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 Les ombres du passé

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Chloé P. Olympia
Chloé P. Olympia
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★ Âge : 19 ans
★ Occupation : Tribut du D10 / Apprentie boulangère-pâtissière
★ Plat préféré : Muffin au chocolat
☆District : Dix

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MessageSujet: Les ombres du passé   Les ombres du passé EmptyMer 6 Aoû - 0:27

Les ombres du passé


Depuis que l’annonce de l’Expiation avait eu lieu, je n’étais plus vraiment moi-même. Certes, son intitulé ne concernait pas les futurs tributs mais, suspicieuse, je ne doutais pas que la seconde règle rattraperait largement la première… Néanmoins, que pouvait-on y faire ? Rien ne changerait le cycle immuable des Jeux, ni leur cruauté, ni le risque que j’avais d’être tirée. Je n’étais pas la jeune fille ayant le plus de tesseraes, loin de là, je n’avais jamais eu besoin d’en prendre un supplémentaire mais combien de fois avait-on vu une fillette de 12 ans être envoyée à l’abattoir sans autre forme de procès ?

Chaque année, quand arrivait la semaine précédant la Moisson, je n’étais plus moi-même. Les cauchemars, les angoisses, les sueurs froides,… Toutes devenaient mon lot quotidien. Avec l’Expiation, cela était pire. Je me réveillais nuit après nuit, terrorisée. Des scènes atroces me brouillaient la vue. Je revivais mon accident ou bien, dans les pires cas, je me revoyais être attaquée par le taureau enragé… Plus il se rapprochait de moi, plus il prenait le visage d’un autre jeune, garçon ou fille, armée d’un couteau et qui tentait de me tuer : je ne me réveillais que lorsque la lame avait tailladé ma jambe avant de se plonger dans ma poitrine. Dans ces moments, j’avais l’impression de suffoquer lorsque j’ouvrais brusquement les yeux dans ma chambre noire. Essoufflée, je me levai pour descendre boire un verre d’eau fraîche à la cuisine pendant que les larmes coulaient sur mes joues. J’avais toujours été un peu paranoïaque, paniquée devant les Hunger Games mais cela avait rarement pris ces proportions. Heureusement, je cachais parfaitement mes angoisses à ma famille, m’évitant ainsi bien des discussions encore plus déplaisantes que mes cauchemars.

Cette nuit, cela avait été terrible et j’avais bien du mal à contrôler mon comportement et tous les indices qui laissaient transparaître mon stress. C’est pour cette raison que je m’étais évadée à la première occasion : une livraison à effectuer à la périphérie de la ville, et me voilà loin de ma famille et des questions. Après avoir réussi ma mission, je retrouvais une mine morose en revenant vers le centre du District. Je n’avais aucune envie que ma petite escapade soit déjà terminée. Sentir le vent sur ma peau, l’odeur des champs au loin, le calme de la périphérie,… C’était sans doute la première fois que je pouvais respirer librement, avec moins d’oppression sur le cœur, depuis des jours. Non, je ne voulais pas rentrer, pas déjà !

A une intersection, je bifurquai vers la gauche. Je ne réfléchissais pas vraiment à la direction que je prenais : partout était bon tant qu’il ne menait pas dans l’ambiance morne et remplie d’une peur à peine contenue de la ville. Je marchai pendant un quart d’heure sur un chemin de terre qui devenait de plus en plus sinueux. Peu à peu, le doute s’insinua dans mon esprit et quand je vis au loin les bois, je compris.

Je m’étais dirigée inconsciemment jusqu’à un accès aux bois que j’avais souvent emprunté… enfin… emprunté autrefois… au temps où Alisson était encore en vie, à l’époque où Jason, elle et moi venions chasser ici. Je m’arrêtai net. Devais-je continuer ma route ? Faire demi-tour ?

Pourquoi diable avais-je suivi ce chemin ? J’aurais dû me rendre compte de cette bévue avant. Et si cela était un signe ? Peut-être avais-je envie de venir ici, inconsciemment ? Et puis mince ! Cette réflexion était idiote ! Pourtant, maintenant que j’étais là, pourquoi ne pas allez à l’endroit où tout avait basculé ?

Les larmes me revenaient presque aux yeux lorsque je repensais à cette dispute qui avait bouleversée ma vie, aux mots que j’avais osé prononcer,… Et la seconde d’après, la douleur sourde dans ma cuisse venait me rappeler que j’avais déjà payé pour ça… C’était peut-être plutôt pour Alisson que j’étais venue ici, pour me souvenir d’elle. Elle était apparue dans mon cauchemar de la nuit, peut-être voulais-je aller la voir. J’aimais à songer que son âme était restée là où elle avait été heureuse.

Mes pas reprirent et je me dirigeai vers un petit sentier qui s’enfonçait dans les bois avant de continuer par un chemin moins conventionnel, sans tracé et intraçable pour quiconque n’avait pas l’habitude de fréquenter les bois : c’était ainsi que nous aimions être lorsque nous étions dans les bois, introuvables…Intouchables.

Je trouvai sans problème notre ancien repaire. Rien n’avait vraiment changé dans cette petite clairière, même si la nature avait repris ses droits : la souche d’arbre coupée sur laquelle nous exhibions nos prises et sur laquelle nous mangions parfois avait été recouverte par de la mousse épaisse, l’herbe n’avait pas été piétinée depuis longtemps même si je pouvais distinguer les traces d’un petit mammifère dans la terre près de l’arbre au nord,… Tout semblait si…mort.

Prudemment, je m’approchai de la souche. Chaque aspérité du sol risquait de me faire chuter si je n’y prenais pas garde, c’est en partie pour cela que je n’étais pas revenue dans la forêt depuis mon accident. Du moins entre autre… Il y avait tant de souvenirs dans cette clairière et plus de bons que de mauvais. Comment une seule erreur peut-elle tant changer des vies ? D’un revers de la main, je balayai la mousse de la souche et m’assis dessus sans plus de précaution. J’avais encore l’impression de voir Alisson assise contre l’arbre au nord, riant de sa maladresse au tir ce matin à la chasse. Jason était adossé contre l’arbre en face de moi, il me regardait avec un sourire sans parler. Nous n’avions pas besoin de mots pour nous comprendre… Du moins, c’est ce que je croyais avant.

Mon cœur se serra. J’aurais tellement aimé que les choses soient différentes. Qu’Alisson n’ait pas été tirée aux Jeux, qu’elle ne soit pas morte,… et plus que tout j’aurais aimé pouvoir pleurer mes larmes ailleurs qu’ici : dans les bras d’un ami… Seulement, j’avais perdu cet ami, cette personne qui prenait une telle place dans ma vie – trop pour un simple ami – que je m’en veux encore aujourd’hui de parfois d’y resonger… Je ne le connaissais pas, je m’étais trompée. Et c’est cette succession d’événements improbables qui m’avait conduite ici aujourd’hui, dans ce bois, seule, et hantée par le passé. Je fermai les paupières, retenant des larmes qui rêvaient de rouler sur mes joues pâles depuis tout ce temps quand j’entendis un craquement dans les fourrés bordant la clairière. Rouvrant les yeux, je me redressai aux abois.

- Qui est là ? demandai-je d’une voix tremblante en cherchant vainement des yeux ce qui avait provoqué ce bruissement.

Mon regard filait sur tous les recoins alentours, beaucoup laissant apparaître des ombres inquiétantes. J’espérais seulement que ce soit juste un animal, ou n’importe quoi dont je n’ai pas à craindre la présence : j’en avais déjà assez comme ça sans ajouter un drame supplémentaire…


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Jason C. Drake
Jason C. Drake
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MessageSujet: Re: Les ombres du passé   Les ombres du passé EmptyVen 8 Aoû - 14:14





Les ombres du passé.
feat Chloé P. Olympia




L'odeur d'herbe fraîchement coupée et les effluves de la campagne te titillaient l'odorat. Le ciel était d'un bleu idyllique et seuls quelques nuages aux allures moutonneuses se promenaient dans les cieux. Jason les contemplaient avec nostalgie et rêverie, ils étaient libre, semblaient n'avoir aucune contraintes ni aucunes chaines les retenant. Seul le vent avait l'air d'avoir une attraction sur eux, c'est lui qui les guidaient et les poussaient vers de nouveaux horizons.

Le jeune garçon glanait dans les champs en pensant doucement à celle qui faisait battre son cœur et celle pour qui il vivait. Il aurait été simple qu'il aille la voir mais c'était plus compliqué que ça. Ils étaient amis jadis, puis lorsque la meilleure amie de la belle fût envoyée à une mort certaine, Chloé ne l'avait pas supporté, elle lui soutenait qu'elle s'était battue jusqu'à son dernier souffle, or elle s'était laissée dépérir, elle s'était rendue à l'évidence, elle avait compris que plus jamais elle ne foulerait les terres de son district. Cette discorde les sépara et ils ne s'adressèrent plus la parole. Plus tard, la jeune fille lui avait écrit une lettre pour lui adresser ses excuses, Jason lui avait répondu en lui donnant rendez-vous dans un endroit qu'il le savait dangereux, or Chloé n'était pas au courant. Il s'était caché dans les buissons et avait attendu, quand elle était arrivée dans le champs, un taureau furieux l'avait chargé et l'avait gravement blessée à la jambe. Jason voulait lui faire une frayeur et en aucun cas il ne souhait une telle blessure qui l'handicaperai peut être à vie. Après cet incident, Chloé ne voulut plus jamais entendre parler de lui, elle ne répondait pas à ses lettres, lui claquait la porte au nez lorsqu'il se rendait à son domicile et tournait les talons lorsqu'elle l'apercevait. Cela le rendait profondément triste, il se contente alors de penser à elle. Elle resterai pour toujours un rêve dans lequel il n'avait pas sa place.

Il sortit des champs et alla se réfugier dans les bois, l'air y était frais et agréable. L'obscurité le surprit, il avança lentement, il décida d'aller vérifier les collets qu'il avait posé la veille. Il marcha un moment puis arriva au premier endroit, il avait une prise, un lièvre de bonne taille. Il était plutôt satisfait, il ne rentrerai pas bredouille au moins. Il décida de rester un peu plus dans les bois et de retrouver une certaine nostalgie.

Au travers de chaque arbre, il voyait un souvenir différents, certains joyeux, d'autres plus sombres. Il voyait Allison tirer sur un chevreuil, puis Chloé rire aux éclats. Il les voyait devant lui, le regardant, Allison de manière apaisée et Chloé le transperçant de ses yeux révolvers. Sans la mort d'Allison rien de tout ça ne serait arrivé, mais ce n'était pas sa faute, loin de là. N'importe qui dans la tranche d'âge peut se voir tiré au sort pour les Hunger Games, mais peu revenaient, le district contenait très peu de gagnants, généralement le district un gagnait car il possédait des carrières autrement dit des machines à tuer. Des adolescents qui s'entraînent depuis leurs13 ans, voire avant pour finalement se porter volontaire quand ils sont prêts. Jason se demandait quels seraient les tributs qui allaient mourir de façon atroce cette année. Il ne savait pas s'il devait se méfier de son père ou pas. Allait il l'épargner des jeux grâce à son rang ? N'allait il rien faire ou bien tout faire pour que Jason soit tiré ? Il ne savait pas exactement il se doutait que son père allait tout faire pour que son fils soit tribut à cette expiation. Il lui répétait souvent qu'être tribut était un honneur et des discours sur le symbolique des jeux lui faisait croire de telles choses. C'était tout de même son père, aucun parent ne veut voir son enfant mourir dans de telles conditions, mais son père ne l'aimait pas, n'avait aucune sympathie envers lui, c'était un homme froid et dur avec lui.

Pendant ce temps de réflexion, Jason avait parcouru sans s'en rendre compte le chemin qui menait à l'ancien repaire ou ses amies et lui passaient leurs après midi, là ou ils avaient tant ri et là ou ils s'étaient disputés aussi. Il avait emprunté ce chemin si souvent qu'il aurait pu le parcourir sans difficultés en pleine nuit. Il releva soudainement la tête, visiblement surprit d'être arrivé là, il ne lui restait plus que quelques mètres à parcourir lorsqu'il écrasa une branche particulièrement bruyante. Puis soudain, il se raidit, une voix plus que familière lui avait parlé, ou plutôt questionné :

- Qui est là ?

Chloé, c'était Chloé l'auteure de cette voix tremblante de peur. Jason restait derrière un buisson, n'osant pas sortir et se montrer, il lui répondit pour autant :

« Chloé ? Mais qu'est ce que tu fais là ? »


C'est vrai, que faisait elle là au même moment que lui ? Coïncidence ? Un coup du destin, voilà comment il fallait appeler ça.

« Tu m'auras certainement reconnut, bien que je suis sûr que tu ne veux pas me voir. »

Il savait qu'elle ne voulait pas le voir mais peut être accepterait elle enfin de l'écouter, il avait tellement de choses à lui dire. Au moment ou il avait prononcé cette dernière phrase, il était sorti de sa cachette de fortune et enfin il la regarda.

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Dernière édition par Jason C. Drake le Jeu 4 Sep - 17:09, édité 1 fois
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Chloé P. Olympia
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MessageSujet: Re: Les ombres du passé   Les ombres du passé EmptyLun 1 Sep - 19:55

Les ombres du passé


Les arbres autour de moi projetaient des ombres inquiétantes dont certaines prenaient des formes chimériques : les branches devenaient des mains aux métacarpes fourchues qui tentaient de m’attraper dans leurs griffes, les feuilles se froissaient sous la brise du vent et le soleil se perdait de plus en plus… A chaque buisson sur lesquels mes yeux se posaient, je croyais apercevoir une bête surgir et me charger. Qu’est-ce qui m’avait donc pris de venir errer ainsi dans des souvenirs… Des souvenirs dont j’étais certaine que plus jamais mon cœur ne pourrait retrouver la joie qu’il avait pu ressentir à l’époque. Mes parents m’ont toujours appris à ne jamais dire jamais, pourtant j’étais tellement sûre que le passé ne reviendrait pas… Alors que fais-je ici ?

Toujours aux aguets, mes muscles commençaient à se détendre. J’avais dû rêver ce bruit dans les fourrés. Un fantôme du passé de plus qui était venu me hanter.

J’allais tourner talons, pour compléter une dernière fois la clairière avant de rentrer et de faire une croix définitive sur tout ce qui avait pu se passer ici lorsqu’une voix s’éleva des buissons :

- Chloé ? Mais qu'est-ce que tu fais là ?

Mon esprit me jouait-il encore un de ses tours tordus dont il avait le secret ? Je plissai les yeux pour tenter de discerner dans la pénombre quelque chose qui me prouve que cette voix appartenait bien à celui auquel je songeai. Un frisson me remonta le long de l’échine, craignais-je encore la confrontation alors que de l’eau avait coulé sous les ponts depuis le drame ? C’était ridicule de ma part, mais tellement vrai.

- Tu m'auras certainement reconnu, bien que je suis sûr que tu ne veux pas me voir, finit-il par annoncer en sortant de sa cachette.

Jason.
C’était bien lui.
C’était bel et bien sa voix.

Comment se faisait-il qu’il se trouve au même endroit que moi ? Le destin était-il donc si cruel pour jouer ainsi avec mes nerfs et le peu de sang-froid que j’arrivais à maintenir en moi malgré la Moisson qui approchait ? M’avait-il suivi ici ? Non. De sa main droit, je voyais pendre une fine cordelette à laquelle était suspendu un lièvre : certainement une de ses prises de la journée.

Il n’avait jamais arrêté. Malgré l’absence d’Alisson et la mienne, il n’avait jamais arrêté de venir ici. Pourquoi donc ?

- Tu… Tu continues à venir ici malgré tout, pas vrai ? lui demandai-je dans une question rhétorique.

Je secouai la tête, pourquoi lui parlai-je donc ? Je n’en avais aucunement envie. Alors pourquoi tant de mots avaient envie de franchir mes lèvres et me dévoraient de leurs syllabes assassines ? Je fis un pas vers Jason avant de m’arrêter pour lui dire :

-  Je n’ai jamais voulu tout ça Jason, mais toi oui. C’est toi qui a fixé les règles ce jour-là dans le champ, moi je n’ai fait que les subir !, lui dis-je sur un ton de reproche. Et maintenant, on en est là... terminai-je dans un soupir.

Remuer le passé, voilà ce que nous étions en train de faire. Mais c’était la seule chose dont nous étions capables, peut-être parce que nous n’avions pas d’avenir. Cette réalité m’était apparue brutalement et avait saigné mon cœur à vif, je l’avais pourtant déjà songé des milliers de fois alors pourquoi est-ce maintenant que cette vérité me blessait encore plus ? C’était peut-être son expression désolée qui trahissait toutes les fois où il avait réinventé cet événement qui nous avait séparés dans son esprit, ou sa silhouette à l’allure si forte qui avait perdu toute sa vigueur en m’apercevant,… Ou est-ce cette étincelle dans son regard pâle qui me regardait en criant sa douleur ? C’était peut-être à cause de cela justement, à cause de cette douleur que nous partagions sans qu’elle soit la même entre victime et bourreau, que je ne parvenais plus à voir celui qui m’avait semblé si proche autrefois… Nous souffrions et cette rencontre impromptue n’y changerait sans doute rien…
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Jason C. Drake
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MessageSujet: Re: Les ombres du passé   Les ombres du passé EmptyMar 2 Sep - 15:24





Les ombres du passé.
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Elle regarda ma prise du jour avant de me poser une question ou elle avait déjà la réponse, des mots dans le vide en un sens. Elle était hésitante, désemparée par ma présence.

- Tu… Tu continues à venir ici malgré tout, pas vrai ?

Je baissais le regard, effectivement je venais régulièrement à la suite de mes journées de chasse. Je déposait comme autrefois les prises près de la souche, Chloé en face de moi, souriante et Alisson à ses côtés. C'était le bon temps, le temps ou ils étaient tout trois, le temps ou la moisson n'avait pas emporté Alisson, le temps de leur bonheur désormais mort et enterré. Jason repensait à toutes ces journées passées à chasser, à rire et à renforcer les liens qui les unissaient. Ce temps était malheureusement révolu, chaque fois qu'il croisait le regard de Chloé il revoyait ce qu'il avait fait. Lui même ne comprenait pas son geste. Il l'avait marquée à vie, elle boiterai jusqu'à sa fin et surtout jamais elle ne lui pardonnerai et c'est ce qui le peinait le plus. Elle le haïssait tout simplement et cette rencontre n'allait en rien arranger leur relation.

Elle secoua la tête puis remua le couteau dans la plaie :

-  Je n’ai jamais voulu tout ça Jason, mais toi oui. C’est toi qui a fixé les règles ce jour-là dans le champ, moi je n’ai fait que les subir ! Et maintenant, on en est là...

Elle avait raison, c'était de ma faute, tout était de ma faute. Je lui avait gâché la vie à cause de cette blessure. Diable, mais pourquoi avait il fait quelque chose d'aussi stupide ? Tout aurait pu s'arranger ce jour là, ils auraient pu redevenir proche, mais il avait tout gâché comme un idiot. Désormais il en payait les conséquences. Il essaya de rattraper le coup en choisissant soigneusement ses mots :

-Ecoutes moi Chloé, dis-je en essayant de croiser son regard furtif. Regardes moi s'il te plaît.

Le moment était peut venu pour qu'elle accepte de l'écouter et peut être, mais elle était bornée sur ce point, et il la comprenait. Si cela avait été l'inverse il aurait fait pareil. Il aurait aimé qu'elle soit à sa place et lui à la sienne, peut être comprendrait elle enfin les remords qui le rongeaient, elle aurait trouvé les mots justes, mais voilà, elle n'était pas lui. Lui ne trouvait jamais les bons mots, il était maladroit, ne savait pas bien formuler ses phrases, et cela lui portait parfois préjudice.

-J'ai essayé de m'expliquer à plusieurs reprises mais tu n'as jamais voulu entendre ce que j'avais à te dire. Et puis voilà que le destin nous a réuni ici ne crois pas au hasard, c'est peu être un signe.

Il la regarda, dans ses yeux il se noya, ils étaient si beaux, chaque contraste de couleur semblait cacher un de ses traits de caractère. On dit que les yeux sont le miroir de l'âme, pourtant il voyait dans son regard un tout autre aspect que celui qu'elle montrait. De l'hésitation, de la fragilité et de la faiblesse. Bien qu'elle voulait se montrer forte, ses yeux la trahissaient. Peut être était-ce juste un leurre ou une illusion mais Jason savait qu'elle gardait beaucoup trop de choses pour elle.



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MessageSujet: Re: Les ombres du passé   Les ombres du passé EmptyJeu 4 Sep - 19:32

Les ombres du passé


Ma réplique avait traversé l’air comme une lame assassine. Jason restait là un instant, sans prononcer mot, sans répliquer. Quelque part, au fond de moi, j’aurais aimé qu’il dise quelque chose, qu’il me réponde spontanément : n’importe quoi, même un truc complètement stupide mais qu’il m’empêche de me refermer sur moi-même, qu’il m’empêche de…faire ce que je fais depuis que c’est arrivé. Oh et pis zut, s’il n’était pas capable de me retenir, méritait-il seulement toute l’attention et l’énergie que je mettais à continuer à le haïr et à ne pas penser à lui ?

J’étais déjà en train de détourner la tête pour m’éloigner et faire une croix sur tout cela, sur cette rencontre impromptue et sur lui, quand sa voix s’éleva à nouveau :

- Ecoute-moi Chloé, dis-je en essayant de croiser son regard furtif. Regarde-moi s'il te plaît.

Maintenant qu’il me le demandait, j’arrivai encore moins à lui faire face. Croiser son regard était une souffrance, j’avais envie de lui pardonner, vraiment, mais je n’étais peut-être pas assez forte pour cela. Je n’étais peut-être pas aussi généreuse qu’il le disait à l’époque, pas assez altruiste. J’aurais aimé l’être mais je n’en avais plus le courage. Lui essayait d’accrocher mon regard, ses pupilles étaient suppliantes. Comme moi, lorsque je l’avais appelé à l’aide d’un regard ce jour-là… Il s’était détourné à l’époque et aujourd’hui, j’avais envie de faire la même chose : juste pour qu’il sache ce qu’on ressent quand quelqu’un vous abandonne…

Je soupirai. C’était une histoire sans fin. Nous nous faisions du mal, l’un après l’autre depuis bien trop longtemps… Je fermai les paupières avant de river à nouveau mes yeux vers Jason qui semblait calculer la portée de chaque mot qu’il allait prononcer. Il semblait si fragile, si désemparé face à moi. Je n’aurais jamais cru qu’il puisse ressentir ça, à vrai dire ça ne m’était jamais venu à l’esprit qu’il puisse se sentir aussi mal que moi vis-à-vis de cette situation… J’étais la victime et lui avait été le bourreau, alors pourquoi avait-il cette étincelle de regrets dans le regard ?

- J'ai essayé de m'expliquer à plusieurs reprises mais tu n'as jamais voulu entendre ce que j'avais à te dire. Et puis voilà que le destin nous a réuni ici, ne crois pas au hasard, c'est peut-être un signe.

Il avait essayé de s’expliquer… A plusieurs reprises… Est-ce pour autant que ça effaçait ce qu’il avait fait ? Est-ce qu’une explication pourrait me faire comprendre pourquoi il n’avait pas accouru pour m’aider au lieu de rester planté là à une dizaine de mètres en me regardant être piétinée comme un vulgaire chiffon ? Y avait-t-il une explication qui puisse rendre la peine plus supportable ?

J’étais pleine de rage, fière aussi, trop fière pour avouer que j’aurais aimé lui dire que tout cela était du passé, qu’on allait oublier toute cette sordide histoire et que tout redeviendrait comme avant. Ca, c’est ce que j’aurais aimé lui dire. Mais ça ne sortait pas. A la place, d’autres mots jaillirent.

- Un signe ? Un signe de quoi Jason ? l’interrogeai-je les larmes aux yeux. Un signe que tout pourrait redevenir comme avant ?

Je lui tournai le dos et fis quelques pas en direction de la souche sur laquelle je me laissai tomber tel un oiseau blessé. Je me débattais avec ce que je voulais bien laisser paraître de mon mal-être et cette douleur qui ne demandait qu’à sortir, à être hurlée à la face du monde entier. Je relevai le visage et le tournai vers Jason, essayai de reprendre contenance.

- Ecoute, je veux bien entendre ce que tu as à dire mais…ne me demande pas de te comprendre…

Je savais que je m’étais laissé affaiblir par son regard de chien battu… Il posait sur moi cette même expression qu’il avait à l’époque quand il me parlait de son père, du poids que les espoirs de celui-ci faisaient peser sur ses épaules, de la douleur qu’il ressentait et qui l’empêchait de s’opposer à lui. Sauf que cette personne qui provoquait ce déchirement en lui aujourd'hui, c’était moi. J’avais toujours eu du mal à le croiser dans le District, sans doute parce que je redoutais ce moment où je comprendrais que moi aussi je lui faisais du mal. Je savais qu’à partir de cet instant précis je ne parviendrais plus à lui en vouloir autant qu’avant. Je le détesterai encore sans nul doute, mais la colère s’effacerait peut-être et nous pourrions peut-être redevenir proches… Cette perspective était réjouissante au fond, sauf quand je songeais la seconde d’après que je n’aurais jamais cru qu’on puisse un jour avoir besoin d’une seconde chance. Je croyais le connaître et il m’avait trahie. Est-ce que je pourrais croire ses explications ? Lui faire un jour à nouveau confiance ? En étais-je capable ?
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MessageSujet: Re: Les ombres du passé   Les ombres du passé EmptyJeu 11 Sep - 18:19





Les ombres du passé.
Chloé ♥




Chloé semblait contenir sa frustration, Jason la connaissait trop bien, il sentait quand elle était nerveuse, il le voyait et malheureusement pour lui c'était le cas. Elle sembla pendant quelques secondes chercher ses mots :

- Un signe ? Un signe de quoi Jason ? Un signe que tout pourrait redevenir comme avant ?

Elle avait les larmes aux yeux et à présent lui aussi. Cette réplique l'avait anéanti, elle lui avait fait bien plus mal que si elle lui avait planté un couteau en plein cœur. Il se maudisait et regrettait encore plus qu'avant. Apparemment elle ne croyait pas ou plus en leur réconciliation, elle n'en avait certainement pas envie. Lui le voulait plus que tout, il aurait donné la prunelle de ses yeux pour qu'elle l'eut pardonné. Les phrases passaient en boucle dans sa tête ouvrant un peu plus chaque fois la plaie à vif. Une larme voulu couler mais Jason essaya de la ravaler, les mots qu'elle avait employé l'avait au plus haut point blessé mais c'était de sa faute,  encore et encore. Elle lui tourna le dos et marcha en direction de la vieille souche ou elle tomba comme une feuille morte délaissée de l'arbre. Elle sembla prendre sur elle un instant puis son regard dans la direction de celui du jeune homme elle parla :

- Ecoute, je veux bien entendre ce que tu as à dire mais…ne me demande pas de te comprendre…


Cela rassurait Jason a un point inimaginable, il avait enfin l'occasion de lui dire tout ce qu'il avait à lui dire, jusque lors elle avait toujours refusé de l'écouter et là elle acceptait. Il la remercia d'un regard chaleureux mais les siens étaient colériques et frustrés. Elle n'avait jamais demandé à croiser Jason ce matin là et c'était pareil pour lui. Comment aurait il réagi si dans les bois, pensant être seul il se retrouvait nez à nez avec son pire ennemi ou le personne qu'il haïssait le plus ? Il serait probablement sortit de ses gonds et aurait eut la même réaction qu'elle. Il la comprenait tellement dans un sens mais dans l'autre elle restait un mystère non élucidé. Jason n'avait pas préparé ses mots, dans sa tête ce fut comme un orage, une tempête à la violence inébranlable, il cherchait les bons mots, il était plutôt bon orateur d'habitude mais dans les situations délicates en particulier avec Chloé, il perdait ses moyens, le résultat ne fut pas très convaincant mais c'était ce qui lui venait spontanément à l'esprit

"Je ne sais pas par ou commencer à vrai dire, il y a tellement de choses que j'aimerai que tu saches. Voilà je me lance, je m'excuse profondément de ce que j'ai fais. Je ne sais pas pourquoi j'ai fais ça sous le coup de la frustration peut être. Je comprends tout à fait ta réaction parce que je suis sûr que j'aurais fais pareil mais ...

Il baissa les yeux, il ne savait pas comment prononcer ces dernières syllabes, pourtant capitales. C'était comme si elles ne voulaient pas sortir de sa bouche, de simples mots ou le sens résonnait profondément. Le fait d'avouer ses sentiments et ses faiblesses lui coûtaient beaucoup car il avait l'habitude d'essayer de se montrer fort, pourtant là il devait baisser les armes et se dévoiler.

"... ça me fait mal de voir que tu me détestes autant. "

A ces mots, des oiseaux s'envolèrent des buissons adjacents avec fracas, le ciel se couvrait, il allait peut être pleuvoir. Comme le vieux proverbe le disait si bien après la pluie vient le beau temps, peut être qu'après tant d'années en froid la prospérité et le bonheur allaient revenir. Qui sait ?






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Chloé P. Olympia
Chloé P. Olympia
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★ Occupation : Tribut du D10 / Apprentie boulangère-pâtissière
★ Plat préféré : Muffin au chocolat
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MessageSujet: Re: Les ombres du passé   Les ombres du passé EmptyVen 2 Jan - 1:36

Les ombres du passé


Les bras croisés sur ma poitrine, je continuais à le regarder en essayant de ne pas montrer la tristesse qui peu à peu venait dévorer toute ma colère. Je n'avais pas envie de changer, ou plutôt j'en mourrais d'envie mais ne pouvait pas : pas après tout ce que j'avais dû traverser pour en arriver à ce jour précis, ce jour où enfin j'osais l'affronter. Du moins, c'est ce que je pensais avant de voir une chaude lueur s'allumer dans son regard, que je sente le réconfort que mes paroles venaient de lui apporter. A peine eus-je remarqué ce détail, qui pouvait sembler si insignifiant, je sus que la force de résister plus longtemps m'avait quittée... Son regard erra un moment, moi comme hypnotisée je ne le quittais pas. Il avait ce dos vouté, cette silhouette torturée qui me laissait à penser que mille et une questions se posaient à lui. Ses lèvres s'agitaient dans des paroles sourdes, il cherchait ses mots.

Autrefois, il avait toujours trouvé les bons. Dans les moments de joie comme dans ceux de peine, même si c'était dans ces derniers qu'il avait failli... Des paroles, rien que des paroles. Ce n'était pas grand chose, des mots. Jason avait toujours su se montrer si réconfortant, si...naturel. J'avais toujours été sûre au plus profond de moi qu'il était quelqu'un de bien car il trouvait toujours une manière de vous faire sourire, même dans les pires instants. Il avait cette espèce d'empathie si rare qui ne semble que s'accrocher aux âmes les plus malheureuses, car c'est ce qu'il était avec la tyrannie de son père et l'absence douloureuse de sa mère. Ses mots étaient des douceurs qu'il m'avait toujours offert dans de grands éclats de rire, ils avaient sonné juste tant de fois que je savais qu'il n'était pas le seul qui se pensait si bien décrypté par l'autre... Il n'avait fait qu'une erreur, une seule erreur ce jour-là. Il n'était pas parvenu à savoir quoi dire, puis il avait dit l'impardonnable avant de le faire.

Quand enfin sa voix sonna, mon cœur se serra. Entre l'envie d'écouter ce qu'il avait à dire et celle d'être sourde à ses explications, mon esprit vacillait sans cesse.

- Je ne sais pas par ou commencer à vrai dire, il y a tellement de choses que j'aimerai que tu saches. Voilà je me lance, je m'excuse profondément de ce que j'ai fais. Je ne sais pas pourquoi j'ai fais ça sous le coup de la frustration peut être. Je comprends tout à fait ta réaction parce que je suis sûr que j'aurais fais pareil mais ... l'entendis-je finalement prononcer.

Des excuses ? Etait-il sérieux ? Après toutes ces années, ce temps passé sans avoir l'occasion de dire quoi que ce soit à propos de ce qu'il s'était produit il me sortait le coup des excuses ? mes poings se serrèrent alors que la fureur avait à nouveau trouvé refuge en moi et me criait de me lever et de partir. Qu'il avait été quelqu'un, un jour, auquel j'avais tenu. Une personne droite, forte, honnête,... Un ami que j'avais apprécié, pour lequel j'aurais tout fait s'il ne me l'avait que demandé... Oui, j'en aurais fait beaucoup pour Jason. Cependant, plus ses paroles filaient entre ses lèvres et plus j'avais le sentiment que le Jason que je connaissais s'en était allé. Qu'il n'existait plus que dans mes souvenirs.

Finalement, lui donner une chance de s'expliquer m'avait fait comprendre une chose : je devais faire le deuil de notre amitié, je devais pleurer Jason, ce garçon juste qui savait comment me faire sourire, quand me poursuivre dans les bois juste pour me faire rire, quand me taquiner à propos de mon nez toujours dans les bouquins, quand me dire que j'étais étonnante quand il attrapait ses proies grâce à mes pistages. Tant d'autres souvenirs de jours heureux me venaient en mémoire, des larmes commençaient à monter dans mes yeux car, là devant moi, aucune de ses paroles ne ressemblaient à ce Jason si tendre et si vrai. Il avait disparu à jamais.

Je me redressai sur la souche puis me levai doucement, de peur de trébucher sur une racine. J'étais prête à partir, sans même écouter la fin de la phrase qui s'était suspendue dans les airs. Après tout, que pouvait-il bien pouvoir à dire d'autre... Comment avais-je pu croire qu'il était toujours celui-là que j'avais...

- ... ça me fait mal de voir que tu me détestes autant. lâcha-t-il alors sans plus de discours.

Mon pas se stoppa dans son élan et mon regard se leva vers lui. Le visage baissé, n'osant affronter le mien, il était si vulnérable. J'eus l'impression que l'air manquait autour de moi, que j'allais m'étouffer, prise de panique. En lui, je revoyais enfin celui avec lequel j'avais passé des heures dans ces bois, celui que j'avais sauvé de notre institutrice trop questionneuse...

Ses paroles m'avaient touchée en plein cœur. "Ca lui faisait mal"... Comment en étais-je arrivée là ?

C'est alors que je me rendis compte de toute la souffrance que nous nous étions cachés l'un à l'autre pendant toutes ces années, tous les non-dits sur lesquels avait reposé cette journée qui avait tout changé. D'ailleurs, peut-être qu'au fond, je le savais : je savais que je lui faisais du mal mais je croyais que c'était une justice après ce qu'il m'avait fait subir, la douleur physique comme la douleur d'avoir perdu quelqu'un que j'aimais. J'avais voulu qu'il ait mal, que lui aussi ressente ce que j'avais ressenti pendant tout ce temps. Seulement, jamais je ne m'étais rendue compte que c'était réel avant ses paroles. Maintenant je ne pouvais plus faire semblant de me dire qu'il s'en fichait de moi, que cette situation de ne le blessait pas même si ma colère espérait qu'il souffre. Maintenant, je savais qu'il était tout aussi perdu que moi je l'étais : qu'il avait partagé ma peine pendant tout ce temps.

Des oiseaux prirent leur envol d'un buisson juste à côté de nous, ils s'enfuyaient comme nous nous étions si souvent enfui face à nos responsabilités communes dans cette histoire. La culpabilité me dévorait, j'aurais aimé lui dire tellement de choses là maintenant tout de suite. Mais n'était-il pas déjà trop tard ?

- Je ne te déteste pas. dis-je d'une voix triste avant de reprendre, parcourue de saccades dues à des sanglots qui montaient et que j'essayais en vain de réfréner. Mais c'est trop dur... C'est trop dur de pardonner ce qu'il s'est passé... Je marquai une pause avant d'ajouter : Comment ferait-on pour revenir à cette époque où tout était si simple ? Elle n'est plus là, et nous on s'est perdu en chemin...

Les larmes avaient commencé à couler et je sus dans son regard qu'il était prêt à tout effacer... et moi ? Un éclair brisa le ciel de son éclat inquiétant avec un tonnerre qui me fit sursauter en manquant presque de perdre l'équilibre. Tandis que je me redressai, mes yeux croisèrent les siens. Il était trop tard, nous ne rattraperions jamais le temps que nous avions perdu... Et surtout, moi, étais-je prête à tout effacer ?

La pluie était venue se mêler à mes larmes, une pluie cinglante, rythmée et déchirante comme nos non-dits qui restaient un obstacle, comme les sentiments qu'on n'arrivait pas à s'avouer et qui nous terrifiaient tant...

- Jason, je suis tellement désolée... dis-je dans un sanglot en tournant talons et en commençant à courir aussi vite que je le pouvais.

J'éclatai en pleurs encore davantage à chacune de mes foulées, je n'entendais déjà plus ses paroles, son cri qui tentait de me retenir au loin. Il fallait que je parte, que je m'enfuis. C'était la seule solution pour ne pas souffrir. Courir sans relâche, à ne plus en pouvoir. Courir pour oublier tout le mal qu'on se faisait subir, pour oublier à quel point je l'avais fait souffrir. Non je ne le détestais pas : je l'aime ce sombre idiot, seulement j'étais trop bête pour l'avouer ou justement j'avais trop de cervelle pour laisser s'exprimer mon cœur. Alors en guise de pénitence, je courais seule sous la pluie, sans aucune destination ni possible retour. Je courrais avec ma jambe qui me lançait horriblement et dont les fines décharges électriques, vestiges des nerfs qui avaient été atteints, me tenaient plus éveillée que jamais auparavant. Cette douleur me faisait me sentir en vie, comme ses regards, comme il l'avait toujours fait... Pourquoi fallait-il que ça nous soit arrivé ?

Ma respiration était de plus en plus essoufflée, pourtant il fallait que je garde le rythme, que je m'échappe de cette vie. Malheureusement, on ne pouvait pas échapper si facilement à son destin...

J'aurais tellement aimé essayer d'oublier ce que je ressentais, essayer de changer cette haine contre ce que je ressentais réellement à son égard mais c'était trop dur. Pour cela, il aurait fallu que je lui pardonne, mais aussi généreuse qu'on eut toujours dit que j'étais, je ne m'en sentais pas le courage. Tant de choses seraient à remettre en question, ma vie tout entière devrait à nouveau trouver un équilibre : étais-je réellement prête à sacrifier cette étincelle d'harmonie que j'avais mis tant de temps à créer après l'accident ? Etais-je prête à risquer tout ce que m'avait coûté mon essai de me reconstruire ? La vérité c'est que j'aurais été capable de le faire si je ne me sentais pas si brisée, si perdue...

Il avait eu le droit à une deuxième chance et il l'avait laissé filer. Du moins c'était ce que je me répétai en courant sous la tempête pour m'éviter de me dire que c'était moi qui venait de laisser filer notre histoire... à jamais... Tout comme mes foulées m'éloignaient de lui...
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