  Nikolay et elle ne sont-ils pas suffisament proches l'un de l'autre pour échanger de ce genre de propos?  Bien sûr, je serais toujours là pour les épauler et les soutenir, mais je suis tout de même surpris que je sois celui à qui elle a décidé de se confier.  Ou bien, avait-elle déjà tenté avec Nik' et ça c'était mal déroulé?  Ou bien...

- J'aimerais qu'avant de me confier... vous me promettiez de ne rien dire... à Nik'...

Voilà.  Thalia n'a pas parlé de ce qui l'accable autant à celui qu'elle aime profondément.  Je n'ai pas besoin de dessin pour rapidement comprendre ses motifs.  Moindrement qu'elle se confierait, cela affecterait le moral de Nik', son principal protecteur et espoir pour les jeux.  Sans compter qu'elle l'aime à la folie et que le faire souffrir par ses propres souffrances ne l'enchante guère.  C'est toutefois la fin de ses propos qui me fait hausser un sourcil.

- Je n'ai pas envie qu'il me sache, qu'il me prenne pour une... fff..., n'arriva pas à finir Thalia tant ses lèvres tremblaient d'émotion.

Attend une minute...  Qu'était-elle sur le point de dire?  Folle?  Euuuhhh, quoi?  Mon incompréhension dû se lire sur mon visage, mais en voyant son visage décomposé, ses lèvres tremblotantes et les larmes qui naissent déjà dans le coin de ses yeux, je ne peux m'empêcher de me rapprocher d'elle et de la serrer dans mes bras.  

- Thalia...  Tout va bien..., tentais-je de la réconforter.

Je maintiens mon étreinte quelques secondes sans toutefois la forcer si elle venait à me repousser.  Lorsque je la sens un peu plus solide et moins tremblotante, je me recule et cherche ses yeux des miens.

- Thalia, tout ce que tu me diras restera entre toi et moi.  Je te donne ma parole.

FICHE ET CODES PAR BROADSWORD.

I won't tell you if you die, because you won't

feat. Thalia Smith & Oliver Wingston

Depuis que je l’ai rencontrée à bord du train qui nous a conduit jusqu’au Capitole où nous sommes aujourd’hui prisonnier, je me suis toujours demandé d’où cette jeune femme d’apparence si solide puise sa force.  À la Moisson, elle n’a pas pleuré et est restée de marbre, même si la pige de son nom sans qu’une des carrières ne se porte volontaire a totalement inattendue.  Ce n’est que lorsque Nikolay s’est porté volontaire que j’ai pu noter une petite réaction sur les vidéos des événements.  Elle semble donc se soucier davantage de la vie de ce jeune homme que de la sienne.  Il s’est passé la même chose dans le train puis durant les entraînements.  Je n’ai assisté à aucune larme ni aucun autre signe de tristesse, mais uniquement un faux sourire ou un visage sur lequel je n’ai rien pu lire.  Or, malgré ces apparences distantes dans des conditions aussi dramatiques, je sais très bien que tout doit se chambouler à l’intérieur.  Pour une femme aussi jeune n’ayant pas été entraînée physiquement ni psychologiquement pour les jeux, je doute que son esprit soit en paix en ce moment.  Ce que je n’ai toutefois pas compris, c’est comment elle a fait pour ne pas exploser avant aujourd’hui.

Alors que Nik’ dormait depuis quelques heures déjà, elle est venue me retrouver au salon de nos quartiers, ses émotions à fleur de peau pour me parler de quelque chose qui lui fait monter les larmes aux yeux simplement à y penser.  Chamboulé de voir son visage torturé par ce qu’elle garde à l’intérieur depuis près d’une semaine maintenant, je l’ai bien vite rassurée et pris dans mes bras pour tenter de l’apaiser.  Loin de moi est l’idée de la mettre mal à l’aise, mais j’ai jugé qu’aucun mot n’aurait pu mieux démontrer mon souci pour son bien-être.  

- Thalia, tout ce que tu me diras restera entre toi et moi.  Je te donne ma parole.

Semblant un peu plus calme, elle hocha la tête après un discret sourire.  Respectant le silence qu’elle laisse s’installer, j’attends patiemment qu’elle rassemble ses forces et qu’elle soit prête à me dire d’elle-même ce pourquoi elle est venue me rejoindre ce soir.

- Merci, Oliver…  Donc, je voulais vous parler de… , commença-t-elle alors que ses larmes réapparaissent doucement aux coins de ses yeux.  … d’un problème, je ne sais… pas comment l’expliquer… clairement…  Ça a débuté pendant la Parade…

Pendant la Parade?  Pourtant, de ce que j’ai pu observer de ma position ainsi que depuis les écrans, tout semblait s’être bien déroulé!  Apparemment, j’ai loupé quelque chose de majeur et les phrases entrecoupées de Thalia m’informent que malgré ma précédente promesse, c’est avec difficulté qu’elle explique ce qu’elle vit depuis ce jour.  De quoi a-t-elle peur, exactement?

- J’ai…  réellement crue être au district quatre, en plein… rêve… , poursuivit-t-elle alors que j’écoute attentivement chacun de ses mots.  Et ça… a recommencé… pendant les entraînements…  C’est quelque chose… de très… étrange… J’ai vraiment… l’impression… d’être là-bas…

Thalia est-elle en train de me dire qu’elle vit une forme de rêves éveillés...?  Ou encore des hallucinations?  Alors que je cherche une confirmation dans son regard, elle baisse rapidement ses yeux vers le sol, témoignant ainsi de sa gêne par rapport à cette confession qu’elle garde en elle depuis si longtemps.  Moi qui n’a quasiment aucunes connaissances dans le domaine de la psychologie, je me trouve bien mal placé pour lui donner des conseils.  Par contre, j’ai déjà entendu un mentor parler d’une telle situation.  Un peu comme Thalia, son tribut avait fait preuve d’un calme exemplaire tout au long de la préparation aux jeux.  Ce n’est que lors de ces derniers qu’il avait été grandement incommodé par ses visions, ignorant s’il avait affaire avec la réalité ou un élément de son imagination.  Bref, le mentor avait parlé de quelque chose comme une conséquence d’un traumatisme, celui d’avoir été tiré à la Moisson.  D’après mes souvenirs de la situation d’autrefois, je pense que ça tient la route pour la jeune femme si chère à Nikolay.

- Thalia, n’ait pas peur, débutais-je, un sourire rassurant à son attention.  Ce genre d’absence, j’ai déjà vu ça dans le passé.  À l’époque, on appelait ça un choc post-traumatique.  La Moisson est une étape très éprouvante pour tout le monde, particulièrement pour ceux qui sont tirés.  Et c’est tout à fait normal, expliquais-je graduellement pour ne pas la perdre.   Je crois que ces visions que tu as sont alimentées par des instants de peur intense…  Je me trompe?

Je laisse un bon moment de silence s’écouler, le temps qu’elle digère ce que j’ai avancé.  J’ai beau avoir les dires d’un mentor en mémoire, mais peut-être que mon raisonnement est complètement bidon.  Mais, pour le moment je n’ai aucun moyen de confirmer mes infos, n’ayant moi-même jamais vécu une situation pareille.  Je comprends tout à fait les inquiétudes qui ont dû tirailler Thalia toute la semaine.  Et si elle est prise d’une pareille vision qui l’absente en plein durant les jeux?  Des bruits ou encore des mouvements vont-ils réussir à la ramener à la réalité?  Si elle a vécu une telle absente en plein durant la Parade, je doute que ce genre de stimuli soit suffisant pour la faire revenir.  Cela devient donc un désavantage important pour sa sécurité, mais aussi pour celle de son partenaire.

En espérant avoir réussi à la rassurer au moins un petit peu, je lui affichais un sincère sourire pour ensuite lui laisser le temps d’intégrer toute cette information et de faire le tri dans ses idées.

FICHE ET CODES PAR BROADSWORD.