[Flashback] - L'amitié nait des épreuves

ft. Amy E. Wetthrone

Il y a trois ans…

Tous le monde n’a pas la chance, dans un tel district, d’avoir la télévision. Et les Spencer en font partie. Comme beaucoup d’autres, ils se retrouvent entre membres du village pour regarder ensemble les interventions de la Présidente et les évènements liés aux Hunger Games. Habituellement, Kenza n’accorderait que peu d’importance à ce type de soirée. Regarder un tel jeu barbare ne l’intéressait pas, et la dégoutait même. Elle préférait de loin profiter du peu de temps de repos qu’elle pouvait saisir. Mais ce soir était différent, l’année entière en réalité était différente. Cette fois-là, sa sœur était un tribut. Zora avait été tirée au sort, malgré son jeune âge… La chance n’était pas du côté de la famille Spencer, c’était une certitude. Depuis ce jour, Kenza avait adopté un comportement de zombie. Elle ne souriait plus, ne parlait plus, mangeait à peine, la seule chose qu’elle attendait était ces soirs-là. Ces soirs où ils se retrouvaient à quelques uns autour de la télévision. Ce petit moment-là qui lui était donné de revoir une dernière fois le visage de sa petite sœur. Ce petit bout d’humain qui ne demandait qu’à grandir. Kenza savait que Zora n’avait que peu de chances de survie, qu’est-ce qu’une aussi jeune adolescente pouvait-elle faire face à d’autres tributs, véritables engins de combats, entraînés dans leurs districts à répandre mort et destruction ?

La jeune brune entra dans ce petit bar-café de quartier, qui disposait d’une télévision. Tous les soirs, les Hunger Games étaient diffusés. Accompagnée d’Aidan, et sa mère les suivait de près. Encore une soirée qui s’annonçait tendue. A tel point qu’elle n’avait même pas fait attention aux autres qui étaient déjà présents, ou mêmes ceux qui arrivèrent par la suite. Y comprit la douce Amy. Kenza préférait de loin s’enfermer dans sa petite bulle pour s’intéresser aux autres. Ses seules pensées allaient à Zora. Seulement Zora. S’asseyant à une table libre, elle laissa son petit frère rejoindre la place à côté de leur mère. Passant ses mains sur son visage pour se détendre et souffler un peu, elle porta son regard sur l’écran de télévision. Si se mordre la lèvre était efficace, alors ca n’était pas suffisant dans un tel cas. A force de stresser ainsi, et mordiller sur ce pauvre petit bout de chair rose, elle finirait par se faire saigner. Mais voilà, l’idée que sa sœur joue sa vie en direct ne lui convenait pas. Ca la minait intérieurement. Elle ne pouvait pas supporter cette pression.

Le visage de Zora apparue sur l’écran, et la caméra se centra sur elle. En le voyant ainsi, Kenza repensa à quelques souvenirs. Elle se perdit dans les images qui défilaient dans sa tête. Elle entendait la voix de sa sœur résonner dans sa tête, son petit rire. Sans s’en rendre compte, un léger sourire s’esquissa. Tout n’était pas perdu, et elle s’accrochait à ses souvenirs pour nourrir son espoir. Quatre tributs d’autres districts étaient déjà tombés dans l’Arène, et Zora avait survécu jusqu’ici. Toutes chances n’étaient pas perdues après tout… Se retournant vers sa mère et son petit frère, elle prit la main de sa mère et la serra, comme pour partager le réconfort. Aidan était jeune, mais il semblait comprendre sans problème ce qu’il se passait. Il restait silencieux et sage, ne bougeait pas et ne s’excitait pas ni ne s’impatientait. L’agitation dans le petit café grimpa et Kenza reporta instinctivement son regard sur l’écran de télévision. Zora était visiblement en mauvaise posture, et ne s’en sortait que par son agilité. Le cœur de la brune s’arrêta net, fixant l’écran comme s’il n’y avait plus que ça qui comptait. Le stress montait de plus en plus, elle ne supportait plus d’attendre l’issue. Visiblement, deux tributs d’un même district s’amusaient à harceler sa jeune sœur, qui était isolée. Elle était peut-être plus agile par sa petite taille, les deux autres semblaient déterminés à vouloir la hacher-menu… La barbarie dont ils faisaient preuve et le demi-sourire qu’ils avaient sur le visage semblaient montrer qu’ils prenaient beaucoup de plaisir à jouer avec leur « proie ». Ce genre de comportement révoltait Kenza. Dans sa tête, elle s’imaginait déjà leur infliger le triple, et les faire souffrir au sextuple pour ce qu’ils faisaient à sa famille. Son sang.

Elle se leva, figée, ne pouvant supporter le suspens encore plus longtemps. Il ne faut pas qu’elle meurt, il ne faut pas qu’elle meurt… Les gémissements d’Aidan indiquèrent qu’elle n’était pas la seule à ne plus pouvoir supporter ça. Elle le prit dans ses bras, toujours le regard rivé sur la télévision, ses yeux implorant le Destin de protéger Zora…

Amy ouvrit en grand la fenêtre et prit une grande bouffée d'air frais. Elle sentit un vent froid et plutôt dur frapper son visage. C'était la première fois depuis de longues semaines qu'elle mettait la tête dehors pour respirer l'air extérieur et admirer le ciel étoilé. Elle franchissait enfin une étape de plus dans la longue route qu'était sa guérison.

Elle ne considérait pas la Moisson comme telle, bien que ce fut la première fois qu'elle sortait et se mêlait à la foule, mais quel terrible instant ! Cela faisait en effet deux ou trois jours que, décidée à sortir du trou sombre dans lequel son traumatisme l'avait enfermée, elle était sortie de sa chambre. Mais le « devoir » l'avait obligée à s'habiller proprement et à taire sa révulsion et sa peur profonde. Cette dernière était malheureusement tellement bavarde qu'Amy avait employé son être entier pour la passer en sourdine.

La jeune femme avait donc attrapé la main de sa mère qui l'avait conduite à travers la ville jusqu'à la place de la Moisson. Son père, maire du village, avait dû partir très tôt pour aider aux préparations. Par aider il entendait bien sûr être une présence officielle posée dans un coin comme une statue. Sur tout le chemin, elle vit sans regarder ces échoppes qu'elle aimait, ces gens qu'elle connaissait, ce District qu'elle respectait. Elle errait comme un fantôme et si sa mère lui avait lâché la main, elle se serait sûrement tenu debout, aussi perdue au milieu des hommes qu'elle l'était au fin fond de son âme.

En vérité, Amy avait été comme une enfant que l'on emmenait à sa première Moisson. Peut-être était-ce le cas : elle assistait bien à son premier tirage au sort depuis cette nuit-là. Depuis que la vie lui avait retiré sa chance. Elle n'avait pas pensé à l'issue que pouvait avoir cette journée pour elle, non; mais quand elle se retrouva séparée de sa mère, quand celle ci lâcha sa main, elle s'était bien retrouvée seule debout, seule, avant de se diriger comme un zombie vers sa place. Un stress mêlé de peur fut ajouté à son combat intérieur qu'Amy soutint un temps qu'elle ne put mesurer.

En vérité, elle avait craqué au moment où les habitants du District Cinq s'en retournaient chez eux et que les Tributs avaient été emmenés dans le bâtiment officiel prévu à cet effet. Au moment où son père avait fini de lire d'une voix neutre le traité qu'avaient signé les Districts envers le Capitole. Sa voix avait sûrement dû quelque part la rassurer. Mais une fois éteinte, la peur vainquit, l'envahit et elle s'écroula toute seule en larmes.

Le pire avait dû être ces gens qui avaient tenté de se porter à son secours. Mais la pauvre Amy avait refusé qu'on la touche, hystérique dès que quelqu'un approchait sa main. Même sa mère avait eu à insister : quand elle s'était approché, sa fille ne lui permettait pas de la toucher. On la vit alors prendre sa fille dans ses bras, dans une étreinte qui parut d'abord contraignante avant de devenir réconfortante. Amy reconnut son odeur et s'effondra sanglotant dans ses bras. Honteuse.

A cela même Amy pensa. Elle s'en était remis et comprit qu'elle n'avait pas supporté qu'on la contraigne. Elle était fragile - trop fragile pensait-elle. Et maintenant qu'elle laissait la fraîcheur de la nuit récemment tombée caresser sa joue, elle se sentait mieux.

La maison de sa famille était située à côté de la mairie et la chambre d'Amy était à l'étage. Elle put voir les gens se rassembler dans un café pour regarder les Hunger Games. Elle ne regardait pas les Jeux, incapable de supporter plus de malheurs, mais ceux-là revêtaient une forme particulière. Elle connaissait le Tribut masculin de son District engagé tout comme le féminin qui était la sœur d'un de ses camarades de classe, Kenza Spencer. Elles ne s'étaient jamais parlé, car Amy était plutôt discrète et bonne élève et Kenza était fougueuse et était partie tôt de l'école. Elle devait sûrement se trouver dans la foule qui s'étendait sur la place, au premier rang même car membre de la famille d'un tribut.

Le stress monta soudain et gagna Amy. Cela devait tourner en eau de vinaigre pour le District Cinq. La jeune femme allait fermer la fenêtre pour se servir un verre d'eau à l'étage inférieur, dans la cuisine, qu'elle vit la foule commencer à bouger. Quelque chose avait dû se produire...

Edit ! (si jamais tu a lu) : Amy est fille du maire, chose que j'ai zappée et je tente de rattraper les billes. Aussi ai-je fait quelques changements dans le RP, rien d'incidents, et je les ai soulignés. (cela peut peut-être t'aider).
Bon courage et désolée (au fait : dans ta signature, c'est quoi la 2ème chanson ? Je suis sûre de la connaître mais je ne mets pas l'oreille dessus ^^')

fiche par holliday, sur bazzart ou artsoul.